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L I V E R E P O R T
Pour le second jour, j’ai fait un effort pour vous et suis arrivé sur le site pour le second concert de la journée vers 13h ; oui, parce qu’on n’est pas des bêtes, quand même.
C’est donc avec Vorkreist que j’entame cette journée chaude et lourde sous un ciel toujours nuageux. Pour mémoire, le groupe a perdu sa bassiste, Marianne « LSK » Séjourné, décédée l’année dernière et remplacée par un membre de Blacklodge. Vorkreist lâche un black/death bien dégueulasse et bien méchant, mais le son ne suit pas je trouve. Le frontman n’étant pas plus enclin que ça à galvaniser l’auditoire, l’enthousiasme de la foule est modéré.
La suite, ce sont deux formations (Den Saakaldte et Code, respectivement norvégienne et anglaise) que je vais regrouper parce que j’en ai eu exactement le même ressenti : bien que sur disque, ce soit assez différent (encore que…), sur scène on a l’impression d’avoir affaire à deux fois le même groupe ; soit deux quintets de grands gaillards velus, jouant une musique majoritairement mid tempo sans accroche particulière, avec un chant clair intempestif et bancal. Bref, deux sets qui n’ont pas vraiment décolé.
Setlist de Code :
01. The Cotton Optic 02. Edysis 03. Trace 04. Smother 05. The Lazarus Chord 06. Rattle 07. Possession Is The Medicine 08. Triptych 09. Cloud-Formed
A l’arrivée des Allemands de Debauchery, c’est là que les choses sérieuses commencent enfin : une scène bien garnie qui donne une ambiance très particulière même en plein milieu de journée, des musiciens sanguinolents et survoltés pour un set énergique dans un style death n’roll qui déboîte comme il faut. Autant sur disque je ne suis pas spécialement fan, autant en live c’est totalement captivant. Le frontman communique très bien avec le public et ça fait plaisir.
Assassin prend la suite. Encore des vétérans du thrash, pour leur toute première date en France en plus de trente ans de carrière. Ils ont un nouveau chanteur, à la voix gutturale profonde et imposante comme il se doit. On retiendra du set un « Trou Du Cul » d’anthologie, petit pastiche de leur morceau Baka pour le public français. Très bonne initiative, la réaction est très positive bien entendu.
Setlist d'Assassin :
01. Fight (To Stop the Tyranny) 02. Breaking The Silence 03. The Last Man 04. Forbidden Reality 05. Baka 06. Destroy The State 07. Assassin
On passe à la grande scène pour le premier concert avec Salem, précurseur du doom/death israélien avec presque trente ans d’existence. Ne connaissant le groupe que de nom, je suis agréablement surpris par l’énergie qui se dégage. Ça bouge dans tous les sens, notamment le chanteur qui ne sait plus quelle pitrerie inventer pour se faire remarquer. Etonnant pour un groupe de doom. Le chant clair m’a paru totalement inutile par contre.
Artillery relance le thrash classique sur le Sanctuary. Un groupe très populaire, à en juger par l’ambiance dans le public. Le vieux heavy/thrash avec une voix haut perchée, ce n’est pas trop pour moi ; j’ai donc préféré aller faire quelques emplettes dans la tente à goodies.
Le groupe le plus singulier du fest’ arrive sur la Blackwaters vers 19h30 : le groupe de doom funéraire Ahab. Quarante-cinq minutes de set chez eux équivaut à… quatre titres, évidemment. Une musique lancinante et hypnotique –d’ailleurs, ça sentait fort la cigarette qui fait rigoler. J’adore les deux premiers albums du groupe, beaucoup moins le dernier avec ce chant claire trop prédominant. Ça tombe bien, ils n’en ont joué qu’un morceau. Il y a hélas eu un gros problème de son : on entendait par intermittence un grésillement fort désagréable pendant la moitié du set, ça m’a fait mal au cœur pour eux.
Setlist d'Ahab :
01. The Divinity Of Oceans 02. Old Thunder 03. Deliverance 04. The Hunt
De retour de l’autre côté de la colline, on assiste à la prestation de Cancer sous forme de trio. Ian Buchanan arbore à présent des dreadlocks et est toujours aussi statique. Ils ont joué tous les classiques du groupe, notamment les incontournables Into The Acid, Death Shall Rise et To The Gory End. Je trouve que ça manque de patate… et surtout de la seconde guitare de Barry Savage. En plus, c’est franchement linéaire. Malgré tout, le groupe jouit d’une certaine popularité au sein de l’audience.
Setlist de Cancer :
01. C.F.C. / Witch Hunt 02. Death Shall Rise 03. Into The Acid 04. Die Die 05. Tastless Incest 06. To The Gory End 07. Bloodbath 08. Body Count 09. Hung, Drawn And Quartered 10. Deathroned Emperor (Celtic Frost cover)
Place à la première grosse star de la soirée, Pentagram. L’ancêtre Bobby Liebling (il n’a pourtant que soixante ans) fait son apparition, toujours aussi squelettique avec ses mimiques de pantin désarticulé et possédé. Hilarant. La légende du doom livre un set solide, notamment par la prestation excellente des musiciens (le guitariste Victor Griffin en tête de liste) et les gesticulations désopilantes de Bobby Liebling, le papy à la voix chevrotante qui séduit encore son public.
