L I V E R E P O R T

Nous voilà donc repartis pour dix groupes de metal, parmi lesquels quatre pionniers du genre ! Mais commençons par le début, voulez-vous ?

Ce sont donc les frenchies de Mass Hysteria qui lancent la journée ! Une demie-heure de jeu, les Mass n'ont pas le temps de faire dans la dentelle, et dès le départ Mouss annonce la couleur : "On a qu'une demie-heure devant nous, alors on veut une véritable furia !!". Très dynamique, le groupe joue son va-tout, harangue la foule, met le bordel, prend son pied ! Agréable de voir des français représenter aussi bien le pays, avec tant de bonne humeur et de puissance ! Très bon groupe d'ouverture !

Plus tard, je me dirige donc vers la grande scène Appolo pour voir un groupe culte et paradoxalement méconnu du grand public metal. Il s'agit là du groupe qui a inspiré Metallica : Diamond Head ! Après tout, quoi de plus normal que de les voir dans ce festival ? Eux qui ont donné l'inspiration à Metallica de se lancer dans la musique ! Groupe ayant connu son apogée au début des années 80, je pensais qu'ils se faisaient maintenant vieux, peut-être trop pour subir la cadence et le rythme qu'impose un tel festival.

Que nenni ! Diamond Head s'est révélé excellent, au top de sa forme ! Le chanteur est en super forme, et franchement on ne dirait pas que ce groupe a plus de trente ans (non, franchement, le chanteur avec ses faux airs de Brad Pitt ne fait même pas quarante ans !) ! Et si le public ne connaît "bien évidemment" pas tous les morceaux du groupe (même si j'ai aperçu quelques warriors chanter tous les refrains !), personne ne restera stoïque devant Am I Evil ?, morceau rendu célèbre par Metallica notamment, et récemment par le Big 4 lors de sa réunion sur scène. Un bel hommage à Diamond Head, qui transpire de sincérité, et se fait vraiment plaisir en jouant devant tant de monde.

J'aimerais maintenant parler du quatrième et dernier groupe français de cette édition. Celui qui a marqué les années 90 là où Gojira a marqué les années 2000. Je parle bien sûr de Loudblast ! Accompagné de son dernier album sorti tout récemment, la bande de Stéphane Buriez a livré un très bon concert, mettant les quelques courageux de la fosse à leurs genoux. Pas facile pourtant de jouer avant Anthrax, tout le monde voulant être bien placé pour voir le premier groupe du Big 4 ! Mais Loudblast n'a pas froid aux yeux et va tout donner pour son public, avec une setlist avide de morceaux hargneux aussi bien que cultes comme Cross The Threshold ou le récent The Bitter Seed. Bien joué les gars ! 

Comme alors le moment que beaucoup attendaient avec impatience, dont moi puisqu'il s'agit d'un de mes groupes préférés... le premier groupe du Big 4 allait se présenter sur la scène principale... j'ai nommé... Anthrax !

A peine Belladonna arrivé sur scène, les cris de la foule se faisaient entendre, et le reste du groupe suivait. Seul Ian Scott manquait à l'appel, pour cause d'accouchement imminent (sa femme hein, pas lui), remplacé pour la tournée européenne par Andreas Kisser de Sepultura (celui-ci jouera d'ailleurs le riff de Refuse/Resist, pour le plus grand bonheur de tous !) ! C'est donc avec beaucoup d'entrain que le "vilain petit canard" du Big 4 (c'est celui qui a le moins vendu d'albums) commence son show, par le célèbre Caught In A Mosh qui réveillerait un mort ! Des pits formés par-ci par-là, Anthrax a secoué tout le monde, et les rides déjà apparentes de Belladonna n'affectent en rien ses prestations vocales, même si sa voix est bien évidemment beaucoup moins mélodique qu'à l'époque de Among the Living (considéré aujourd'hui encore comme leur meilleur album, à juste titre). En une heure, Anthrax déballe son sac, jouant tous ses classiques. Mention particulière à Antisocial, reprise de la célèbre version de Trust. Le public s'en est donné à coeur joie pour scander le refrain YOU'RE ANTI, YOU'RE ANTISOCIAL ! comme il se devait, une véritable symbiose entre un groupe culte et son public ! Le groupe termine sur I Am the law, et s'en va sous les applaudissement de tout le monde ! Bien joué Anthrax !

