Molly Hatchet

Date

30 Novembre 2010

Lieu

Le Moods, Monaco

Chroniqueur

Didier

L I V E R E P O R T

Le rock sudiste passait par le Sud, plus exactement à Monaco, et nous ne pouvions pas rater une telle occasion. C’est, une fois de plus, la salle branchée du Moods qui invitait, et pas n’importe qui, puisque nos vieux rockeurs de Jacksonville, Florida, avaient fait le déplacement, je veux parler de Molly Hatchet. La dernière fois que j'ai vu Molly Hatchet, c'était à Houston, en 1981. Un bail. Du line-up d’origine, ne subsiste plus que l’un des guitaristes, Dave Lhubeck. Très atteint tout de même le bonhomme. Nous le doublons dans l’escalier qui descend dans la salle, il est fortement handicapé, par son poids et une jambe folle; il se déplace avec une béquille (costaud la béquille !). Pour les autres, ça va un peu mieux, mais les bedaines et les cheveux blancs sont de sortie ce soir, on voit que la boisson nationale du Sud des Etats-Unis est bien la bière. Ils montent sur scène vers 21h45, et la scène du Moods parait bien petite tout à coup, tant les types sont imposants (surtout le chanteur Phil McCormack), et nombreux puisqu'en formation complète, deux guitares, une basse, un piano, une batterie et un chanteur. Les bottes de croco sont aussi de sortie (celles du bassiste, Tim Linsdey, en croco blanches sont hallucinantes, on dirait presque des babouches). Si les membres du groupe ne sont pas tous d’origine, l’esprit sudiste de Molly Hatchet, lui, est bien présent, ça sentirait presque la bouse de vache au premier rang, où nous sommes confortablement assis à siroter nos bières.
Le concert démarre et on réalise de suite que le son est bien là, et surtout l’envie des mecs est palpable. Notamment de Bobby Ingram, le guitariste principal (et leader du groupe depuis 1985), juste devant notre table, qui est souriant, et qui balancera des médiators à presque toute la salle. Il mettra l’ambiance toute la soirée. Le chanteur tombera rapidement sa veste longue. Son accent du sud est épais, on capte pas tout, il semble surpris par l’ambiance dans la salle. De nombreuses personnes ont acheté des t-shirts de Molly Hatchet, arborant les célèbres peintures de pochettes d’albums. Il fera une petite allusion au fait qu’il n’était jamais venu dans le coin,  que c’était un endroit avec « lots of money » alors que lui n’a plus rien en poche. Il se marre en reprenant sa respiration avec difficulté.

Phil McCormack

Sa présence scénique est énorme (dans tous les sens du terme), il joue aussi de l’harmonica sur quelques morceaux. Il a tendance a avoir les yeux exorbités lorsqu’il s’enflamme, c’est géant et ça lui donne des petits airs d'Ozzy. Il se gargarise avec l’eau d’une bouteille, recrache dans une autre, un vrai poème sudiste !
Les valeurs sudistes, justement, sont bien présentes, et on a droit à des éloges de Jacksonville (super connu non ?), au drapeau sudiste à l’effigie d'Elvis, tiens donc ?

Bobby Ingram et le drapeau sudiste

Dave, l’ancêtre, porte une grosse croix autour du cou. Il lâche sa béquille dès qu’il monte sur scène, ne bouge évidemment pas beaucoup après, et a un peu de mal à atteindre les cordes de sa guitare, les bras commencent à être un peu courts pour passer au-delà de la bedaine. Mais le bougre assure sa part de rythmique et de duo avec Bobby, sur les célèbres duos de guitares typiques du son Molly Hatchet.

Dave Lhubeck

Bobby joue souvent en slide, sur une belle Gibson Les Paul Custom noire. Il ne la lâchera que pour attaquer l’énorme reprise de Lynyrd Skynyrd, Free Bird, qui fut pour moi un moment mythique. Pour cette occasion, il utilise une vieille Epiphone type Gibson Explorer, en bois brut, superbe.

Bobby Ingram

A la batterie, on trouve Shawn Beamer, adepte de la ventilation faciale, ce qui fait que ses longs cheveux volent au vent en permanence autour de sa tête (un peu comme Steve Vai en concert). Ca fait un effet poulpesque assez marrant. Il nous balancera un petit solo de batterie bien sympa. Nous avons aussi eu droit à un joli hommage à Ronnie James Dio, pour lequel ils feront lever toute la salle, qui scandera « Dio, Dio ». Emouvant. Le pianiste, John Galvin, est plutôt en retrait, on l’entend peu de notre place, mais un peu quand même lors du long Free Bird, où il place ses petits plans honky-tonk piano excellents.
Trois morceaux du dernier album (chroniqué ici) sont joués. On a Justice, et à ce propos, Bobby porte un bracelet où figure la mention « Justice for Somer» (relire ma chro pour toute l’explication de l’affaire Somer), ou encore Been to Heaven, Been to Hell (JAX pour les connaisseurs), qui pourrait bien servir d'hymne pour l’office du tourisme de Jacksonville (mais y en a-t-il un au moins ?) et enfin I'm Gonna Live Till I Die. Le tout est, bien sûr, alterné avec leurs bons vieux classiques comme Whiskey Man et ses célèbres coups de sifflets qui ouvrira le concert, Beating the Odds, Gator Country et j’en passe.
Ils reviennent pour un rappel avec le Free Bird merveilleux et terminent par un Flirting with Disaster endiablé. Ils saluent le public longuement avant de disparaitre dans les loges (sauf Dave, incapable de monter les escaliers des loges du Moods).

Bobby Ingram

Comme toujours, le premier rang est absolument génial pour l’ambiance, la vue et les photos. Avoir le Bobby, quasiment les pieds dans ma bière, pour ses solos, moi-même confortablement assis, c’est quand même un truc de ouf ! Par contre, pour le son, c’est un peu moins bien, car la sono est au-dessus et légèrement en arrière, donc la voix et le piano ressortent mal de notre côté, où le Marschall de Bobby couvre pas mal depuis la scène. Peut être qu'un petit paravent aurait été le bienvenu ? Mais bon, on ne peut pas tout avoir. La formule du Moods a aussi légèrement évolué puisque la réservation d’une table engendre forcément une première consommation à vingt-deux Euros, mais ça les valait absolument ce soir-là. Et puis pour les petits budgets, debout au bar, reste encore une option (il faut venir plus tôt dans ce cas).
Les gars de Molly Hatchet nous prouvent que, malgré les années, ils ont toujours l’énergie. Ils ont livré deux bonnes heures de bon gros rock sudiste, pas courant dans nos contrées. Ils ont vraiment tout donné et ça se voyait ce soir, ils ne sont d’ailleurs pas montés au stand t-shirts après le concert, c’est dommage.

Rien ne semble pouvoir arrêter ces mecs-là : I’m Gonna Live Till I Die, qu'ils disaient, et bien je comprends mieux maintenant.

Setlist Molly Hatchet

Whiskey Man
Bounty Hunter
Gator Country
Been To Heaven, Been To Hell
 Fall Of The Peace Makers
Justice
Drum Solo
Beating The Odds
Live Till I Die
Jukin' City
Dreams I'll Never See
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Free Bird
Flirtin' With Disaster

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