Gamma Ray + Rhapsody Of Fire + Elvenking

Date

09 Avril 2014

Lieu

Paris

Chroniqueur

Blaster of Muppets

L I V E R E P O R T

Belle affiche pour les amateurs de Power Metal mélodique à la sauce européenne en ce 9 avril 2014 : Gamma Ray revient nous rendre visite avec dans ses bagages deux groupes italiens, Rhapsody Of Fire et Elvenking. Pour l'occasion, la salle du Trabendo affiche complet. La dernière fois que Gamma Ray était venu jouer en tête d'affiche (pour l'album précédent, To The Metal), c'était exactement dans la même salle... j'en avais profité pour me réconcilier avec un groupe que j'avais jadis adoré mais qui avait fini par me décevoir tant il semblait en roue libre aussi bien sur album que sur scène, et cela depuis un moment. Mais oui, en 2010, armés d'un album sympa, les Rays avaient sû me séduire : le côté pêchu et bon enfant du concert avait eu raison de mes réticences. Quatre ans plus tard, me voilà à me demander si l'exploit va être réédité.

Mais d'abord, place à Elvenking. Je l'avoue tout de suite, je connais assez mal ce groupe. Je ne m'y suis intéressé que récemment, à l'approche du concert. Les quelques extraits que j'ai pu entendre sur le net m'ont agréablement surpris. Je ne sais pas trop pourquoi mais je m'attendais à un énième groupe de power sans intérêt... Mais non, le metal puissant, entraînant et parsemé de petites touches folk bienvenues de ces Italiens s'écoute bien. 

                   

La bonne surprise procurée par l'écoute de l'album Era et quelques autres titres triés sur le volet dans les jours qui précédèrent le show fut confirmée lors de leur prestation ce soir-là. 

Elvenking prit possession de la scène du Trabendo avec énergie et conviction. Le light show et le son ne furent pas extraordinaires (première partie oblige) mais pas ridicules pour autant, et l'accueil réservé par le public fut assez enthousiaste. 

                   

Le set démarra avec The Loser, chanson d'ouverture de l'album Era. Il n'y en aura pas d'autres de ce disque car le groupe a décidé d'aller piocher dans différents albums de son répertoire comme The Winter Wake, The Scythe ou Red Silent Tides (tous représentés par un titre). 

Au programme également, deux nouvelles chansons : Elvenlegions (hymne power efficace dédié aux fans) et Moonbeam Stone Circle, encore plus réussie car plus puissante, speed et complexe. Ces deux titres nous donnèrent un aperçu plutôt alléchant de l'album à venir, The Pagan Manifesto, prévu pour le moi de mai.

Le bilan de cette demi-heure est positif. Le groupe maquillé se donne bien, l'apport d'un violoniste sur scène est vraiment sympa (même si on n'entend pas toujours très bien l'instrument en question), Damna,le chanteur au pied de micro lumineux (une sorte de néon vert), remercie chaleureusement l'assistance ainsi que les deux groupes avec qui Elvenking partage l'affiche en nous disant que cette tournée fut vraiment géniale pour eux (c'est leur dernier soir) et que tout le monde a été vraiment super avec eux, les morceaux sont plutôt convaincants... Bref, tout cela se déroule bien et on ne voit pas le temps passer. 

                   

Setlist Elvenking :

01. The Loser
02. Runereader
03. Elvenlegions
04. The Divided Heart
05. Moonbeam Stone Circle
06. The Winter Wake

 

Ce fut ensuite au tour de Rhapsody Of Fire de faire monter la température de la salle. Cefa faisait très longtemps que je n'avais pas vu ce groupe sur scène. La dernière fois, ils s'appelaient même Rhapsody tout court, c'est vous dire... Et on ne peut pas dire que mes souvenirs de leurs prestations étaient excellents, loin de là. Un groupe qui manquait de pratique à l'époque de leurs concerts pour promouvoir Symphony Of The Enchanted Lands à la fin des années 90, ou une formation déjà un peu plus carrée mais flanquée d'un aspect "play-back" (tant les samples d'orchestrations et choeurs étaient nombreux) assez gênant lors de la tournée Dawn Of Victory, voilà ce que le nom Rhapsody (Of Fire) en live m'évoquait. Du coup, ce petit concert en ouverture de Gamma Ray fut globalement une bonne surprise.

Déjà, dès le début du concert, les bandes sont nettement en retrait, ce qui a pour effet immédiat de me rassurer. Quand Rising From Tragic Flames s'offre à nous, j'ai nettement plus la sensation de voir un groupe jouer live que dans mes vieux souvenirs. Les orchestrations et choeurs sont vraiment reléguées au second (voire au troisième) plan et c'est bien le groupe qui est sur scène que l'on entend. Evidemment, à l'époque aussi le groupe jouait vraiment mais j'avais vraiment été gêné par l'impression persistante que quasiment la moitié de ce que j'entendais provenait de bandes.

