Shadow Gallery & Manticora

Date

04 octobre 2010

Lieu

Le Nouveau Casino (Paris)

Chroniqueur

Blaster of Muppets

L I V E R E P O R T

Le quatre octobre dernier devrait passer à la postérité de par son caractère historique. En effet, c'est ce jour-là que sont venus, pour la première fois de leur carrière, les Américains de Shadow Gallery (dont c'est également la première tournée) dans notre belle capitale. Pour tous les amoureux de metal progressif, ce rendez-vous était forcément immanquable... De mémoire, on n'a rarement attendu aussi longtemps pour qu'un groupe se décide à tourner (leur premier album remonte tout de même à 1992 !).
Mais les Américains ne sont pas venus seuls, en fait, ils se sont greffés sur la date prévue par les Danois de Manticora. Alliance inattendue et intéréssante... belle co-tête d'affiche !

C'est aux Norvégiens de Divided Multitude que revint la mission d'ouvrir les hostilités. Malheureusement, je ne pourrai rien vous en dire pour la simple et bonne raison que j'étais en pleine interview de Brendt Allman de Shadow Gallery pendant leur set. Au sortir de cet entretien, j'ai demandé à des amis ce qu'ils en avaient pensé, et ils m'ont confié qu'il s'étaient un peu ennuyés. Ils ont trouvé que le metal prog des norvégiens était inutilement compliqué, pas franchement original et servi par un chanteur limité. Ce n'est que leur avis, je ne peux confirmer ou infirmer ces propos...

Parlons plutôt de ce que j'ai vu et entendu. La première des deux têtes d'affiche à investir la scène du Nouveau Casino fut Manticora. Et il ne nous fallu pas longtemps pour comprendre que ces messieurs n'avaient pas fait le déplacement pour rigoler. Qu'on se le dise: sur scène, Manticora, ça bastonne sévère !

                        

Petite particularité du concert de ce soir: il y a un absent. Kristian, guitariste et compositeur du quintet, n'a pas pu se déplacer. Pour l'occasion, il fut remplacé par un guitariste discret mais tout à fait capable... dont je n'ai pas retenu le nom. Désolé...
Comme le groupe est venu nous présenter son nouvel album Safe, il choisit d'attaquer avec un extrait de celui-ci: In The Abyss of Desperation. Il n'est pas toujours aisé d'appréhender des morceaux inédits en concert, mais cela n'empêche tout de même pas d'être impressionné par la mise en place de Manticora. Les Danois envoient la sauce avec une détermination et une précision plus que convaincantes. Le riff est carré, et si certains avaient besoin d'être rassurés sur l'orientation du nouvel album, ils le furent probablement dès cette première mise en bouche. Il s'agit toujours bien de speed aux influences thrash si véloce qu'il en vient à faire passer les autres formations officiant dans ce style pour d'inoffensifs distributeurs de ballades. Et ce n'est certainement pas Playing God, exquise chanson extraite de l'excellent 8 Deadly Sins, jouée en deuxième position qui apportera une quelconque accalmie.
Pas le temps de souffler, voici A Lake That Drained, une toute nouvelle compo, qui se montre encore plus convaincante que la première chanson dévoilée ce soir. Et vous savez quoi ? Elle est aussi rapide et furieuse que les deux précédentes. Doté d'un excellent solo et d'un refrain épique, ce titre a décoiffé plus d'un chevelu dans la salle !

                        

Alors que les musiciens de Manticora continuent à nous livrer un set sans faille, on se demande bien pourquoi le groupe ne bénéficie pas d'un succès plus important. Ces messieurs sont extrêmement pros, leur technique de jeu est absolument remarquable: rapidité, netteté, précision... c'est pour le moins impressionnant. Soit, Lars (chanteur de son état) évolue dans un style un brin limité et ne se distingue pas comme le plus grand vocaliste du genre. C'est sans doute le petit point faible du groupe... Cependant, le bonhomme donne tout et fait preuve d'un charisme évident... en plus d'être extrêmement sympathique. Alors, en le regardant faire, on se laisse embarquer avec plaisir et on finit par se moquer du fait qu'il n'ait pas la voix d'un Roy Khan, la grâce d'un Michael Kiske, ou la puissance et l'aisance d'un Russell Allen... ou d'un Jorn Lande.

 

Les titres s'enchaînent et les Danois ne semblent toujours pas décidés à lever le pied. "Vite" et "fort" semblent être les maîtres mots de la soirée ! Ah si... ils finissent par céder et se fendent d'un Gypsies' Dance Part 2 (judicieusement interprêté à la suite de la première partie). Une belle occasion pour le batteur de laisser (un peu) reposer ses mollets qui devaient être à la limite de l'implosion...
Après cet interlude, c'est reparti pour une bonne dose de MGV (Metal à Grande Vitesse). Cantos, puis Shadows With Tales To Tell (en rappel) viennent refermer un set parfaitement huilé. Le groupe a vraiment l'air de se faire plaisir sur scène. Lars et ses amis arborent des mines réjouies et leur entrain est communicatif. On s'en est pris plein la tête, et c'est dans la bonne humeur que s'achèvent ces soixante-dix minutes de speed metal bien intenses. Il est maintenant temps de souffler... et de reprendre des forces pour la suite.

