Pain of Salvation

Date

18-DEC-2009

Lieu

Paris - Elysée Montmartre

Chroniqueur

Blaster of Muppets

L I V E R E P O R T

 Un petit concert de Pain of Salvation pour bien terminer 2009? Mais bien sûr, et plutôt deux fois qu'une. D'autant plus qu'avec un nouvel EP Linoleum sorti il y a peu, un line-up stabilisé avec le bassiste Per Schelander et le batteur "frenchie" Léo Margarit, et la promesse d'un nouvel album Road Salt (prévu pour le printemps 2010), il me tarde de voir ce que le groupe nous a préparé de nouveau pour ce soir...

 C'est à Zubrowska, groupe Toulousain dans lequel officiait Léo avant de rejoindre Pain of Salvation, que revient la mission de groupe d'ouverture mais je ne pourrai malheureusement rien vous en dire dans la mesure où j'étais en pleine interview de Daniel Gildenlöw pendant l'intégralité de leur set. Dommage, mais je ne vais pas me plaindre, une demi-heure en compagnie de Daniel, ça ne se refuse pas. Ce dernier ne cesse d'ailleurs de tousser pendant toute la durée de l'entretien, ce qui le rend (et moi aussi par la même occasion) légèrement inquiet quant à la prestation à venir.

 Pourtant, au bout de quelques minutes après l'entrée du groupe sur scène, les inquiétudes sont vite balayées. Non pas que Daniel nous livre la performance vocale de sa vie, non, mais pour quelqu'un de malade, il s'en sort plus que convenablement. Malgré quelques petites difficultés dans les aigus de temps à autre et quelques passages un peu moins puissants qu'à l'accoutumée, la prestation du monsieur resta très honorable.
Le groupe choisit d'ouvrir le bal avec Used, choix on ne peut plus éclairé pour mettre le public dans l'ambiance tant ce morceau est une véritable tuerie. Les suédois décident de rester en territoire "rentre-dedans" avec le morceau suivant, le pesant Diffidentia (extrait de l'album Be). C'est au bout du troisième titre qu'apparaît le premier élément de nouveauté de la soirée avec le nouveau titre Linoleum qui s'avère particulièrement intense et convaincant sur scène. La quatrième place du setlist reviendra à la magnifique et mélancolique ballade Ashes. Quel début de concert ! Niveau setlist, rien à redire, c'est parfait.

 Comme souvent à L'Elysée-Montmartre, le light show est de qualité, quant au son (j'ai très rarement été déçu dans cette salle), il est également bon. Cela dit, il manque parfois un peu de clarté, et le rendu n'est pas le même suivant l'endroit où l'on se trouve (c'est assez fréquent cela dit). Quelques fans des premiers rangs étaient déçus parce qu'ils entendaient à peine le chanteur, alors que quelques rangs derrière, le son paraissait nettement meilleur.
Revenons maintenant sur la prestation du groupe. Les premiers termes qui me viennent à l'esprit quand je pense à ce show sont "décontraction" et "bonne humeur". Autant la musique du groupe est globalement triste, pesante ou torturée, autant le show de ce soir, bien que ne sacrifiant absolument pas l'ambiance des titres joués, causa bien des sourires voire des éclats de rire. On sent le groupe ravi d'être là, et leur joie est pour le moins communicative. Ce frontman de Daniel ne se priva pas d'introduire certaines de ses chansons avec une dose d'humour bienvenue (speech super long pour Nightmist qui finissait par faire croire que le morceau en question ne commencerait jamais, par exemple).

Tout cela ne se fit pas au détriment d'une sacré énergie, les musiciens prouvèrent qu'ils savaient bien s'acquitter de leur tâche (malgré quelques pains ici et là) et livrèrent une prestation absolument pas statique. Bien au contraire, ils bougèrent tout le temps. Et hop que je passe à droite, et je reviens à gauche, je monte sur un ampli... tiens, je vais m'allonger un peu le temps d'un morceau (Daniel se laissa tomber à la fin de l'excellent et ultra-énergique Inside pour ne se relever qu'à la fin de la chanson suivante, la nouvelle If You Wait) ou même m'asseoir sur un petit fauteuil placé au fond la scène le temps d'un petit interlude claviers/guitare... Un bel exemple d'occupation de l'espace parfaitement pensé, géré et réussi, même s'il donna lieu à quelques confusions ou chutes (belle gamelle du bassiste !)... pas grave, plutôt drôle même.

Et musicalement parlant, niveau surprises ou nouveautés, qu'y avait-il à se mettre sous la dent? Le groupe proposa de nombreux morceaux absolument pas surprenants (mais qu'il fait toujours plaisir d'entendre lors d'une prestation du groupe) comme Used, Diffidentia, Nightmist, Inside, Ashes, Handful of Nothing ou Undertow (tous régulièrement joués en concert depuis quelques années) et quelques nouveautés bienvenues comme Linoleum, If You Wait (extraits du nouvel EP), Fandango (morceau extrait de Remedy Lane rarement joué live) et surtout, la surprise de la soirée: l'intro Falling enchainée avec le magnifique morceau de bravoure The Perfect Element. Superbe et vraiment inattendu ! N'oublions pas que dans le rappel, le groupe nous gratifia d'une nouvelle chanson (Conditioned) à paraître sur le prochain album... bien rock et convaincante (et au tempo plus enlevé que les titres de Linoleum). En revanche, commencer ce rappel par la reprise de Hallelujah comme ce fut le cas lors de la tournée précédente s'avéra nettement moins surprenant. Cependant, je dois dire que la version jouée ce soir-là me plut davantage que celle jouée il y a 2 ans (également disponible sur le dernier DVD du groupe), je l'ai trouvé plus aérienne, moins lourde... Les guitares, la basse et la batterie furent mises de côté pour laisser le champ libre au piano et aux choeurs. Un ensemble plus sobre... et plus émouvant donc. Le concert se termina sur la seule compo extraite de Scarsick ce soir-là: l'excellente Disco Queen qui eut le mérite de mettre une bonne partie de la fosse en ébullition, ça sautait et dansait à tout va. Belle conclusion.

 Que retenir de ce concert, au final? Que le groupe est de plus en plus à l'aise et fun sur scène, ce qui m'a permis de passer une soirée très réussie. Soit, les râleurs trouveront que certains morceaux ont été un peu joués "en roue libre", qu'il y a eu quelques petits pains (pas faux, notamment sur certains solos de Daniel)... et ils ont le droit de penser cela. Mais je ne m'appesantirai pas là-dessus, non. Je retiendrai plutôt l'ambiance, la chaleur, l'humour et l'humanité profonde dégagées par ce concert. Ce ne fut probablement pas le show le plus renversant ou le plus "techniquement" parfait donné par Pain of Salvation, mais il y eu de l'émotion et de la générosité. Je préfère largement assister à un spectacle imparfait, mais humain et attachant, plutôt que de voir un musicien ne pas planter une seule note mais me laisser froid. J'attends la suite avec impatience...

 

Setlist:

1. Intro (Remedy Lane)
2. Used
3. Diffidentia
4. Linoleum
5. Ashes
6. Undertow
7. Falling
8. The Perfect Element
9. Fandango
10. Handful of Nothing
11. Drums Solo
12. Spirit of the Land
13. Inside
14. If you wait
15. Nightmist
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16. Hallelujah
17. Conditioned
18. Disco Queen