Patrick Rondat

Interview date

Juin 2009

Interviewer

Yann

I N T E R V I E W

Interview Patrick Rondat


20 ans après la sortie de "Just For Fun", te voilà ici au Nouveau Casino entouré de plein de guests à donner un concert anniversaire. As-tu toujours le même "Fun" que tu avais en 1989 ?

C'est pas pareil. Quand tu as accompli une partie de tes rêves, c'est différent, je peux pas comparer. J'ai toujours envie de jouer, j'ai toujours envie de faire de la musique, j'adore faire des concerts, j'ai la même passion pour ça. C'est pas exactement pareil puisque quand tu fais un premier album, tu as une envie de reconnaissance, de te faire connaitre, tu as envie d'atteindre certaines choses. Là, j'ai fait un peu le tour, j'ai vu certaines limites aussi sur la musique que je fais au niveau de la promotion et de l'étendue que ça peut avoir. C'est un premier bilan, ce n'est pas tout à fait le même état d'esprit.

Est-ce que Nina Scott sera là ce soir pour reprendre "No Easy Way Out" ?

Non, je n'ai plus du tout de contact avec plein de gens.

"Hard-Rock Rendez-Vous", la compilation du hard-rock des années 80, est vraiment le LP qui t'a lancé. Parmi tous les participants, tu es un des seuls à être encore là au devant de la scène aujourd'hui. Comment expliques-tu cela ?

Ce qui m'a sauvé et ce qui n'était pas prévu au début c'est que ce soit sous mon nom et ça soit de l'instrumental. Ce n'était pas fait exprès mais c'est à mon avis ça qui a sauvé le truc. Si ça avait été un groupe avec un nom de groupe et des membres, il y aurait eu séparation. Il y a aussi le style musical, quand c'est chanté, tu es plus en lien avec un environnement musical. C'était du rock, hard-rock FM de l'époque. Quand le death-metal est arrivé, tu ne pouvais pas d'un coup couper tes mèches blondes et dire "je fais du death metal" mais il y en a qui l'ont fait.

Parlons désormais de l'époque "Rape Of The Earth". A l'époque, cet album était révolutionnaire. Ca te fait quoi d'entendre des fans crier "Barbarians At The Gates" lors de tes concerts 18 ans après ?

C'est génial !

Qu'as-tu fait lors du long break entre "Rape Of The Earth" et "Amphibia" ?

J'ai surtout travaillé avec Jarre.

Puis il y a eu l'expérience G3 et ta rencontre avec Satriani. Ca fait quoi de se retrouver devant 5000 personnes entre Satriani et Schenker ?

C'est énorme, c'est indescriptible. Joe m'a vu un quart d'heure avant qu'il ne monte sur scène, il m'a montré la structure, il m'a dit les grilles de tonalité, les tours de solo, combien de tours chacun, combien de mesures... Il m'a dit tout ça très vite et il est parti sur scène. C'était à Lille et quand il a annoncé mon nom, ça a gueulé. Il m'avait écouté et choisi mais il ne savait pas vraiment l'accueil que j'aurais. J'ai vraiment été soutenu par le public français, il y avait une vraie fierté.

Sur ton album "On The Edge" vont commencer à apparaitre tes ouvertures jazz avec en guests Didier Lockwood au violon et Michel Petrucciani au piano. Raconte-nous comment s'est passé l'enregistrement des solos de "Why do you do things like that ?" ? En combien de prises Michel a-t-il pondu un tel solo ? Il avait eu le backing-track avant ?

Il a fait très peu de prises, je crois que c'est la 3ème. Il est arrivé comme ça sans avoir les backing tracks. On était quasiment en train de mixer l'album quand il est venu. On a fait 3 prises, non pas que la 1ère n'était pas bonne, il a fait une version qui était bien, une 2ème encore mieux et la 3ème était parfaite donc voilà. Y a rien à dire, tout était bon.

D'ailleurs, qui va se coller à ces 2 solos ce soir ?

On ne fait pas ce titre là ce soir. Manu le fait habituellement parfaitement, on l'a souvent fait sur scène. En fait, j'ai invité des gens ce soir et j'ai demandé aux invités de choisir leurs morceaux. Y a des morceaux de "Just For Fun", de "Rape Of The Earth" ... Il y a des invités ce soir qui sont partis totalement du métal, par exemple un clavier avec qui je jouais en 1989 qui est parti dans le jazz et on fera une version de "Nuages" - ni la mienne, ni une version manouche, on partira sur une impro autour de "Nuages". Mais sinon, ce sont les invités qui ont choisi les morceaux, ce qu'ils avaient envie de jouer aussi.

Vas-tu jouer "Amphibia" en entier ?

Oui. Elle sera légèrement plus courte. Généralement sur scène, je la coupe un peu, je raccourcis un peu des solos ; quand il y a 2 fois des plans, j'en enlève 1 mais elle fera quand même 22-23 minutes.

Tu as joué sur 2 albums d'Elegy, et tu as même piqué le batteur. Qu'as-tu appris avec un chanteur comme Ian Parry ?

Ca m'a mis un peu dans la scène prog', Ian était à fond là dedans, moi pas tellement. Et le fait d'avoir bossé avec Vanden Plas a eu un impact. J'aurais pu utiliser des débuts de rythmiques d'"An Ephemeral World" sur du Elegy.

Quels sont les retours qui tu as reçus sur l'album classique avec Hervé N' Kaoua au piano ?

J'ai eu des bons retours malgré des gens qui n'adhèrent pas et qui n'ont pas apprécié la démarche. Je ne vais pas dire "mitigé" parce que c'est mieux que ça. Je m'en fous parce que j'avais envie de le faire, on l'a fait à fond. C'est vraiment un challenge, c'est un truc que je voulais arriver à faire et je suis très content de l'avoir fait.

Peux-tu nous parler de tes guests de ce soir ?

Y a ceux qui sont disponibles. Malheureusement, on ne parle pas de Christian. Il y a Pascal qui doit venir, il est venu à la répèt', normalement il doit venir mais il a quelques galères, je croise les doigts pour qu'il vienne. Il y a Fred Guillemet, le premier bassiste, qui vient sur 1 titre ; Hervé qui vient sur 2 titres ; Phil Woindrich qui est sur "Amphibia" qui vient sur 2 titres ; Philippe Maullet qui était sur "Amphibia Tour" et qui va venir sur 2 titres aussi ; Alexis Tcholakians, le clavier qui était sur la 1ère tournée en 1ère partie de Blue Oyster Cult en 1989, avec qui je vais faire "Nuages". Il manque Frank Bessard qui a fait le G3 avec moi mais qui est en tournée actuellement et qui ne pouvait pas venir.

On se retrouve dans 20 ans au même endroit avec autant de cheveux et 6 nouveaux albums, tu es d'accord ?

Ca me parait difficile ... (rires)

Pour les cheveux ou pour les albums ?

Pour les 2 (rires)

Et le nouvel album avance ?

Je commence à m'y mettre, je commence à stocker des idées, ça va se faire mais il me faut du temps. Je ne veux pas enchainer des albums qui se ressemblent, je veux de la maturité.