Cult Of Luna

Date

24 Janvier 2012

Lieu

Paris

Chroniqueur

florentv

L I V E R E P O R T

Quelques jours avant la sortie officielle de leur nouvel album, Vertikal, Cult Of Luna faisait escale à Paris, avec dans ses bagages le groupe de postcore suisse Abraham.

J'arrive un peu à la bourre et je manque le début du set d'Abraham. Quand je rentre dans la salle (déjà bien pleine), le son des Suisses, que je découvre, me parle immédiatement. Une bonne grosse dose de guitares pesantes, une basse bien présente et des sample/claviers qui amènent une touche plus posée à l'ensemble. Le chant est réparti entre le clavieriste et le batteur, le premier avec un phrasé très déclamatoire, le second ayant recours à un chant plus varié, en voix claire (The Chemical Fiancé) ou en hurlements coléreux. Au passage le batteur/chanteur réalise une grosse performance technique, rien n'est plus difficile que le chant et la batterie conjugués. La difficulté de la chose apparaît sur le visage écarlate du monsieur, qui semble au bord de l'arrêt cardiaque sur certains morceaux. Le son est très propre, seul celui de la caisse claire est un peu plat mais rien de vraiment désagréable à l'écoute. Les mecs sont à l'aise sur scène, malgré le peu de place qu'ils ont (le matos de Cult Of Luna est déjà là). Bien que catalogué postcore, Abraham n'hésite pas à aller vers d'autres styles, notamment le doom avec le final d'une lenteur écrasante de The Great Dismemberment. A la fin de Carcasses, dans le larsen qui clôture le morceau, Olivier Hähnel (chant/claviers) annonce la fin de set et invite tout le monde à les retrouver plus tard au stand de merch. Merci, bonsoir et boum, redémarrage sur un dernier titre Start With A Heart Beat qui explose sur une sorte de semi-blast continu. Bien puissant, ce dernier morceau prépare le Divan du Monde à l'arrivée des Suédois de Cult Of Luna.

 

Setlist de Abraham :

  1. Dawn
  2. New King, Dark Prophet
  3. The Chemical Fiancé
  4. The Great Dismemberment
  5. This Is Not A Dead Man, Yet
  6. Carcasses
  7. Start With A Heart Beat

 

Pendant le changement de plateau, je fais un petit tour au stand de merchandising sur lequel on trouve les habituels T-Shirts, CD et Vinyls, mais également chose plus rare, des livres. Des exemplaires du livre écrit comme support à l'album Eternal Kingdom dont Johannes Persson déconstruit le mythe dans cette remarquable interview de nos confrères de Métalorgie. Pendant ce temps le matos et la scène de Cult Of Luna se dévoile : deux batteries (!), trois guitares (!!) complétées par une tour de contrôle pleine de sampleurs et de claviers, une basse, quatre micros et une foule de percussions (woodblock, tambourins, maracasses). Difficile d'imaginer le temps nécéssaire pour les balances et le nombre de répétitions qu'il a fallu pour mettre tout ce petit monde bien en place.

