Groupe:

The Night Flight Orchestra + One Desire

Date:

08 Mars 2020

Lieu:

Paris

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

On ne pourra pas dire que la signature du combo suédois The Night Flight Orchestra chez Nuclear Blast n'aura rien changé à sa carrière. Il y a quelques années, quand il n'était que sur un petit label italien indépendant, on ne parlait que très peu de ce groupe qui n'avait d'ailleurs pas l'opportunité de réellement partir en tournée... Mais depuis la sortie d'Amber Galactic (en 2017), son troisième opus (et premier chez Nuclear Blast), c'est déjà la troisième fois qu'il vient nous rendre visite. Cette fois, le nouvel album vient à peine de sortir que le groupe est déjà sur la route. On n'a pas encore vraiment eu le temps de le digérer et de si bien le connaître mais peu importe, leur classic rock progressif lorgnant de plus en plus vers la pop des 80s est tellement accessible et immédiat que l'on se doute bien que ça passera sur scène sans le moindre souci. Sur cette tournée, les Suédois sont accompagnés d'une jeune formation finlandaise nommée One Desire, assez raccord d'un point de vue stylistique puisqu'elle officie dans un Hard FM (ou AOR si vous préférez) bien sucré, genre qui n'évolue pas franchement depuis sa création et sonne donc comme si on était toujours dans les années 80. Ce 8 mars 2020, ceux qui se sont rendus à la Machine du Moulin Rouge ont bien fait... et pour plusieurs raisons. D'abord, parce que NFO en live, c'est la fête et qu'il est quasi garanti que le moment passé sera plus qu'agréable... et ensuite, parce que la période qui allait suivre cette date serait nettement moins chargée en concerts, coronavirus oblige... il fallait donc en profiter !

La soirée commence donc avec One Desire... que je ne connais pas. Le hard très mélodique de ces Nordiques est tout à fait accessible et globalement sympathique même si pas franchement renversant. Les membres du groupe sont souriants, visiblement très contents d'être là, ça fait plaisir à voir... D'autant plus que l'accueil réservé par le public est plutôt chaleureux. Pas délirant non plus, n'exagérons pas, mais tout à fait honnête. La fosse, ainsi que le reste de la salle, n'est pas encore remplie mais il y a déjà pas mal de monde et l'assistance, bien qu'un peu discrète dans un premier temps, joue le jeu en tapant dans les mains et en encourageant le groupe avec des applaudissements bien fournis entre les titres. Que donnent les compos ? Eh bien, ça dépend. La musique me fait régulièrement penser au groupe Eclipse mais en moins énergique et efficace. C'est encore un peu vert au niveau du chant parfois aussi... Et, petit détail qui n'aide pas, le son n'est pas parfait... On voit souvent le chanteur guitariste s'exciter sur son instrument mais on n'entend pas une note. Dommage. Heureusement qu'il y a un autre guitariste dans le groupe. 


Les premiers morceaux s'écoutent bien mais au fur et mesure que l'on progresse dans le set, je sens qu'une certaine indifférence gagne du terrain (chez moi). Les titres ne sont pas assez percutants, les mélodies passent bien mais ça reste un peu trop lisse, plat. Une ballade sur un temps de jeu assez court, en plein milieu du set, ce n'était peut-être pas l'idée du siècle non plus... La fin du concert va changer un peu la donne avec After You're Gone, le single du prochain album, puis Hurt, un titre assez entraînant. Mais c'est surtout la toute dernière chanson qui me réveille ; elle s'appelle Buried Alive, est nettement plus hard rock, limite metal, rapide... C'est largement la meilleure compo proposée ce soir et je me dis que si One Desire en avait eu quelques autres comme celle-ci, j'aurais sans doute eu plus envie de me pencher sur son cas dans les jours qui ont suivi ce concert. Comme dit plus haut, les musiciens se sont fait plaisir, ont été assez bien accueillis... et tant mieux pour eux. Un apéritif sympathique à défaut d'être inoubliable.

 

Avec l'arrivée de The Night Flight Orchestra, l'ambiance jusque-là polie va vite se réchauffer. La Machine du Moulin Rouge n'est pas pleine à craquer mais l'affluence est très correcte et la fosse nettement plus remplie qu'une heure plus tôt. Les fans acclament l'arrivée des Suédois qui ont décidé de travailler davantage leur mise en scène ce soir. Sur l'intro du nouveau titre Servants Of The Air, très bonne entrée en matière bien dynamique, les hôtesses choristes (les deux Anna) nous font une petite choré bien synchronisée avec des lumières au bout des mains, comme pour faire atterrir un Boeing sur scène. Fun. Le titre est efficace et lance la soirée sur de bons rails. En plus, le son est très bon (la dernière fois, il n'était pas mauvais du tout mais très fort, voire trop fort, il nous avait bien éclaté les tympans... là, c'est plus raisonnable et on entend mieux les nuances ou la voix de Björn Strid tout simplement). Histoire de ne pas faire retomber l'ambiance, le groupe enchaîne avec Gemini, l'un des imparables tubes d'Amber Galactic avant de revenir sur le nouvel album avec Divinyls et ses mélodies empruntées à ABBA. Voilà un début de set rythmé, pêchu, enjoué... rien à redire. 