Ascension, c’est un tout autre style : la scène est complètement enfumée pendant une bonne partie du set, il y a des bougies partout, on distingue à peine les musiciens (en noir) à part le chanteur (en blanc) d’une pâleur cadavérique. Un black/death assez ordinaire, de mon point de vue, même si c’est scéniquement très réussi.
Groupe le plus attendu ce jour, Sodom. D’entrée de jeu, le classique Agent Orange qui fait l’unanimité au sein du public. Là encore, un trio qui fonctionne comme une machine bien huilée et un Tom Angelripper remerciant humblement le public pour son soutien. Ça fait chaud au cœur.
Setlist de Sodom :
01. Agent Orange 02. In War And Pieces 03. Outbreak Of Evil 04. Surfin' Bird / The Saw Is The Law 05. Sodomy And Lust 06. Stigmatized 07. Blasphemer 08. City Of God 09. Burst Command 'til War 10. M-16 11. Remember The Fallen
Place à Enslaved sur la petite scène, pour un concert vraiment excellent, mon préféré avec celui de Carcass. Il faut dire que les dernières compos fonctionnent à merveille sur scène, le son les retranscrivant dans toute leur complexité. Le chant clair a beau être parfois un peu limite, il est difficile quand on aime la musique des Norvégiens de se tirer de la béatitude dans laquelle on se retrouve plongé sur des morceaux comme Riitiir. Le sympathique Grutle n’a pas sa langue dans la poche ce soir-là, et se perd parfois dans des discours sans queue ni tête. Ce qui n’empêche pas les Vikings de faire l’unanimité, et c’est tout à fait justifié (le headbanger à côté de moi n’a fait qu’acquiescer pendant tout le concert).
Dernier concert sur la Blackwaters, Watain et sa scène tout feu tout flamme, avec un Erik en grande forme qui mène la procession sur une intro tonitruante et lance la machine infernale aux côtés de ses pairs tout aussi charismatiques. Pour les avoir vus dans une petite salle, je trouve que l’ambiance fonctionne mieux qu’en plein air, surtout sur une plage. Heureusement qu’il fait nuit. On voit clairement que Watain a son lot de fans, qui se sont déplacés exprès pour l’occasion.
Setlist de Watain :
01. De Profundis 02. Black Flames March 03. Malfeitor 04. Reaping Death 05. The Wild Hunt 06. Hymn To Qayin 07. Kiss Of Death 08. Waters Of Ain 09. Requiem XIII
Bömbers ou comment terminer en beauté. Pour ceux qui ne les connaissent pas, sachez que c’est un groupe hommage à Motörhead (jusqu’ici, rien de choquant), composé d’Olve Eikemo, mieux connu sous le nom d’Abbath dans Immortal, Tore Bratseth, son ancien collègue chez Old Funeral et qui est également impliqué dans un autre projet dans un style proche avec Faust (Studfaust), et un batteur que je ne connais pas. Dès les premières secondes, c’est à mourir de rire : Olve se ramène avec sa Rickenbacker, sa moustache rouflaquettes de biker et adopte une attitude au micro exactement dans le style de Lemmy. L’imitation vocale, notamment entre les morceaux, est à se pisser dessus. On s’en donne à cœur joie pour ce dernier concert en chantant à tue-tête des morceaux qu’on connaît tous par cœur. Dernière surprise de la soirée, Tom Angelripper vient chanter Iron Fist avec le trio ; pour mémoire et pour les ignares, Sodom en avait fait une reprise sur son mythique Persecution Mania. Une super ambiance tout au long de cette dernière prestation, on quitte le festival le sourire aux lèvres.
Setlist de Bömbers :
01. Bomber 02. I'm So Bad (Baby I Don't Care) 03. Stone Dead Forever 04. The Hammer 05. No Class 06. Killed By Death 07. Orgasmatron 08. Iron Fist (feat Tom Angelripper) 09. Metropolis 10. Doctor Rock 11. I Got Mine 12. Overkill 13. Stay Clean 14. Over The Top 15. Motörhead 16. Ace Of Spades
Au total, on retiendra la très bonne organisation pour une première édition, avec notamment une ponctualité admirable lors de l’enchaînement des concerts, malgré quelques soucis techniques notamment au niveau du son. Une navette avait été mise en place depuis la gare Vaires-Torcy pour véhiculer les festivaliers jusqu’à proximité du site ; intention fort appréciée, surtout qu'il y avait moyen de se perdre. Ce qui en a fait pester plus d’un, ce sont les jetons de couleurs différentes pour boisson et nourriture alors que leur valeur était identique ; apparemment, c’était pour des raisons de comptabilité… Nous n’avons souffert ni de la chaleur, ni de la surpopulation (il y aurait eu dans les deux mille cinq cents personnes) et j’ai trouvé le public globalement assez respectueux des lieux. La programmation était finalement assez variée, pour un festival annoncé comme extrême. Le camping était paraît-il plutôt fréquentable, bien qu’un peu éloigné des scènes.
Un très bon week-end en somme, on attend la prochaine édition avec impatience.
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