Groupe:

Summer Breeze 2019 (Jour 1 & 2)

Date:

14 Août 2019

Lieu:

Dinkelsbuhl (Bavière)

Chroniqueur:

ced12

Pour la quatrième année consécutive aux alentours du 15 août, nous nous rendons mon pote et moi au Summer Breeze Festival qui se déroule à Dinkelsbuhl, très belle bourgade basée sur la Romantische Strasse en Bavière, environ à mi-chemin entre Stuttgart et Munich. Ce festival réunissant quarante-cinq mille personnes sur quatre journées existe depuis vingt-deux années maintenant et présente un format de festival de taille "moyenne". Nous sommes loin des Hellfest et autre Wacken mais avec une jauge de dix, douze mille personnes par jour, on ne peut parler de "petit" festival.

Jour 1 (Mercredi 14/08/2019)

Particularité sympathique de ce festival, si celui-ci se déroulait sur trois journées, une quatrième journée de "chauffe' fut créée il y a quelques années de cela avec un site ne tournant qu'à cinquante pour cent de sa capacité. Idée ingénieuse qui permet d'accueillir les festivaliers tranquillement et surtout à ceux-ci de s'attaquer au stand de merch' offrant ainsi la vue de quelques belles files d'attente dès le premier jour. Présentons d'abord rapidement le site : tout en longueur, les scènes sont toutes positionnées sur le côté gauche (par rapport à l'entrée publique du site) avec tout d'abord la T-Stage (nommée ainsi en hommage à  Michael "Mr T" Trengert, co-créateur de ce Fest décédé en 2013 et ex-manager de Amon Amarth, Powerwolf et autre Cannibal Corpse). Cette scène est située devant une forêt (éclairée la nuit pour un rendu "dark" très approprié la nuit tombée) et y jouent ici les groupes les plus "extrêmes" et "moins cotés". Visuellement, l'ambiance y est très réussie et on y voit toujours très bien, la légère pente du site aidant. Réaménagée en 2017, cette scène est une réussite totale tant en terme d'ambiance, de son et de place allouée au public. La T-Stage alterne avec la Wera Tool Rebel Stage, seule scène couverte du site et dédiée aux groupes découvertes. En passant, cette scène est sponsorisée par une marque de bricolage et sincèrement, je ne comprends pas la démarche marketing de l'entreprise. Si quelqu'un a une explication (autre que le Directeur Marketing est un fan de Metal), je suis preneur.

Sur la deuxième partie du site, la Main Stage est originale car un plateau tournant permet de préparer le groupe suivant pendant qu'un groupe joue. Ainsi, ça joue en permanence sur une seule scène (avec bien sûr des roulements entre groupes de cinq à dix minutes) et cela ne gêne en rien les prestations des groupes. Ces deux blocs de scène (T-Stage - Wera Tool et la Main Stage) sont séparés de cinq cents mètres environ par un Metal Market de taille très convenable disposé sur trois allées. Tout autour du site on trouve du très classique : des stands de restauration (classique et pas très fin), des tentes de bière (4€ les 40 cl), un BierGarten d'où on peut profiter des concerts des T-Stage et Wera Tool. 

Le site présenté, place à ce qui nous intéresse à savoir la musique et les concerts. Historiquement, ce jour de "chauffe" est dédiée aux groupes du label Nuclear Blast. il faut préciser que le siège de ce label est situé à une petite centaine de kilomètres de là ce qui explique la forte présence de ce label sur ce festival. Pour les concerts, ça commence fort avec Death Angel. Valeur sûre du thrash, les Californiens déroulent un show impeccable. L'excellente The Moth est entre autres interprétée de même qu'un titre du dernier album Humanicide. Voilà qui constitue une très bonne entrée en matière.

Vient ensuite Ingested, groupe anglais de Brutal Slam Death. A priori pas mon genre de prédilection mais je dois vite ravaler mes a priori. Le son est excellent, le soleil de fin de journée est un régal et l'ambiance dans le pit est très sympa. Vraiment pas mal du tout.

