Artiste/Groupe:

7Weeks

CD:

A Farewell To Dawn

Date de sortie:

Octobre 2016

Label:

Overpowered Records

Style:

Stoner Subtil

Chroniqueur:

Didier

Note:

15.5/20

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Je profite de ce début d’année 2017 glacial pour finir des chroniques de 2016 que j’avais sur ma longue liste de trucs en retard. Il aurait en effet été difficile et injuste de zapper le dernier album en date des français de 7Weeks. Le groupe de Limoges livre, avec ce A Farewell To Dawn, leur quatrième album qui fait suite à l’excellent Carnivora (sorti en 2013). Entre temps, ils ont sorti l’EP Bends auquel j’avais un peu moins accroché.
Le groupe s’articule toujours autour du duo compositeur Julien Bernard (chant, basse) et Jérémy Cantin-Gaucher (batterie). Ils sont accompagnés à la guitare de Philippe Blanchard. Voilà pour les présentations des individus. Pour ce qui est du groupe, c’est un peu plus compliqué car 7Weeks est bien plus qu’un groupe de stoner. Ca a toujours été le cas et cet album ne fait que le confirmer et ne parler que de stoner serait extrêmement réducteur. On est ici en présence de rock stoner, progressif, varié, toujours inspiré, toujours recherché, très subtil et particulièrement mélancolique, presque dépressif même. Le premier morceau, King Of The Mud, ne fait que confirmer mes dires : c’est mid tempo, presque lancinant avec un effet de voix parlées derrière le chant puissant de Julien. La basse est lourde, saturée, le son énorme. Le refrain est accrocheur, la production est extrêmement soignée, Francis Castre est à la baguette et il assure. Philippe place un petit solo arabisant, tout en harmonie, classieux, avant de repartir sur les gros riffs guitare/basse saturée. On comprend dès les premières notes de ambiance lourde de The Ghost Beside Me que c’est l’ambiance de tout l’album qui va être pesante, pas juste le premier morceau.

La basse de Julien est épaisse à souhait, les multiples couches de guitare, dont une avec beaucoup d’écho, donne une très grosse profondeur au morceau, le chant est un peu planant, avec pas mal de chœurs. On remarque aussi l’utilisation d’un piano, au début et à la fin du morceau, en mode mono note, qui accentue ce petit côté inquiétant presque lugubre. Ohka est un petit instrumental qui sert d’intro à l’excellent Kamikazes. La basse et la batterie assurent une lourde rythmique alors que la guitare papillonne par petites touches.

J’aime bien ce solo de guitare un peu « off » sur Broken Voices, un morceau assez pêchu. A Farewell To Dawn est un autre instrumental planant, avec une sorte de batterie de marche militaire, qui n’annonce rien de bon et vient ajouter un peu plus de tristesse à un paysage qui semblait déjà bien noir. Le court instrumental sert cette fois d’intro à January, pour moi le meilleur morceau de l’album.

La basse de Julien dans ce morceau est monstrueuse, saturée, lourde, elle gémit et supporte tout le morceau. Le chant est grave, posé, des grosses nappes de clavier ajoutent à l’ambiance archi-pesante, le solo de guitare atmosphérique est très inspiré. On plonge alors dans l’intro de basse saturée de A Well Kept Secret (tout comme le talent de ce groupe !), une sorte de petit clin d’œil à Cliff Burton. Le morceau est plus enlevé, le refrain, chanté plus haut, est encore assez accrocheur. Le chant de Julien est excellent, son accent ici, comme sur tout l’album est bien meilleur que dans l’EP (où ça m’avait un peu dérangé). Je trouve par contre que le final en batterie toute seule fait un peu tâche. On termine cet album (déjà ??!) avec Knots, un morceau qui dévoile une autre facette de 7Weeks, plus metal progressif, avec un départ hystérique, pour finalement se calmer sur le couplet, avec une ligne de batterie génialissime de Jérémy. On retrouve pas mal d’effet sur la guitare (pas mal d’écho), et une lourdeur extrême dans la basse saturée qui ronronne derrière. Pour moi c’est l’autre pièce essentiel de l’album avec January. Le refrain reprend la frénésie de l’intro, au final un bon travail des alternances de styles.

Pour conclure c’est une franche réussite, dont on regrette un peu la brièveté. Avec trente-trois minutes au compteur incluant deux instrumentaux, on reste un peu sur notre faim. Le groupe prouve, quoiqu’il en soit, qu’il reste une valeur sûre du stoner-mélancolique-mais-pas-que français et qu’on peut compter sur eux pour produire des albums aboutis, subtils et travaillés (et se produire sur les scènes de France et de Navarre) dans l’indifférence quasi générale puisqu'on préfèrera dans les médias traditionnels un n-ième reportage sur le talent de Julien Doré, la tournée des enfoirés ou celle des Insus. Pfffff !

[Mode énervé : ON] Finalement notre problème en France n’est pas qu’on n'a pas de groupes de rock, mais plutôt qu’on n'a pas le public pour supporter tous ces excellents groupes de rock et de metal. Je ne sais pas si c’est un snobisme qui fait que l’on dédaigne le patrimoine musical national (c’est sûr que c’est plus facile d’être fan de Metallica, mais plus mouton aussi) mais ça me fait un peu penser aux gens qui préfèrent aller visiter les contrées lointaines, alors qu’il n’ont jamais visité aucune région de leur (pourtant magnifique) pays. [Mode énervé : OFF]. Dommage pour tous ces groupes talentueux qui se défoncent…


Tracklist de A Farewell To Dawn :

01. King in the Mud
02. The Ghost Beside Me
03. Ohka
04. Kamikazes
05. Broken Voices
06. A Farewell to Dawn
07. January
08. A Well Kept Secret
09. Knots