Et puis, ça joue bien. Les frères Holzwarth (que l'on pourrait renommer les fréros bandanas) assurent et proposent une section rythmique ultra-carrée. Roberto De Micheli est très concentré et sobre, son jeu de guitare est techniquement irréprochable mais sa prestation manque peut-être un peu de folie. Dommage qu'il n'y ait pas de deuxième guitariste sur scène d'ailleurs, l'ensemble aurait gagné en puissance et densité. Alex Staropoli est penché sur son clavier et semble habité par sa musique... l'attitude est assez sobre là aussi et le son un peu timide. Quant à Fabio Lione, il se révèle assez bon sur scène et moins agaçant que de mes souvenirs (je me rappelais d'un frontman qui en faisait des tonnes). Là, il est plutôt bon et pas trop maniéré. Il se fend même d'une prestation très classe et impressionnante sur la seule chanson en italien du set : Lamento Eroico.

Le côté "bonne surprise" de l'ensemble se trouve renforcé par une setlist qui n'hésite pas à aller se servir dans les vieux albums que j'avais vraiment aimés avant de décrocher. Ainsi, on a le droit à Land Of Immortals de Legendary Tales, à The March Of The Swordmaster extraite de Power Of The Dragonflame ou encore Holy Thunderforce et Dawn Of Victory (de l'album du même nom). Ce sont d'ailleurs ces morceaux qui mettent la fosse du Trabendo en émoi. Le début du concert fonctionne bien mais on sent bien que le public ne se montre pas toujours aussi réceptif sur tous les titres proposés. A ce propos, anecdote véridique : au moment où Fabio annonce qu'ils vont jouer une chanson du nouvel album, un "oooohhhh" de déception s'échappe de la bouche de quelques fans... En revanche quand Holy Thunderforce, Dawn Of Victory ou Emerald Sword déboulent, c'est la folie dans la salle. Toute la fin du concert (les quatre derniers titres pour être précis) est d'ailleurs un enchaïnement de titres speed et anciens (Reign Of Terror, speed mais plus récent, mis à part). Et pendant tout ce temps, l'ambiance est explosive, ça chante, bouscule et pogote de partout. Au final, ce show d'une petite heure laisse une bonne impression. Il manque encore quelque chose pour rendre cela inoubliable, mais clairement Rhapsody Of Fire a gagné en crédibilité et n'est plus le groupe approximatif ou agaçant que j'ai connu il y a longtemps. 

Setlist Rhapsody of Fire :

01. Rising From Tragic Flames
02. Land Of Immortals
03. The March of the Swordmaster
04. Unholy Warcry
05. Dark Wings Of Steel
06. Lamento Eroico
07. Holy Thunderforce
08. Dawn Of Victory
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09. Reign Of Terror
10. Emerald Sword

                   

 

Gamma Ray en concert, c'est souvent la garantie de passer une bonne soirée. Même si l'album du moment n'est pas forcément génial, même si Kai n'est pas le chanteur du siècle, même si on peut reprocher au groupe d'assez peu se renouveler, il y a toujours le savoir-faire de ces messieurs, la bonne humeur de l'assistance, quelques classiques imparables à se mettre sous la dent, une ou deux surprises et la bonhommie et le charisme de Kai Hansen. Et ce concert du 9 avril n'échappe pas à la règle... Verdict donné d'entrée de jeu (pas de suspense) : perfectible mais très sympa.

Le démarrage se fait de façon assez inattendue, plutôt que de commencer avec un titre direct et entraînant, le groupe choisit de balancer une nouvelle chanson mid-tempo doté d'une intro assez douce : Avalon, titre épique qui affiche neuf minutes au compteur. Du coup, ça ne met pas le feu d'entrée de jeu mais la chanson (qui est tout de même une compo bien ficelée et très agréable) passe bien et nous met dans de bonnes dispositions. Heaven Can Wait, single happy metal classique (la chanson a quand même vingt-cinq d'âge) par excellence, remporte immédiatement l'adhésion du public et la fosse s'agite comme il se doit. New World Order continue et confirme que le show est sur de bons rails... Et là, bonne surprise, en quatrième position, un vieux classique plus rare dans les setlists de Gamma Ray est déterré : Tribute To The Past !  Un bel hymne speed du généralement sous-représenté Insanity And Genius, ça fait toujours plaisir. Et comme en plus, le quatuor enchaîne avec I Want Out de Helloween (sur laquelle Hansen se fend d'un break reggae et fait bien participer le public) et une très bonne compo efficace à souhait nommée Pale Rider, je me dis que ce concert (par ailleurs doté d'un super son) est décidément réjouissant. Mais ça ne va pas durer...

