Un grand merci à M. Jean Claude Robidas pour ces remarquables photos.

En ce jour très frais de janvier, c’est la sympathique salle des Abattoirs de Cognac qui accueille un des phénomènes internet actuels, Steve’n Seagull. Un sympathique groupe de Texan... euh non, Finlandais qui font du rock... enfin non, des reprises de standard du rock et du metal en version redneck, me voici littéralement "Aux Portes du Metal"…

Mais les bougres ne sont pas venus seuls puisqu’ils nous proposent comme première partie découverte, Kepa, un grand malade qui officie dans le one-man-band de blues un peu cinglé. Derrière ce pseudo se cache un petit basque qui répond au nom de Bastien Duverdier, ancien champion de skate tricolore qui ridait sur les rampes du monde entier jusqu’à une méchante blessure qui stoppa net sa carrière sportive. Le bonhomme décide alors de se tourner vers la musique et en particulier vers le bluegrass, la country et principalement le blues. Il vient de sortir son premier album, Doctor Do Something, qui avec ce concert donne sens au nom de cet album…

 

La mise en scène est très dépouillée, une simple douche derrière le chanteur, un pied de micro et une grosse lampe à gros filament posée sur une table avec un verre de vin, l'ambiance est posée. Mais lorsque vous observez ce que ce brave Kepa porte sur son dos, c’est une autre histoire. Il porte, en même temps, une magnifique guitare à résonateur en fer digne des plus grands bluesmen, un porte harmonica et, oh magie, un harmonica, et une percussion qu’il actionne avec son pied. Je suis désolé de prendre cette comparaison car j’imagine qu’il l’a entendu des dizaines de fois mais c’est un véritable Rémy "Blues" Bricka.

 

Mais ce qui est terriblement sympa avec Kepa, c’est qu’il transpire la bonne humeur et est très habile dans sa communication avec le public. Il nous propose un titre qui représente un mix entre Sonny Boy Wlliamson le « King Of Harmonica » et David Guetta, pour une rencontre, ma foi, assez particulière. Nous avons aussi droit à Carlita, un titre d’une minute trente qui représente le temps passé avec cette demoiselle de petite vertue et qui lui a couté 70€… La complicité qui s’installe avec le public est évidente, et c’est ainsi que chacune de ses levées de coude est soulignée par ce dernier… Bref des échanges qui sont à l’image de l’homme simple, naturel et sympa.

Mais les stars phénomènes de la soirée c’est le farmer band de Steve'n Seagull. Premier signe de leur popularité, la salle est bondée et le public très hétéroclite. Des Metalleux arborant fièrement leur plus beau T-shirt, de très jeunes gens accros à leur téléphone et des moins jeunes, comme moi, qui viennent passer leur soirée au concert. C’est un signe que le groupe ratisse large et représente un véritable phénomène.

 

Je vais également évacuer tout de suite l’idée d’une quelconque objectivité dans ce live report puisque la musique de Steve'n Seagull fonctionne parfaitement bien sur moi, et autant vous dire les choses d’entrée de jeu, j’ai adoré ce concert pour plein de raisons que je vais essayer de vous transmettre.

Le groupe ouvre avec Black Dog, de j’espère qui vous savez, et c’est parti pour une soirée karaoké à la sauce banjo. Voici une des premières raisons pour laquelle je les trouve intéressants : limiter ce groupe à un simple cover band issu de Youtube serait une grave erreur. Les cinq bougres sont clairement des musiciens accomplis et proposent un panel d’instruments assez incroyable. Evidemment, les guitares et la batterie sont les bases, mais au-delà on trouve du banjo, de la contrebasse qui peut être jouée en pizzicato, slap ou avec un archer, et également un luth, un piano, un accordéon... pour vous dire que le panel est large et que chaque musicien manie son instrument de main de maître.

 

Second argument, je trouve que ces hommes ont du goût musicalement parlant. Le spectre est très large, la setlist (cf photo de la playlist du groupe ci-dessous) en témoigne. Et pour ma part entendre du Pantera, Gun’s n Roses, AC/DC, Kiss, Trust (…) dans la même soirée, ça me fait totalement kiffer.

 

Troisième chose c’est l’attitude de ce groupe. Il est évident qu’ils vivent un rêve éveillé, passent leur temps à rigoler entre eux, à « échanger » leurs instruments… Il se dégage une forme de plaisir total à se retrouver sur scène pour profiter de ce qu’il leur arrive.  Ils sont également très bons dans leur communication avec le public, nous avons droit à leur délire du moment qui est de répéter « Cognac » comme une forme de ponctuation. Et le plus important, c’est que cette bonne humeur, ils savent la transmettre.

Seul bémol à l’exercice, il faut tout de même avoir une sacrée culture musicale pour retrouver l’ensemble des groupes qui ont été représentés ce soir. Moi qui suis tout de même assez connaisseur du spectre musical présenté, je me suis époumoné toute la soirée à reprendre avec eux les chansons proposées, mais ce n’était pas le cas de l’ensemble du public. Il y a tout de même un effet hype, viral pour reprendre un terme du net, et le titre le plus acclamé fut la reprise de Thunderstruck d’AC/DC, qui cumule le plus de vues sur Youtube, assez significatif.

 

Mais au-delà de ce bémol, la soirée fut, malgré le froid de canard, très chaleureuse. On pourrait bien évidemment discuter de la légitimité de ce genre de groupes, mais sincèrement avec leur attitude sur scène, leur joie de vivre communicative et leur motivation, comment ne pas se laisser emmener ?