Sur Living For The Nighttime, l'un des rares moments de la soirée consacré à un autre album que les trois derniers, la mise en scène continue. Les choristes, plus en avant que sur les concerts précédents (elles sont carrément sur le devant de la scène maintenant), ont chacune un combiné téléphonique attaché à leur pied de micro... elles s'en serviront pour mimer la conversation qui a lieu à un moment du morceau. Vous avez dit kitsch ? Bah oui, mais c'est The Night Flight Orchestra en même temps... vous deviez vous y attendre un peu, non ? Un peu plus tard, sur la plus posée Golden Swansdown, Björn se fera couvrir d'une cape dorée par le duo d'hôtesses qui, de temps à autre, pendant le show, n'hésiteront pas trinquer à notre santé (enfin, j'imagine, elles trinquaient peut-être à autre chose), une coupe de champagne (apparemment... mais les apparences sont trompeuses, on le sait bien) à la main.

 

Pendant ce temps, sur scène, ça joue et ça joue bien ! L'imposant Sharlee D'Angelo fait vrombir sa basse comme il faut, avec énergie et le sourire en prime. Le nouveau claviériste (dont j'ignore le nom) qui remplace Richard Larsson porte bien le chapeau et s'acquitte bien de sa tâche, il a même le droit à un beau solo en introduction de l'énergique et galvanisante Can't Be That Bad. A la guitare, David Andersson est bien perché. Il prend régulièrement des poses de possédé (ou de gars légèrement imbibé... un peu trop de champagne avec les deux Anna peut-être ?)... c'est un très bon musicien, on le savait déjà, mais à quelques reprises pendant le set, il me semble que ses solos manquent un peu de "propreté". Est-ce voulu ? Est-ce le champagne ? Sont-ce mes oreilles qui me jouent des tours ? Peu importe car tout cela n'est finalement pas très important, la prestation reste de qualité. Celui qui m'impressionne le plus ce soir, c'est Björn. Je le sens plus à l'aise que les fois précédentes. Plusieurs fois, avec un pote, on échange un regard entendu qui veut dire "oui, c'est clair, il chante mieux qu'avant".



  

Niveau setlist, la part belle est évidemment faite au tout nouvel album... avec pas moins de sept nouvelles chansons. Le côté tubesque de ces compos (Divinyls, This Boy's Last Summer ou If Tonight Is Our Only Chance en tête) fait que l'épreuve de la scène, pour ce cinquième opus, est passée haut la main. A part ça, trois extraits de Sometimes The World Ain't Enough dont l'épique The Last Of The Independent Romantics juste avant le rappel. Trois morceaux d'Amber Galactic également (en plus de Gemini, on aura eu le Survivoreque Something Mysterious et le dynamique - et excellent - Midnight Flyer en deuxième position dans le rappel). Mon cœur bat un peu plus vite quand les Suédois jouent des morceaux des deux premiers disques (qui restent mes préférés) mais cela arrive malheureusement assez rarement : seuls Living For The Nighttime et Stiletto représentent Skyline Whispers... Quant au premier album (l'excellent Internal Affairs) il faudra attendre la toute dernière chanson de la soirée pour y goûter un peu avec la savoureuse et festive West Ruth Ave qui clôt traditionnellement les concerts de NFO depuis qu'ils tournent. L'ambiance bon enfant atteint son paroxysme sur ce morceau puisqu'une chenille se forme dans la fosse. C'est la grosse teuf, tout le monde a le sourire, le groupe est ravi... Une belle soirée et, je pense, le meilleur concert donné par The Night Flight Orchestra chez nous depuis ses débuts. On sent le groupe de plus en plus à l'aise et le set est plus efficace que jamais. Ce fol équipage (huit personnes sur scène quand même !) fera-t-il encore mieux à l'avenir ? Difficile à dire, mais je serai au rendez-vous pour voir de quoi il en retourne, ça c'est certain !  

Setlist de The Night Flight Orchestra :

01. Servants Of The Air
02. Gemini
03. Divinyls
04. Living For The Nighttime
05. This Boy's Last Summer
06. If Tonight Is Our Only Chance
07. Something Mysterious
08. Paralyzed
09. Can't Be That Bad
10. Golden Swansdown
11. Transmissions
12. Taurus
13. Satellite
14. The Last Of The Independent Romantics
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15. Stiletto
16. Midnight Flyer
17. West Ruth Ave 

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