Le concert se déroulait le 24 janvier et la date de sortie de l'album étant le 29 du même mois, le public n'a pas encore eu l'occasion (légale) d'écouter en entier Vertikal. Petit privilège de chroniqueur, j'avais reçu le CD promo en vue d'une chronique et je connaissais donc déjà l'album. Et sur cette tournée, ou tout au moins sur cette date, Cult Of Luna présente une setlist composée dans une large proportion de morceaux de Vertikal. Je ne pourrai donc pas témoigner de l'effet que fait la découverte live de ces nouveaux morceaux. Le set commence par The One, l'intro futuriste de Vertikal. Cult Of Luna commence par hypnotiser le public, avec les sons mystico-mécaniques de ce premier contact comme vecteur. S'enchaîne logiquement I : The Weapon, premier morceau de Vertikal, qui rentre directement dans le vif du sujet avec son riff puissant et accrocheur. Le public semble un peu déconcerté par cette entame qu'il découvre, mais rapidement les têtes remuent et les applaudissments en fin de morceau témoignent d'une réception plutôt positive. Les deux batteurs sont ultra carrés, Magnus Lindberg jouant sur un set classique (toms, grosse caisse, caisse claire) tandis que Thomas Hedlund a, à la place de son tom aigu, un rack avec woodblock et diverses percussions moins conventionnelles. Le groupe enchaîne avec Ghost Trailer. Dès les premières notes, le public acclame les désormais sept membres de Cult Of Luna (Klas ayant quitté le groupe). Le son est précis, toutes les nuances qui font la renommée du groupe sont audibles, le groupe est en place et déroule son art avec une facilité qui fait plaisir à voir. Les parties un peu plus lumineuses du morceau donnent un peu d'oxygène dans cet univers plutôt sombre qu'est celui que s'est construit Cult Of Luna. Le travail sur les lumières est impressionnant. Un avertissement à l'entrée de la salle prévenait d'ailleurs le public que le concert de ce soir n'était pas adapté aux épileptiques à cause d'une "utilisation importante de stroboscopes". Effectivement à ce niveau là on est servi, le spectacle est complet, un flux de stimulations auditives et visuelles permanent vous tient en haleine tout au long du concert. Les effets lumineux sont calés au millimètre avec les variations de la musique, passant d'une couleur à une autre en fonction des ambiances et des couches d'instruments. Du grand art. L'accélération finale de Ghost Trailer place déjà le concert parmi les plus impressionnants et les plus intenses que j'ai vus. Finland arrive ensuite, là encore le public fait savoir qu'il connait le titre et se montre plus présent. Mute Departure, nouveau morceau également s'enchaîne logiquement et arrive ensuite LE moment du concert : Vicarious Redemption. Pièce centrale de Vertikal, ce morceau fleuve de plus de dix-neuf minutes commence sur de lourdes nappes électro qui emplissent la salle. La construction est ultra progressive, presque imperceptible, avec un empilement de sonorités qui met en place une ambiance quasi attentiste dans le public qui découvre la bête. Et cela jusqu'à ce qu'arrive le passage aux sonorités dubstep qui fait mouche et entraine le public. A la fin du morceau la foule ovationne les Suédois qui ont réussi leur pari de setlist découverte. Petit retour par la case Eternal Kingdom avec l'excellent et hypnotique Owlwood. Puis on revient sur Vertikal avec Passing Through, sur lequel Fredrik Kihlberg démontre ses talents vocaux, avec une voix vaporeuse et effacée qui vous caresse les tympans tout en douceur. Ce morceau, qui clôture Vertikal, se referme petit à petit sur lui-même et les lumières sur la scène s'éteignent au fur et à mesure pour finir par ne plus éclairer que Fredrik Kihlberg, puis plus rien. La mise en scène est définitivement excellente. Disharmonia, petit interlude instrumental de Vertikal, etoffé pour le live, tout en nappes dissonantes annonce In Awe Of, lui aussi extrait de Vertikal. Ce sera le dernier morceau de la soirée, Cult Of Luna ne faisant pas de rappel.


Setlist de Cult Of Luna :

  1. The One
  2. I : The Weapon
  3. Ghost Trail
  4. Finland
  5. Mute Departure
  6. Vicarious Redemption
  7. Owlwood
  8. Passing Through
  9. Disharmonia
  10. In Awe Of

 

Ce concert a pu en surprendre plus d'un, avec seulement trois morceaux sur dix déjà connus du public. Cult Of Luna a misé sur l'effet de surprise pour défendre son album en le présentant dans sa quasi-intégralité en live avant sa sortie officielle. Un choix qui semble plutôt judicieux vu le nombre de personnes qui a fait un détour par le merchandising avant de sortir. Il n'y a qu'une seule chose qui me pertubera un peu à la suite de ce concert : pourquoi cette musique fait-elle pousser la barbe ? (incroyable le nombre de barbus !). Pour le reste, ce n'est que du pur génie musical, parfaitement maîtrisé et sans aucun accro.

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