Europe + StoneRider

Date

13 Novembre 2012

Lieu

Paris

Chroniqueur

Blaster of Muppets

L I V E R E P O R T

C'est toujours un plaisir de voir Europe en concert. Vu les nombreuses qualités que les Suédois présentent sur scène et la qualité du dernier album en date, le très bon Bag Of Bones, il ne me semblait tout simplement pas concevable de manquer le retour de Joey Tempest et ses amis au Bataclan.

Pour cette tournée, la première partie n'est autre que StoneRider, groupe américain faisant dans le hard rock estampillé années 70. Au demeurant, le style peut paraître un peu éloigné de celui de la tête d'affiche, mais la présence du trio n'est finalement pas si incongrue que cela si l'on tient compte de l'orientation très 70's du dernier opus de Europe

                   

Pendant une demi-heure, le trio nous propulse quarante années en arrière, tant par leurs chansons que par leur son (que l'on aurait souhaité un peu plus clair) ou leur style vestimentaire. Rien de nouveau sous le soleil donc, mais le gros rock basique de StoneRider a sa part d'efficacité et a tout pour plaire aux nostalgiques. Le chanteur guitariste Matt Tanner montre des compétences techniques et un feeling indéniables. Dommage que, sur les premiers morceaux surtout, sa voix soit si en retrait, on entend en effet beaucoup plus sa six-cordes que son chant. 

De leur côté, les deux autres membres du groupe font bien le boulot. Le bassiste demeure assez discret sur le côté droit de la scène mais il assure et se charge même de quelques choeurs au passage. Celui qui attire le plus l'attention est finalement le batteur, placé au même niveau que ses compères, sur le devant (et au beau milieu) de la scène. Son jeu dynamique et énergique force l'admiration.

Vous pardonnerez mon commentaire relativement laconique sur le concert de StoneRider, leur musique m'était inconnue jusque-là et leur set fut très court... une toute petite demi-heure qui passa bien vite même si je n'ai pas été complètement transporté par la musique du trio, à la croisée des chemins entre un hard bluesy pas si éloigné que cela d'un certain Led Zeppelin et le stoner ou le rock sudiste. Sans que cela me mette en transe, la prestation énergique et sincère de Matt et ses acolytes me fit tout de même passer un très bon moment. 

 

Moins d'une demi-heure après la fin du set de StoneRider, le Bataclan se retrouve à nouveau plongé dans l'obscurité pour accueillir (très chaleureusement) les fameux Europe. Et là, c'est la claque !

Sûrs de la qualité de leur dernier disque, les Suédois attaquent la soirée avec les trois premières chansons de Bag Of Bones. Riches To Rags constitue une excellente introduction pêchue et percutante... un titre idéal pour un début de concert. Joey Tempest est en forme, il danse, bouge, tournoie... bref, il s'active tellement qu'il nous oblige à revoir la définition de frontman. Quelle énergie et quel charisme ! En plus, le monsieur est en voix. A presque 50 ans, le chanteur se montre absolument épatant et cela, tout au long de la soirée. Il est assez amusant d'observer à quel point cette énergie débordante tranche avec la personnalité bien plus discrète de John Norum à la guitare... sans parler de John Levén, à la basse, qui, fidèle à lui-même, se déplace avec un tel flegme et en fait tellement peu de manière générale qu'il ne doit même pas avoir une goutte de sueur sur lui à la fin du show. Enfin, cela a ses avantages, notamment pour les photographes... il sait prendre la pose et se trouve être un sujet bien plus facile à "capturer" que le chanteur du groupe. C'est toujours ça de pris... 

                   

Sur Not Supposed To Sing The Blues, les lumières virent au bleu (c'est plutôt cohérent vu le titre de la chanson) et Joey, qui a sans cesse besoin de s'occuper (en dansant, jouant de la guitare ou en faisant de magnifiques démonstrations de majorette avec son pied de micro), s'empare de percussions histoire de ne pas se cantonner qu'au chant... qu'il assure décidément avec grande maîtrise ce soir. Firebox passe également superbement bien en live... belle énergie et refrain fait pour être repris en choeur par la foule. Et c'est surtout l'occasion pour Mr. Tempest de se saisir d'un tambourin pendant qu'il ne chante pas... un vrai hyperactif, je vous dis ! 