 

Setlist Manticora :

1. In The Abyss of Desperation
2. Playing God
3. A Lake That Drained
4. Haita Di Lupo
5. Keeper Of Time
6. From The Pain of Loss (I learned about the truth)
7. Gypsies' Dance part 1
8. Gypsies' Dance part 2
9. Cantos
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10. Shadows With Tales To Tell

 

 

Quand les lumières s'éteignent à nouveau, Bohemian Rhapsody de Queen est diffusée en guise d'introduction. Au bout de quelques minutes, les musiciens de Shadow Gallery montent sur scène et font chanter le public sur ce classique. Voilà une façon bien étrange de démarrer un concert ! L'ambiance est chaleureuse et décontractée, on est curieux de découvrir ce qui va suivre, l'excitation est à son comble. Mais quand même, la prochaine fois, vous pouvez pas choisir une chanson un peu moins longue pour accompagner votre entrée ? Oui, oui, je suis impatient. Mais bon, ça fait quand même quinze ans que j'attends une visite des Américains... il faut me comprendre.

                                                           

A quelques secondes du début du concert, de multiples interrogations se bousculent dans ma tête. "Mais que va donc donner ce groupe culte qui n'a jamais tourné auparavant ?" et "Ne sommes-nous pas promis à une certaine déception ?" sont certainement celles qui me hantent le plus. Mais les doutes et les questions sont vite balayés. Les musiciens attaquent leur set en faisant honneur à l'un de leurs plus beaux albums: le remarquable Tyranny. Ce sont donc Stiletto In The Sand, War For Sale et Mystery qui ouvrent le bal, sous les acclamations d'un public visiblement ravi. Et comment pourrait-il en être autrement ? La vérité s'offre à nous comme une évidence: le groupe assure !
En toute décontraction et efficacité, les virtuoses (le terme n'est ici vraiment pas usurpé) nous livrent une prestation classe et impressionnante. Le son est assez fort et puissant mais ne fait pas forcément honneur aux guitares dont on peine parfois à distinguer les mélodies. Cela dit, ce n'est pas un massacre non plus... disons que l'ensemble sonne quand même de belle manière, mais qu'il est perfectible.
Pendant la chanson Mystery, je tourne la tête et j'aperçois à quelques mètres sur ma gauche, Lars, le chanteur de Manticora, vraisemblablement aux anges, qui reprend sans hésitation toutes les paroles du morceau. Il nous l'avait bien dit, lors de sa prestation, que lui aussi avait attendu la venue de Shadow Gallery pendant une quinzaine d'années.

                                                           

Les titres s'enchaînent, et on reste bouche bée devant la performance des Américains. Gary Werhkamp manie la guitare et les claviers avec autant de dextérité, Joe Nevolo  martelle ses fûts avec adresse, précision et force, Carl Cadden-James se déchaîne sur sa basse et possède une présence scénique indéniable... Les autres ne sont pas en reste. Brendt Allman, tout sourire, nous balance des soli pour le moins impressionnants. On notera que, dans un souci de recréer au mieux la richesse des compositions du groupe, un troisième guitariste, jouant également des claviers, a été engagé pour épauler le groupe. Quant à Brian Ashland, à qui incombe la tâche de succéder au regretté chanteur Mike Baker (mort il y a maintenant deux ans), il s'en sort également avec les honneurs. Le bougre, pensant peut-être qu'il n'y avait pas assez de guitares sur scène, ira en agripper une à quelques rares occasions, histoire de nous montrer que lui aussi possède plus d'un talent.

Shadow Gallery impressionne en nous livrant des morceaux assez heavy mais non dénués de finesse ou de prouesses instrumentales. La force du groupe réside également dans l'exécution de nombreux choeurs de toute beauté. Il est en effet très fréquent d'avoir quatre musiciens chantant à l'unisson sur les refrains... et force est de constater que le rendu est excellent. L'ensemble de la prestation est à la fois belle, pêchue, technique, chaleureuse et harmonieuse. Un sacré tour de force !
En plus de cela, aucun album n'est oublié, on a même le droit à l'enlevée Questions At Hand, unique rescapée du tout premier album. Les accalmies ne sont pas laissées de côté non plus. Quel plaisir que d'entendre des titres comme Destination Unknown (morceau pour lequel le bassiste se fendit même d'un petit solo de flûte) ou la magnifique Ghost Of A Chance !

 

En plus de cela, Carl Cadden-James n'oublie aucunement de remercier chaleureusement les fans pour leur patience, en précisant qu'ils leur ont permis, à lui et ses acolytes, de réaliser leur rêve... Il y aura également un petit "moment émotion" à l'évocation de leur ancien complice, Mike Baker.
Au rayon des surprises, le groupe jouera même un peu plus longtemps que prévu. Leur set devait initialement s'étaler sur soixante-dix minutes, il en dura une bonne quinzaine de plus ! C'est ainsi qu'on eut le droit aux excellentes Room V et Gold Dust en guise de rappel.

C'est un groupe ravi qui n'hésita pas à revenir sur scène pour serrer les mains des fans à la fin de son concert. Les musiciens descendèrent très vite parmi nous et se prêtèrent sans tarder au jeu des photos et dédicaces. Généreux et simples jusqu'au bout, les gars de Shadow Gallery ont su répondre aux espoirs placés en eux depuis si longtemps. L'ambiance de la soirée fut véritablement excellente et les sourires pouvaient se lire sur les visages à la sortie du Nouveau Casino. Il n'y a plus qu'une chose à espérer: qu'ils n'attendent pas quinze ans pour revenir nous régaler de la sorte ! 

 

Setlist Shadow Gallery :

1. Stiletto in the Sand
2. War For Sale
3. Mystery
4. Pain
5. Destination Unknown
6. Questions At Hand
7. Ghost of a Chance
8. Andromeda Strain
9. Crystalline Dream
10. Haunted
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11. Room V
12. Gold Dust

 

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