Mais hélas, toutes les bonnes choses ont une fin, et en attendant le prochain groupe du Big 4, le Sonisphere avait prévu Volbeat sur la setlist. Eh bien, force est de constater que les petits protégés de Metallica n'ont rien eu à envier aux autres ! Leur heavy metal aux faux airs de rockabilly en mélodie a fait mouche, et le public a vraiment accroché, répondant comme un seul homme aux appels de Michael (chant). Très bonne surprise pour tout le monde, encore du flair de la part du Sonisphere !

Place maintenant à un groupe culte parmi les cultes, celui qui a pour ainsi dire inventé le metal extrême : Slayer ! C'est l'air perplexe que j'attends leur venue, car Slayer n'est pas toujours au top de sa forme sur scène, et j'ai à vrai dire peur d'être déçu. C'est alors que j'entends résonner l'intro Darkness of Christ, et là, Ô joie, Slayer va entrer sur scène, en commençant par mon morceau préféré, Disciple ! Et là...c'est l'horreur. Ce morceau, Disciple, est littéralement foiré. Un Lombardo qui joue beaucoup trop fort, des grattes qui manquent de puissance, un chant pas assez entraînant... whoa, me voilà extrêmement déçu. Pas le temps d'être déçu par un morceau, me dis-je, la suite sera sûrement mieux. Et en effet, la suite fut mieux. Déjà, voir Araya jeter un long regard heureux et fier à son public, ça n'a pas de prix. Vous savez, ce large sourire qui trahit de la fatigue mêlée à une certaine fierté d'avoir réalisé quelque chose de géant... eh bien, ce sourire là, c'était celui qui animait le visage d'Araya, quelque chose de sincère qui vous montre qu'un homme est content de ce qu'il a fait. Cependant quelque chose me gêne, j'ai l'impression que Slayer n'est pas au top. Alors certes, certains morceaux sont réussis, voire maîtrisés à la perfection (Angel of Death, Raining Blood et Dead Skin Mask notamment), mais d'autres le sont moins, et à vrai dire le groupe ne semble pas enthousiaste, mis à part Gary Holt qui s'éclate comme un gamin sur scène. Vous ne savez pas qui est Gary Holt ? Eh bien, Hanneman étant encore en convalescence après son opération chirurgicale, c'est lui, le gratteux d'Exodus, qui le remplace ! Voilà, et à vrai dire Araya ne fait rien pour mettre le feu aux poudres, alors que sa musique est, avouons-le, assez violente et propice à un bordel sans nom dans la fosse. Par exemple, pourquoi ne pas attendre quelques secondes pour pousser le public à un wall of death géant sur War Ensemble ?

Bref, bilan très mitigé pour Slayer, et à vrai dire j'ai été un peu déçu. C'était...sympathique, certes, mais de la part d'un groupe aussi légendaire qu'influent dans l'histoire de la musique on était en droit d'attendre plus !

Le groupe qui suivait, pour tout vous dire, je ne le connaissais guère que de nom, mais jamais je n'avais entendu ne serait-ce qu'un riff. Il s'agit du groupe Papa Roach, qui, à cause de problèmes techniques, a dû commencer trente-cinq minutes en retard et ainsi écourter son set. Chose qui, honnêtement, n'était pas plus mal tant le groupe semblait mal en point. Ce n'était pas véritablement dégueulasse, n'exagérons rien, mais loin d'être transcendant. Allez, j'ai bien fait de rester bien placé pour le troisième groupe du Big 4, j'ai nommé Megadeth ! 

Bon, je ne vais pas faire durer le suspense, c'était géant ! C'est clairement le groupe du Big 4 que j'écoute le moins, et pourtant c'était une véritable claque ! Oui messieurs dames ! On reproche souvent à Mustaine de ne pas être au top vocalement, eh bien ce n'était pas le cas ici ! Quel plaisir de voir le groupe le plus technique et le plus créatif du Big 4 (Megadeth est à mon sens celui qui a la discographie la plus riche et la plus intéressante) interpréter tous ses classiques, tous ses chefs d'oeuvre ! Peace Sells, Symphony of Destruction, Holy Wars, Hangar 18...on a même eu droit à un morceau du prochain album (Th1rt3en, dans les bacs le 31 octobre!), et au célèbre morceau dont le refrain est chanté en français, A Tout le Monde ! Inutile de vous raconter la joie du public à chanter ce refrain à pleins poumons ! Et puis ce qui est agréable avec Mustaine et ses compagnons, c'est ce génie musical, tant dans la composition que dans la technique. Aucune fausse note, tout est joué à la perfection, pour notre plus grand bonheur. Megadeth au sommet, devant nos yeux, en France, vraiment génial quoi.