Une fois les trois premières chansons (parfaitement) exécutées, il est temps de revenir en arrière et de s'attarder sur quelques classiques bienvenus qui ne manqueront pas de faire leur petit effet auprès des fans. Ce sont la groovy Superstitious (toujours agrémentée d'un petit bout de No Woman No Cry) et la percutante Scream Of Anger qui s'en chargent. Joey Tempest s'empare d'une guitare sur l'épique No Stone Unturned qui, espérons-le, ne disparaîtra jamais de la setlist du groupe tant elle est fantastique. Une première accalmie balladesque fait son apparition sous la forme de New Love In Town, avant que la très énergique Demon Head vienne nous rappeler que les Suédois sont là pour soutenir leur Bag Of Bones. Ceci n'aurait, de toute façon, pu échapper à personne tant cet opus est représenté ce soir. Sept titres au total, pas moins. Si l'on ajoute les quatre compos extraites de l'album précédent, Last Look At Eden, on concluera que Europe est fier du tournant pris par sa carrière et qu'il n'est pas d'un groupe capitalisant sur son passé. C'est bien... et un peu frustrant tout de même. Et oui, que voulez-vous, on n'est jamais content ! C'est juste que vu que plus de la moitié du set est consacrée aux deux derniers disques du groupe, il faut tasser tout le reste en huit chansons... ça laisse peu de place aux classiques et aux surprises. Ainsi, c'est comme si les albums Start From The Dark et Secret Society n'avaient jamais existé. Et comme il faut bien jouer les Carrie, Rock The Night et autres Final Countdown, il ne faut pas espérer tomber sur trop de raretés.

Heureusement, le show est superbe. Et puis, il y a tout de même un peu d'inédit. John Norum exécute seul (au chant et à la guitare sèche) une reprise de Fleetwood Mac, la très bluesy The World Keep On Turning... avant d'être rejoint par les autres membres de l'équipe, assis sur des tabourets de bar, pour un mini set acoustique comprenant la nouvelle Drink And A Smile et la bien plus âgée Open Your Heart. Très sympa. Et le retour de Girl From Lebanon dans la setlist fait bien plaisir aussi. Dommage que contrairement à d'autres villes européennes récemment visitées par le groupe, nous n'ayons pas eu le droit à quelques petites vieilleries comme Wings Of Tomorrow ou Ready Or Not, la setlist aurait ainsi paru un chouilla plus équilibrée. Pas grave... Les Suédois assurent tellement qu'on assiste au spectacle avec un sourire béat. Joey sait mettre l'ambiance, il se fend même d'un petit (et surprenant) "ça va chier, ce soir" et se met, pendant quelques secondes (pas plus, heureusement), à chanter un refrain de notre Johnny national, Allumer le Feu (!!), au milieu de je ne sais plus quelle chanson.

Le son est globalement bon tout au long de la soirée. Chaque instrument est audible, même si la basse bourdonne parfois un peu et que la guitare, au son toujours parfait lors des soli, voit ses rythmiques manquer d'un peu de mordant. Et l'ambiance ? Très bonne, évidemment. Le public tape dans les mains, chante... a l'air ravi... mais (vous le sentiez venir, le mais, avec tous ces points de suspension, non ?) demeure bizarrement très calme, très poli, presque timide pendant les chansons. Un peu fatigués, les fans parisiens ? Dans la fosse, ça ne bouge pas d'un pouce. Aucun risque de se faire bousculer ici. Certains se laissent parfois aller à un petit déhanchement des familles, mais ça reste quand même très calme. Calme mais chaleureux. Il faudra bien un Rock The Night pour qu'une partie des fans assis au balcon se lève et tape dans ses mains... et pas moins d'un Final Countdown pour que quelques rangs de la fosse se mettent à sauter sur place sur la célèbre rythmique. 

Quand on est exigeant, on en veut toujours plus, c'est comme ça. N'empêche qu'à part le petit bémol concernant la setlist soulevé un peu plus haut, il n'y a vraiment rien à redire quant à la prestation de Europe ce soir. La mise en place est impeccable, les lumières très belles tout au long de la soirée, et ces gars-là connaissent leur métier sur le bout des doigts, ce sont des pros... et je le répète : Joey Tempest est un frontman hors-norme qui nous a scotchés et devrait peut-être penser à donner des cours aux débutants s'il a besoin d'arrondir ses fins de mois.
Comme je le disais au tout début : c'est toujours un plaisir de voir Europe en concert...

Messieurs, à la prochaine ! 

Setlist Europe :

01. Riches To Rags
02. Not Supposed To Sing The Blues
03. Firebox
04. Superstitious
05. Scream Of Anger
06. No Stone Unturned
07. New Love In Town
08. Demon Head
09. The World Keep On Turning
(par John Norum)
10. Drink And A Smile (acoustic)
11. Open Your Heart (acoustic)
12. Bag Of Bones
13. Girl From Lebanon
14. Carrie
15. The Beast
16. Doghouse
17. Rock The Night
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18. Last Look At Eden
19. The Final Countdown


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