Non, rassurez-vous, la suite n'est pas mauvaise... c'est plus un effet d'annonce qu'autre chose, et puis il y a une forte part de subjectivité dans ce que je vais dire mais quand même, je dois admettre que j'ai moins apprécié une bonne partie de la suite du concert, la faute à un enchaînement de morceaux moins heureux (à mon goût). Déjà, c'est Time For Deliverance, ballade pas follichone, qui démarre... Bon, un titre comme ça, même si je n'en suis pas fan, ça peut passer... Mais ensuite, c'est l'heure du solo de batterie. Et là, le temps devient long, voire très long malgré une fin plus sympa (avec notamment tout un passage joué sur le thème du film "L'Arnaque"). Après ça, il faut un titre fort pour permettre au show de repartir et de mettre le feu aux poudres mais le choix du groupe se porte sur Blood Religion. Pas franchement un classique ni un titre très enlevé... En plus, il est à rallonge puisque Kai décide de faire chanter le passage "Into The Dark... Blood Religion" à la foule pendant trois plombes. Mince... Bon, le prochain morceau va être une tuerie, c'est obligé, on ne peut pas s'enliser comme ça indéfiniment, si ? Bof, les Rays nous balancent Master Of Confusion, "nouvelle" compo en mode pilote automatique comme le groupe en pond régulièrement mais qui, soyons honnêtes, ramène un peu d'énergie et de bonne humeur à un set qui commençait à piétiner. Heureusement, avec Empire Of The Undead (décidément, le dernier album est à l'honneur, c'est le cinquième titre - sur dix joués à ce moment de la soirée - à en être extrait), on se réveille carrément et le speed ravageur teuton revient sur le devant de la scène et permet à une bonne partie de la fosse de se défouler à nouveau. Ouf, le passage à vide (avis personnel, je le rappelle) est terminé.

                    

C'est pile à ce moment de la soirée que je me demande quand le groupe va enfin aller piocher dans un de ses meilleurs albums, le fameux Land Of The Free. Parce que, quand même, le concert a beau être sympa, ça manque un peu de classiques... Et bien voilà, il suffisait de le dire : les trois prochains titres ne sont autres que Rebellion in Dreamland (toujours aussi majestueuse) à la fin tronquée, Land Of The Free et la speedée et ravageuse Man On A Mission. Et là, c'est le pied. Le groupe joue super bien. Le chant de Kai Hansen n'est pas grandiose mais le bonhomme ne s'en sort pas si mal, surtout que les chansons sont accordées plus bas que sur album, ce qui lui permet de ne pas avoir à lutter pour atteindre les notes les plus hautes. Henjo Richter est égal à lui-même, performant et "à la cool", jamais énervé, toujours tranquille et souriant. Kai et lui forment quand même une belle paire de guitaristes ! Quant à Michael Ehré, il s'acquitte de sa tâche de batteur bûcheron avec professionnalisme... Rien à redire à ce niveau.

La soirée touche à sa fin mais il reste le rappel. Quand Kai et ses sbires reviennent sur scène, c'est pour entamer To The Metal. Aïe. OK, beaucoup aiment cette chanson et elle passe bien sur scène... mais pour ma part, c'est une gigantesque arnaque et quitte à jouer une chanson de l'album du même nom, j'aurais largement préféré que le choix du groupe se porte sur un autre titre... D'ailleurs, je m'en vais en plein milieu de la compo... la coupe est pleine ! Non, je plaisante. Enfin, si, je suis vraiment parti mais pas à cause de To The Metal... Il se faisait tard et j'étais malheureusement tributaire des transports en commun ce soir-là, si je voulais rentrer chez moi avant l'aube, je n'avais pas le choix. Je n'ai donc pas assisté à Send Me A Sign qui fut choisi, comme souvent, pour conclure le show.

Gamma Ray, ça le fait toujours bien en concert. Le professionnalisme, l'ambiance joviale, le gros son furent encore une fois de la partie. Maintenant, il y a quelques bémols qui font que je n'ai pas eu la sensation d'assister au concert de l'année. Il y a eu le ventre mou en plein milieu de concert évoqué un peu plus haut, pas assez de titres speed à mon goût, un peu de remplissage, quelques artifices pas indispensables (pourquoi balancer des bandes avec des choeurs pré-enregistrés - sur la ballade Time For Deliverance c'était flagrant - sur certains morceaux ? C'est un concert de metal ou non ??) ... Malgré tout, Mr. Hansen reste éminemment sympathique et le groupe est toujours aussi carré (si l'on met le chant de côté) sur scène. Comme en plus le public s'est montré très réceptif et a bien fait la fête pendant toute la durée du show, le moment passé en compagnie des power métalleux teutons fut fun... mais dans le genre (et même de la part de ce groupe), j'ai déjà vu plus fort. 

 

Setlist Gamma Ray :

01. Avalon
02. Heaven Can Wait
03. New World Order
04. Tribute To The Past
05. I Want Out
06. Pale Rider
07. Time For Deliverance
08. Drum solo
09. Blood Religion
10. Master Of Confusion
11. Empire Of The Undead
12. Rebellion In Dreamland
13. Land Of The Free
14. Man On A Mission
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15. To The Metal
16. Send Me A Sign

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