Groupe:

Leprous + Klone + Maraton

Date:

10 Février 2020

Lieu:

Seyssinet

Chroniqueur:

Didier

Une fois de plus mon job me permettait de croiser la tournée de Leprous à Grenoble. C’est rigolo car déjà en 2017 j’avais pu faire la même opération. Mais cette fois-ci la motivation est encore plus grande car la première partie de la tournée de Leprous est assurée par mes chouchous de Klone. Ils les suivent sur toutes les dates européennes, c’est une belle étape de franchie pour eux avec dix-neuf dates dans douze pays : la grande classe qui prouve aussi que le groupe a bien fait de rejoindre le label KScope. Un troisième groupe s’est joint à la fête ce soir, un autre groupe norvégien, Maraton, que je ne connais pas mais dont le peu que j’ai eu le temps d’écouter m’a semblé fort intéressant. La salle Ilyade est à Seyssinet dans la banlieue proche de Grenoble. Elle est assez bien garnie (250 ?) quand nous arrivons. Hélas, une fois de plus l’horaire indiqué n’est pas le bon, c’était déjà le cas la dernière fois et, du coup, je rate le début de Maraton.

Maraton

Je tente de me frayer un chemin pour prendre quelques photos. Pas facile. Je me cale avec un groupe de fans venus de Marseille, juste derrière l’un d’eux au premier rang dans un fauteuil roulant. Merci à eux. Le chanteur est déjà en nage, il faut dire qu’il se démène sur scène, ses compères sont plus calmes. Le chanteur c’est Fredrik Klemp. A ses côtés, on trouve Simen Ruud à la guitare, Magnus Johansen aux claviers et derrière, Frank Røe à la batterie. C’est Ruben Aksnes qui est à la basse pour cette tournée. Le chant de Fredrik est assez proche du style d’Einar, le chanteur de Leprous, au risque de remuer le couteau dans la plaie je dirais que Maraton est proche du son originel de Leprous.

Maraton Grenoble 2020 Maraton Grenoble 2020

En tout cas c’est clair que ça plait aux fans de Leprous qui sont venus tôt. J’ai écouté vite fait leur unique album, Meta, et j’ai bien fait car il évidemment à l’honneur ce soir. La seule exception dans la setlist est Almost Human qui est sorti seulement sous forme de single, après Meta, mais fait partie du même concept. J’ai trouvé particulièrement impressionnant le chant de Fredrik sur Seismic (les envolées aiguës sont totalement maitrisées). Parmi les morceaux joués, deux m’ont interpellé. D’abord Mosaic et sa super rythmique à contre temps et la voix cristalline de Fredrik et puis, surtout, Altered State, une composition particulièrement réussie.

Maraton Grenoble 2020 Maraton Grenoble 2020

Le rythme est soutenu, les riffs incisifs, la batterie impressionnante, le refrain magnifique et accrocheur. Il me semble que c’est sur ce morceau que Fredrik décide de descendre chanter dans la foule, juste à côté de moi, puis il se chauffe, bouge, saute et finit par se rouler par terre. Furieux le type. Il termine en nage sous les acclamations de la foule. Belle découverte, en ce qui me concerne. 

Maraton Grenoble 2020  Maraton Grenoble 2020 Maraton Grenoble 2020

Setlist Maraton :

01. Prime
02. Almost Human
03. Seismic
04. Change of Skin
05. Mosaic
06. Altered State
07. Spectral Friends

 

Klone

J'avais déjà vu Klone pour leur tournée Le Grand Voyage lors de leur passage à Cannes, donc difficile de trouver encore des choses à dire tant le groupe est bien en place. J’essaye quand même. D’abord le groupe à fait appel à Enzo Alfano pour assurer la basse, à Cannes on avait eu Julian Gretz.

Klone Grenoble 2020 Klone Grenoble 2020 Klone Grenoble 2020

Lui et Martin Weill assure une section rythmique de grande classe. Après une intro sur son d’orage, avec en backdrop le paysage du dernier album Le Grand Voyage en version animée, Yann Ligner vient se placer au centre de la scène pour attaquer les splendides vocaux de Yonder.

