Sepultura

Date

31 Juillet 2011

Lieu

Vox à Toulon

Chroniqueur

florentv

L I V E R E P O R T

Plus de vingt-cinq années au compteur, un paquet de classiques dans la besace, une apogée dans les années 90 puis une descente pour atteindre les bas fonds dans les années 2000, Sepultura et Andreas Kisser ont tout connu. Avec un nouvel album qui semble bifurquer vers une musique plus lourde, moins tribale, Sepultura semble vouloir tirer un trait définitif sur la période Cavalera. Et quand on voit les performances de Max dans ses projets et que l'on compare à ce qu'a donné Sepultura le 31 juillet dernier dans la petite salle du Vox, devant quatre-cent personnes (n'oublions pas qu'ils ont rempli des stades) on se dit que le groupe s'en sort mieux sans son ex-leader. Ce soir là pour vingt-deux euros seulement (quarante-quatre pour ceux qui, comme l'imbécile qui écrit ces mots, confondent place de concert avec chèque cadeau) vous assistiez à une performance mémorable. Tout simplement.

Oil Carter (myspace), groupe toulonnais qui joue à la maison donc, entame les hostilités. Dans un style hybride entre Pantera et Sepultura, le groupe local offre une première partie détonnante. De mémoire, j'ai rarement vu (pour ne pas dire jamais) une première partie aussi efficace.

Oil Carter

Le son est énorme, les zicos assurent tous comme des pros, alors qu'ils sortent tout juste leur premier album, bref tous les ingrédients sont là pour faire monter la sauce. Dans les morceaux marquant du set on peut retenir Dig avec son sample de Full Metal Jacket en guise de motivation pour la baston dans la fosse ("fais voir ta gueule de guerrier"), ou encore la grosse baffe finale avec Volcanic. Mais par dessus tout, cette première partie est marquée par la reprise de Slave New World composée par... Sepultura. Bizarre non ? Une première partie qui reprend un morceau de la tête d'affiche. Mais quand Kriss (chant) annonce l'arrivée sur scène de Andreas Kisser, la notion de reprise est floutée. Oui vous avez bien lu, le guitariste de Sepultura, Andreas Kisser, vient jouer sur scène un morceau de Sepultura avec le groupe qui fait la première partie.

Andreas Kisser Et Oil Carter

Je ne peux pas être plus clair. L'effet sur le public est dévastateur. La foule se fait compacte sur le devant, virile sur le milieu et gueularde dans le fond. Kisser s'éclate sur scène, Oil Carter encore plus. Jamais je n'ai vu un groupe aussi content de jouer. Jamais. En fin de concert, le groupe est ovationné et on les retrouvera logiquement au premier rang durant le concert de Sepultura. Fin de la première partie et l'ambiance est déjà impressionnante !

Setlist de Oil Carter:

  1. Something
  2. Whisky
  3. Raising
  4. Owner
  5. Dig
  6. Slave New World (avec Andreas Kisser)
  7. Billy
  8. Bitch
  9. Volcanic

Pendant le changement de matos petit tour au bar pour une réhydratation express, nécessaire avec le climat tropical qui règne dans la salle.

Batterie Sepultura

Le noir se fait et les samples de Arise annonce l'arrivée du quatuor. Arrivée pêchue et directe, comme le permet ce classique du groupe. Rapidement un léger défaut apparait, la taille de la scène. Derrick Green avec sa carrure d'armoire à glace est assez limité dans ses déplacements.

Derrick Green Derrick Green

Mais rien de bien méchant, le frontman a une présence impressionnante. De par son physique d'une part, mais également par ses mimiques et son regard halluciné lorsqu'il chante. Sepultura enchaîne sans transistion avec un Refuse/Resist ravageur. Plus de quinze ans que Chaos AD est sorti. Pas une ride. Ce genre de morceau aurait pu être composé la semaine dernière il serait ancré en plein dans son temps. La setlist couvre toute les périodes, avec quand même pas mal de morceaux de Kairos. Ces nouveaux morceaux sont bien accueillis, et le public les connait déjà plutôt bien. Preuve supplémentaire que Sepultura est en train de revenir en force parmi les grands du metal. La reprise de Ministry, Just On Fix figurant sur Kairos, est très réussie. Je disais que la setlist couvrait l'ensemble de la disco du groupe, pas tout à fait quand même, les albums moyens période Igor sans Max sont quasi absents.

Le son est énorme, les musiciens très en forme. Kisser place ses soli avec facilité.

Andreas Kisser

Fait notable, Jean Dolabella (batterie) est présent mais pas sur scène. Blessé au bras, il suit le groupe dans ses dates mais reste à la console et profite à distance du plaisir de ses potes. Il est remplacé par Amilcar Christófaro du groupe brésilien Torture Squad. Cette date est seulement son deuxième concert au côté de Sepultura, mais le bonhomme maitrise déjà parfaitement les morceaux. Bluffant.

Andreas Kisser Derrick Green


La déconne est au rendez-vous, tout le long du set. Green sous ses airs "je suis méchant, si tu bouges je te mange tout cru" est drôle, très à l'aise avec le public et surtout s'adapte sans cesse à l'ambiance de la salle. Un moment de silence, "Je vous ai dit de vous taire?". Voilà le genre de petit détail qui fait qu'un concert passe de très bon à génial. Pas prise de tête pour deux sous, le groupe s'éclate. Kisser lance Slave New World. S'arrête au bout de quelques mesures. "Vous l'avez déjà eu celle-là !". Vient finalement Innerself qui est annoncé comme la dernière chanson pour la soirée.

Andreas Kisser Derrick Green

Roots Bloody Roots n'ayant pas été jouée, on s'attend logiquement au rappel... qui ne se fait pas attendre, le public réclame le groupe avec ferveur. Retour de la bande, qui annonce qu'ils ne joueront qu'un seul morceau. Ils entament alors Brazil de Django Reinhardt. Pour enchainer sur Roots Bloody Roots, quand même. Et là déchainement dans la fosse. Ca slamme dans tous les sens, pogote à tout va, chaos total dans le pit. Mais pourquoi cette chanson ne dure-t-elle pas dix minutes de plus ? Tellement géniale, on se demande pourquoi ils ne l'ont pas faite plus longue.

Green et Kisser

Fin de concert à l'image de l'ensemble, bestiale. Certes le public était acquis (concert à guichet fermé). Mais quand même, certaines choses, comme l'apparition de Andreas Kisser avec Oil Carter, ont fait de ce concert un moment exceptionnel. Une bonne découverte donc (Oil Carter), et les prémices du réveil d'un géant. Si vous voulez un aperçu de l'ambiance avant le concert et dans la salle un petit reportage vidéo est disponible ici (attention, son pas terrible). A noter que le cameraman a traversé la salle en slam, caméra au poing. Un concert comme on en voudrait à chaque fois ! 

Setlist de Sepultura:

  1. Arise
  2. Refuse/Resist
  3. Kairos
  4. Dead Embryonic Cells
  5. Desperate Cry
  6. Choke
  7. Sabbath What I Do
  8. Troops of Doom
  9. Just One Fix
  10. Sceptic Schizo
  11. Escape The Void
  12. Infected Voice
  13. Biotech is Godzilla
  14. Territory
  15. Innerself
  16. Brazil
  17. Roots Bloody Roots

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