Plus compliquée est la prestation de Soilwork. Au Summer Breeze, le son est souvent très bon pour parfois aller jusqu'à excellent. Malheureusement, le son des Suédois est très brouillon et gâche à mes yeux la performance du groupe. Dommage et plus problématique, ce n'est pas la première fois que je suis déçu des prestations live du groupe et notamment de ce mix qui ne me permet pas d'y comprendre toutes les subtilités d'une formation pourtant réputée. C'est peut-être moi après tout. 

La nuit tombée, voilà la vraie "tête d'affiche" du soir, Hypocrisy. La scène est joliment décorée, et le groupe investit les lieux pour une performance de haut vol. Son impérial, set-list bien faite, interprétation au poil, concert rythmé, Hypocrisy, que je connaissais mal, me ravit au plus haut point avec une mention spéciale pour Erased, morceau purement et simplement génial. Le groupe de Peter Tagtgren s'offre d'ailleurs un gros carton et administre la première baffe de ce cette édition 2019 partie sur de très bonnes bases. Un peu de repos, c'est qu'il reste trois journées. Et dire que les Suédois seront de la fête avec Amon Amarth et Arch Enemy en novembre 2019 au Zénith de Paris, ça va faire très mal. 

  

Jour 2 (Jeudi 15/08/2019)

Première vraie journée en configuration complète, nous voilà débarquant frais et motivés. Rapide aparté, il faut savoir qu'en bon festival allemand, la météo est un vrai paramètre à intégrer. Le Wacken est réputé pour ses pluies et sa boue et au Summer Breeze il n'y a pas eu en quatre éditions une année sans se prendre une petite pluie (voire carrément un bel orage comme en 2017). Cette année, après des premières prévisions compliquées, nous serons finalement pas mal vernis même s'il y aura bien une saucée ; mais ça, j'y reviendrai. Ceci dit, en soirée, on navigue sous les 10° donc tenue à adapter. Eh oui l'Allemagne en août, cela a ses contraintes. 

Mais c'est une belle journée qui commence et c'est Mustasch qui investit la scène lors de notre arrivée. C'est très bête mais je croyais ce groupe américain. Les Suédois sont en forme et délivrent un bon heavy, efficace, bien calibré et le chanteur tient bien son auditoire. Le batteur me semble avoir bien profité des loges mais tient bien sa place malgré quelques cymbales qui volent ; heureusement, son technicien gère bien. Un bon show mais que j'attendais un peu plus énergique.  

Même pays d'origine, le show d'Avatar est le premier pour moi devant la Main Stage, toujours aussi imposante avec ses deux écrans géants et sa déco franchement réussie. Plus théâtral mais moins à mon goût pour être honnête. Si l'univers visuel du groupe fonctionne bien, de même que le speech très "Joker" avec la respiration saccadée, musicalement, je peine un peu à rentrer dans le show. Dommage car on sent que le groupe fait l'effort de proposer un spectacle de qualité mais voilà, parfois ça ne prend pas. Ceci dit, l'ambiance dans la fosse est dynamique et le show des Suédois récolte un réel succès.

Retour à la T-Stage pour le concert des Polonais de Decapitated. On les sait sortis d'une très grosse galère aux USA et le groupe ne se victimise pas, remerciant le public pour son soutien tant dans les bons moments que dans les galères. Les Polonais délivrent un show solide, percutant et hyper en place. Ca manque peut-être un peu de variété mais les revoir sur scène fait plaisir et rien à dire, c'est très solide. 

Vient maintenant la double baffe hardcore proposée par les organisateurs. Le hardcore a désormais une place réservée dans beaucoup de Fest Metal et c'est heureux. L'ambiance y est toujours au top et les groupes particulièrement énergiques. Les Américains de Lionheart débarquent sur la T-Stage acclamé par un public scandant des LH HC ce qui permet au chanteur de lâcher d'entrée un très à propos "voilà pourquoi nous n'avons pas besoin d'intro". Assez vite, ça remue sévère dans le pit. Lionheart est une valeur sûre du Hardcore et affiche un côté West Coast assumé, y compris en proposant un intermède presque hip-hop. Le public s'y retrouve, ça s'amuse, ça se défoule et tout le monde passe un bien bon moment. Le chanteur glissera discrètement qu'il s'agit d'un festival Metal rappelant au passage qu'aux yeux des fans de Hardcore, il y a une différence entre les deux univers ce que je trouve amusant vu la place prise par le Hardcore dans le monde du Metal. 