Klone Grenoble 2020 Klone Grenoble 2020

Aldrick Guadagnino et Guillaume Bernard aux guitares encadrent tout ce petit monde. Aldrick bouge pas mal, secoue ses cheveux longs sur les break énervés. Guillaume de l’autre côté est plus concentré (il a aussi moins de cheveux à bouger :-)). 

Klone Grenoble 2020 Klone Grenoble 2020

Enzo semble bien intégré au groupe, secoue ses cheveux, il se trompe sur le début de Nebulous - échange de sourires - personne (ou presque) n’a rien entendu. La setlist est parfaite, elle met bien en valeur le dernier opus, le groupe parfaitement rodé, les alternances de break pêchus et de moments calmes font leurs effets, les contrastes sont totalement maitrisés, c’est vraiment une des signatures du groupe. Klone, la puissance et la beauté réunies, à voir absolument.

 Klone Grenoble 2020

Klone Grenoble 2020

Setlist Klone :

01. Yonder 
02. Rocket smoke 
03. Breach 
04. Sealed 
05. Grim Dance 
06. Immersion 
07. Nebulous 
08. Silvergate 

 

Leprous

Leprous s’installe sur scène dans une semi pénombre. On retrouve le full lineup live, avec les deux guitaristes, Tor Suhrke, Robin Ognedal, le bassiste Simen Børven, l’incroyable Baard Kolstad à la batterie, Einar Solberg au chant et aux claviers, et Raphael Weinroth-Browne au violoncelle. Je me place sous Robin sur le côté droit de la scène, mais il n’y a pas de pit et il est bien compliqué de bouger sans déranger tout le monde. Je ne suis pas loin du clavier d’Einar. Le concert commence avec Robin, guitare dans le dos, jouant sur le clavier d’Einar. Ils attaquent par un morceau, Below, extrait du dernier album assez controversé du fait de son calme, son ambiance lourde et sa soit-disant pop attitude. C’est vrai que le morceau commence le concert calmement, avec la voix d’Einar, qui reste à mon avis la signature unique du groupe. Le morceau explose enfin, ça donne le frisson, le violoncelle est bien en place. Il sera un appuie de choix pendant quasiment tout le concert, et aura même un moment de gloire pour un petit break juste avant les deux morceaux du final. Baard insuffle un groove de dingue, il ne tarde pas a tomber le t-shirt, il faut dire qu’il fait très chaud dans cette salle.

Leprous Grenoble 2020 Leprous Grenoble 2020

Après cette entrée en matière qui aura, je pense, cloué le bec à tout le monde, ils enfoncent le clou Pitfalls avec I Lose Hope et son intro exceptionnelle. lL chant est hypnotisant, la section rythmique ronronne. Au total : sept morceaux sur les neuf de Pitfalls seront joués ce soir. Pour le reste, ça sera deux de chacun des albums The Congregation, Malina et Coal. C’est d'ailleurs ce dernier qui est représenté ensuite avec Foe... la foule réagit. Enfin "réagit", je dis ça mais ça reste un concert de prog avec une foule plutôt dodelinante et admirative de la prestation du groupe. Le pote que j’avais amené m’a dit avoir été surpris à la fois par le look propret des musiciens sur scène (chemises noires boutonnées, cheveux courts) et le calme de la foule de fans visiblement happés par le spectacle son et lumières sur scène. Je connais moins l’album Coal et ce morceau qui possède pas mal de vocalises. Par contre, pour The Flood je suis aux anges et le reste de la foule aussi. Car The Congregation est, avec Malina, mon album préféré du groupe. Ah ben tiens justement, nouvelle explosion de joie quand la foule identifie les premieres notes de clavier de From The Flames. C’est bon et il y a du poil dressé. Ça fait clairement l’unanimité. A force de tenter une toujours meilleure photo, j’ai fini par épuiser ma batterie, c’est finalement une bonne chose, je peux enfin vraiment profiter du concert.

