Steven Wilson

Date

12 Novembre 2013

Lieu

Lausanne

Chroniqueur

dominique

L I V E R E P O R T

C’est presque par hasard que j’ai remarqué la venue de Steven Wilson tout près de chez moi, à Lausanne, pour ce qui était l’un de ses derniers concerts de la tournée européenne de The Raven that Refuse To Sing, son récent album solo. Près d’un an après sa sortie, ce disque reste pour moi le meilleur album de cette année 2013 et je ne pouvais donc pas manquer de le voir jouer sur scène par le groupe. Bien m’en a pris. Le concert fut dense, intense et imaginatif à l’image de ce qu’est The Raven…

La salle des Docks est un lieu approprié pour ce genre de concert. En pleine zone industrielle, la salle peut contenir environ 500 personnes toutes très près d'une scène qui, grâce à une légère surélévation, permet de voir les artistes convenablement.  Pas de groupe d’ouverture, mais une vidéo qui met en scène un guitariste faisant la manche dans ce qui m’a tout l’air d’une rue anglaise. Le concert démarre tout doucement avec l’arrivée de Steven Wilson seul avec sa guitare sèche. Il interprète un titre des Porcupine Tree (Trains) qui va lancer un concert d’une durée de près de deux heures trente. Le cœur de celui-ci sera composé des titres du dernier album, Luminol et The Holy Drinker en tête. Je tente parfois de définir à mes amis ce qu’est la fusion jazz-metal. Et ils me regardent toujours avec un regard goguenard. Mais s’ils avaient été présents, ces deux titres, ainsi que le nouveau morceau joué un peu plus tard, auraient suffi à eux-mêmes pour expliquer mes propos. Flûte, clavier, saxo se fondent tellement bien avec la basse, la batterie et les guitares que l’on croirait ce mélange tout à fait naturel. Même les chansons des albums précédents comme Postcard soulignent cette fusion. Après un Drive Home aérien, le groupe nous gratifie d’une chanson tellement nouvelle qu’elle n’a pas encore de nom (Steven Wilson nous demande par ailleurs de ne pas la mettre en ligne après le concert). Ce titre long d'au moins dix minutes est tout à fait dans le même esprit que les titres de The Raven… C’est jouissif et le public ne s’y trompe pas. La seconde partie du concert met en valeurs des morceaux plus anciens. Tous s’enchainent comme des perles sur un collier. Le duo The Watchmaker et Index se nourrit du stress initié par la vidéo de lancement de The Watchmaker. Harmony Korine et Raider II soulignent que le virage artistique pris par Steven ne date pas du dernier album. Et enfin, The Raven that refuse to Sing est encore plus émotionnelle sur scène que sur le disque. Un rappel plus tard, le concert se termine avec une autre nouvelle chanson (Happy Returns), plus pop que metal ou jazz. Le public applaudit à tout rompre, complètement en harmonie avec le groupe. Les musiciens sont individuellement présentés par Steven Wilson. Ils reçoivent des bravos à la hauteur de leur talent. Guthrie Govan à la guitare, le grand blond Nick Beggs à la basse, Adam Holzman aux claviers et Theo Travis aux instruments à vent ont apporté toute leur expérience et leur classe. Et comme le remplacement de Marco Minnemann (parti travaillé avec Joe Satriani) par Chad Wackerman à la batterie n’a posé aucun problème, la soirée fut complète et admirable.

La vrai surprise fut la grande capacité de Steven Wilson à communiquer avec le public. Non seulement ce type vit sa musique (il faut vraiment le voir sur scène, c’est étonnant), mais il nous a expliqué que, en tant qu’autodidacte, il ne sait pas lire de partition. Cet aveu fait, il nous a démontré, avec l’aide de Guthrie Govan et d’un mysterieux suédois perdu dans une forêt, comment se passaient les phases d’écriture et de composition. Un pur moment de plaisir avec Steven qui donne une image (le Suédois perdu dans la forêt), qui la fait évoluer et qui demande à Guthrie de l’exprimer avec sa guitare. Au final non seulement le Suédois est perdu, mais sa femme et ses enfants sont partis, des Trolls sont à sa poursuite et il a des tendances suicidaires… tout un programme.

Bref plus qu’un excellent concert, cette soirée fut une communion avec le public et les atmosphères proposées par les différents albums. Que du bonheur !

Setlist de Steven Wilson :

01. Trains (Porcupine Tree)
02. Luminol
03. The Holy Drinker
04. Postcard
05. Drive Home
06. Untitled New Song
07. The Watchmaker Video
08. The Watchmaker
09. Index
10. Harmony Korine
11. Raider II
12. The Raven That Refused to Sing

Rappel :

13. Remainder the Black Dog
14. Happy Returns

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