Je passerai sur Tarja, que je n'ai guère vu que de loin, attendant l'arrivée de Metallica qui avait pourtant lieu dans un moment. Et à vrai dire, jouer ainsi avant la tête d'affiche a tout d'une corvée, surtout quand la tête d'affiche s'appelle Metallica. Ceci dit l'ex-Nightwish a vraiment une voix magnifique, j'ai pu le constater de mes propres oreilles alors que je n'avais jamais véritablement entendu ce qu'elle faisait, n'étant que peu intéressé par le metal symphonique. Ceci dit l'image qui m'a marqué est que nous étions là loin de l'habituel one-man-band des stars avec, en arrière-plan, des musiciens peu importants. Tarja Turunen était véritablement en osmose avec tout son groupe, tous ensemble formait quelque chose de musicalement assez intéressant. Mais maintenant, place à la tête d'affiche du festival, tant attendue par tout le monde !

Metallica, pendant deux heures, a envoyé 40.000 personnes au paradis ! Le set commence par Hit the Lights, qui ravive les souvenirs de leur premier album. Puis, juste derrière, boum, le morceau que n'importe quel amateur de metal rêve de voir un jour dans sa vie, le monstre Master of Puppets est lâché dans la fosse. Certains diront que c'est crever l'abcès un peu tôt, mais ça a au moins le don de déchaîner un public déjà excité ! Puis, quelques minutes plus tard, Seek and Destroy ! C'est parti pour la fête ! Que dis-je, ce n'est plus une fête, c'est une communion ! James Hetfield est un véritable showman. J'ai souvent critiqué Metallica pour son indéniable côté commercial, eh bien je dois admettre qu'en concert ce n'est plus un groupe, mais un festival à lui tout seul ! Metallica nous sort ce soir-là une setlist très "old school" : sur dix-sept morceaux joués, douze datent de l'époque d'avant-"Black Album" (pour mon plus grand bonheur). Même des morceaux relativement peu joués tels que Ride the Lightning et The Call of Ktulu étaient présents ; à noter la controversée disparition de la ballade Nothing Else Matters. Bon, sinon, tous les classiques sont là, rien que du bonheur d'entendre One, Fade to Black, Sad But True, Welcome home (Sanitarium), Blackened...

Et mis à part un Lars Ulrich à la ramasse, les Four Horsemen (enfin, les trois autres plutôt !) sont au top ! Hammett se livre dans des impros parfaites, sans fausse note, qui frisent la perfection, et reste magistral dans les morceaux du groupe ! J'ai toujours préféré Robert Trujillo dans Infectious Grooves et Suicidal Tendencies, mais dans Metallica il fait le boulot, et il le fait bien, avec un jeu de scène cool et détendu, on voit qu'il prend vraiment son pied sur scène... normal en même temps, vu la simplicité des compos à la basse dans ce groupe par rapport à son véritable niveau... à ce propos, mon seul regret est le solo qu'il a livré, assez décevant au vu de son niveau impressionnant en temps normal et le groove qui l'habite ! James Hetfield, quant à lui, dépasse le simple cadre du chanteur. Il communie véritablement avec le public, qui n'a d'yeux que pour lui, et malgré les milliers de concerts qu'il a livrés dans sa carrière, on voit qu'il prend un réel plaisir à être sur scène... nul doute que ces musiciens multi-millionaires doivent avoir un sentiment de surpuissance incroyable lorsqu'ils voient tant de monde à leurs pieds...

James Hetfield parle souvent de la "Metallica Family". J'ai toujours considéré cela comme du blabla pour rallier le public à sa cause. Aujourd'hui je comprends la puissance et la véracité de cette expression. Metallica et le public ne faisaient qu'un, jets de flammes, de ballons, interaction avec le public ("do you feel it like I do ?"). Metallica est à mon avis le plus grand groupe du monde en live, je ne pense pas qu'on puisse faire mieux actuellement. Metallica au sommet de l'univers. Now I'm part of the Metallica family.

Un petit mot pour finir, avec le désormais traditionnel jam du Big 4 sur scène ! Enfin, ce soir-là pas de Big 4 au complet malheureusement, Megadeth et Slayer ayant dû repartir sur-le-champ pour un autre concert. Mais Anthrax et Metallica étaient toujours là, accompagnés en plus du guitariste de Diamond Head, pour nous jouer une reprise de Helpless ! Moins connue évidemment que Am I Evil? mais tout aussi jouissive ! Une fin parfaite pour un concert tout aussi parfait, what else ? 

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