Leprous Grenoble 2020 Leprous Grenoble 2020

Avant de replonger sur le dernier album, Einar demande à la foule quels sont ceux qui ont décrié l'album sur Facebook. Bien sûr, y a pas foule, alors il insiste et quelqu’un au premier rang lève la main, il est salué par Einar pour son courage et il ajoute qu'il espère le faire changer d’avis avec les interprétations live. Il explique ensuite que pour cet album les musiciens ont dû aussi apprendre à jouer d’autres instruments. Et en effet, derrière lui, c’est la chaise musicale : Simen et Raphael passent aux claviers, Tor empoigne une guitare acoustique. Einar lui, captive son audience avec des parties vocales à couper le souffle (Alleviate).

Leprous Grenoble 2020 Leprous Grenoble 2020

Mon voisin profite d’un moment de calme pour agiter une peau de caisse claire signée par Baard, celui-ci le voit immédiatement et lui fait un signe de victoire, il a l’air vraiment sympa ce Baard. C’est aussi à ce moment qu’une follasse à cheveux longs rouges vient s’incruster devant moi et le jeune voisin. C’est pas vraiment grave vu sa taille mais par contre c’est ennuyeux quand elle décide de se lancer dans du headbanging, le pauvre jeune et moi-même en prenons plein la gueule, on échange un regard entendu. Au secours !

Leprous Grenoble 2020

Nouvelle explosion de joie dans la salle pour les premiers accords d'Illuminate, Einar semble habité quand il chante ses parties vocales, derrière lui, ça alterne le calme avant la tempête et les riffs secs. 

Leprous Grenoble 2020

Robin empoigne une superbe huit cordes à la place de sa Telecaster, il me semble que c'est sur The Price. C’est lui qui vient aussi appuyer avec des percussions de tom basse, la batterie pourtant déjà pieuvresque de Baard. Il n’a pas de bol, car sur le seul solo du concert, il casse une corde (sur un des breaks de The Sky Is Red), il s’en sort quand même super bien, termine son solo, comme si de rien et avise son guitare tech pour un échange standard en plein morceau et en moins de dix secondes. Sacré professionnel. Le groupe choisi de jouer Golden Prayers, un morceau disponible uniquement sur la version deluxe de Pitfalls, ça le fait bien, par contre ça le fait moins pour moi sur un autre morceau de Pitfalls que je trouve trop intimiste pour du live, je veux parler des plus de sept minutes de Distant Bells. Einar opère presque a cappella, seulement soutenu par le violoncelle de Raphael, c’est beau mais il y a quelques longueurs à mon goût.

Leprous Grenoble 2020 Leprous Grenoble 2020

Après le petit solo/break de violoncelle interprété par Raphael et salué par la foule, le groupe revient pour un final grandiose avec The Price (un autre extrait fabuleux de The Congregation) qui retourne la foule une dernière fois et The Sky Is Red (dernier morceau sur Pitfalls), onze minutes au compteur dont les trois minutes finales sont juste hallucinantes avec ce petit gimmick au clavier, dissonant (on dirait une baleine agonisante), et la puissance des autres musiciens qui en rajoutent à chaque fois une couche, sous les superbes jeux de lumières. Je reste ébaubi par une telle perfection, presque KO pendant quelques minutes. Le groupe termine et salue la foule les mains en position du lotus, derrière eux le backdrop de Pitfalls illumine la scène, on est en plein trip zen. Va falloir redescendre.

Setlist Leprous : 

01. Below
02. I Lose Hope
03. Foe
04. The Flood
05. From The Flame
06. Observe the Train
07. Alleviate
08. Illuminate
09. Golden Prayers
10. The Cloak
11. Distant Bells
12. Break Violoncelle
13. The Price
14. The Sky is Red

 

Une bien belle soirée. C’est quand même difficile d’être tout seul pour couvrir un concert et assurer photo et report. Je trouve très difficile d’apprécier un concert quand on a toujours un œil dans le viseur. Je ne suis pas non plus à l’aise pour me déplacer et faire chier les gens, jouer des coudes pour aller me replacer et assurer différents angles pour les photos. C’était plus facile pour Maraton et Klone, pour lesquels la foule était moins dense. Cela explique les photos de Leprous nettement moins réussies. Je m’étais chauffé pour prendre un vinyle et le faire signer par Klone mais, à part Maraton avec qui j’ai un peu discuté, les autres musiciens n’ont pas montré le bout de leurs nez. Dommage, mais ça ne gâche en rien cette soirée.

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