La vraie baffe arrive ensuite sur la scène "découverte" avec les Canadiens particulièrement énervés de Get The Shot. Et là, c'est un sacré foutoir que le groupe génère. Le chanteur, ultra présent physiquement, passe une bonne moitié du show sur les barrières et va même jusqu'à crowd-surfer. Teinté de thrash (ça a dû écouter Slayer chez Get The Shot), le hardcore du combo est un excellent équilibre entre riffs thrashisants et hardcore classique pour un rendu dévastateur. Quelques breaks redoutables écrasent tout sur leur passage dont celui final de Hellbringer, morceau juste démentiel. Présenté par les organisateurs comme un"joyau" du harcore, Get The Shot justifie pleinement le compliment, regonfle les troupes à bloc et en trente minutes laisse une impression phénoménale. Dévastateur.

Pas tout à fait remis d'une telle déferlante, me revoilà sur la Main Stage où les vétérans de Testament déroulent un concert impeccable. Set-list bien connue qui n'évolue que peu mais pour le moins efficace. Les Into The Pit, Practice What You Preach ou autre Disciples Of The Watch passent toujours aussi bien. Du très très bon, interprété impeccablement avec une section rythmique redoutable. Pas à dire, ce groupe vieillit très bien et me semble connaître une belle période et un succès mérité. 

Les tempos ralentissent quelque peu avec déjà la première tête d'affiche de cette édition à savoir les Suédois (décidément !) d'In Flames. Groupe pas évident à appréhender car culte pour ses premiers efforts et plutôt décrié pour son évolution musicale récente. A titre personnel, je connais très peu étant passé "à côté" de la vague death mélodique de Göteborg (mais je compte bien me rattraper) alors je prends le show tel qu'il est. Scène sobre avec un simple back-drop, je dois avouer n'adhérer que modestement musicalement. Ce n'est pas que je trouve cela mauvais, c'est plutôt bien interprété, mais je n'y trouve rien de transcendant. Petite déception au vu du très beau créneau proposé aux Suédois. Cependant, je compte bien approfondir les premiers disques de la formation tant je n'en entends que du bien.

Je connais mieux Avantasia, autre tête d'affiche du jour et là on est sur du classique dans la lignée du concert donné en Avril sur Paris. Tobias Sammet est toujours aussi bavard. Le défilé de chanteurs et chanteuses a toujours bien lieu mais sur un format plus court (une heure cinquante minutes contre les presque trois heures délivrées en salle). Les musiciens balaient la discographie du groupe avec le talent qu'on leur connaiît et le show fonctionne plutôt bien. A noter que Geoff Tate est présent sur cette tournée et assure comme tous un show de qualité, positif et enthousiasmant.

Il fait bien nuit lorsque sur la T-Stage, Glen Benton prend possession des lieux avec le groupe culte Deicide. Speech minimaliste, enchaînement de titre effréné, son impeccable (bien mixé, le death c'est autre chose), musiciens en place, voilà un show qui écrase tout dans une ambiance bien démoniaque avec un Glen Benton inquiétant à souhait. Il y a un an, sur la même scène et le même créneau, Cannibal Corpse avait tapé fort également. Décidément, les vétérans du death estampillés Floride se portent bien.

La journée a été usante mais un dernier effort avant un repos bien mérité avec le show de Meshuggah. La Suède est toujours à l'honneur et là encore, ça tape très très fort. Dans la nuit de Dinkelsbuhl, l'univers très froid du groupe rend à merveille avec des musiciens plongés dans une atmosphère très obscure. Visuellement,c'est impressionnant et musicalement, c'est à l'unisson. C'est en place, agressif, puissant, solide et le concert très attendu des Suédois est une totale réussite. On se demande toujours comment les musiciens s'en sortent vu la complexité de la musique proposée mais ça le fait et même très bien. Un sacré groupe que Meshuggah et une superbe fin de journée avec un show qui aura marqué les esprits.

J'en aurais bien repris encore un peu avec l'excellent post-rock des très inspirés Caspian mais leur créneau est tardif (ou matinal, c'est selon), la journée du vendredi est annoncée épique et nous n'en sommes qu'à la moitié d'un Fest. 

 

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