Artiste/Groupe:

7Weeks

CD:

Sisyphus

Date de sortie:

Janvier 2020

Label:

F2mplanet

Style:

Massive Rock

Chroniqueur:

Didier

Note:

17/20

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Sisyphe, dans la mythologie grecque, c’est le pauvre bougre dont le châtiment consistait à rouler une énorme pierre en haut d’une montagne dont systématiquement, elle retombait. On doit y voir une parabole avec la vie d’un groupe de musique au cours de laquelle les musiciens travaillent très dur pour sortir un nouvel album, mais qu’à chaque fois il faut tout remettre en question (line-up, label) et recommencer pour le suivant. On peut aussi y voir les galères et absurdités récurrentes de la vie de tout un chacun.

Pour ceux qui ne les connaissent pas encore, 7Weeks est un groupe de Limoges, formé en 2006 par Julien Bernard (basse/chant) et rapidement rejoint par Jérémy Cantin-Gaucher (batterie). Ils sont entourés dans le dernier line-up de Fred Mariolles (guitares) et Ph Marin (claviers/guitares). Ce Sisyphus et sa magnifique pochette, oeuvre de l’artiste Gilles Estines, font suite à l’album Farewell to Dawn sorti en 2016 et c’est le cinquième album du groupe. Difficile de classifier la musique de 7Weeks, qui fleurte avec le rock, le stoner, parfois le rock psychédélique, le grunge et le blues. Aux US, on dirait certainement Alternative Rock, le groupe préfère, lui, parler de Massive Rock et j’avoue que j’aime assez bien le terme. L’album est clairement inspiré de rock américain et il s’écoute d’une traite, comme un album concept. La légende de Sisyphe en a inspiré d’autres avant 7Weeks, comme Albert Camus par exemple qui, face à l’absurdité de la vie de ce pauvre Sisyphe en tire trois conséquences : la révolte, la liberté et la passion. 7Weeks me semble, avec cet album, racé et mélancolique, venir mettre en musique Camus et ses trois règles de vie, en neuf mouvements pour une quarantaine de minutes.

Sur Gone, on retrouve le son saturé des guitares, une grosse ligne de basse bien travaillée et un travail d’orfèvre de Jérémy derrière ses fûts. C’est lancinant, envoûtant ; le chant de Julien, sombre, colle parfaitement au concept. Des nappes de claviers viennent consolider le tout. 

J’adore encore la finesse du jeu de Jérémy sur Idols, un des meilleurs morceaux de l’album. C’est encore calme, presque chuchoté par Julien, ça monte en puissance sur le pré-chorus. Je réalise que 7Weeks me fait penser un peu à un groupe comme King’s X, tout aussi indescriptible, progressif, talentueux et inspiré. Sur ce morceau, le travail des guitares, tout en accords subtils, est vraiment génial. Le refrain de Julien est très accrocheur.
C’est le riff des guitares de Solar Ride qui accroche l’auditeur dès la première seconde. Le rythme est plus enlevé, le refrain est superbe, les claviers apporte un bon soutien.

Si vous aimez les grosses ballades, le titre éponyme de l’album va certainement vous plaire. L’ambiance est plombée, la guitare saturée, accentuée par les claviers et une ligne de basse aussi puissante que le chant de Julien. Manificient Loser est plus rapide mais toujours aussi torturée. Le travail de la batterie est superbe, les envolées de guitare le sont tout autant. Les riffs appuyés de la partie finale accentuent le côté stoner du groupe, un peu à la Headcharger. Breathe démontre que le groupe peut surprendre son petit monde. Le riff mono note et le tempo sont hypnotiques, les gimmicks de guitare saturée parfaitement placés, le solo au son bien trafiqué est des plus inspirés. Toujours en saturation totalement maitrisée, le morceau Insomniac hausse un peu le ton. C’est puissant, lourdement riffé, le refrain me fait encore penser à King’s X.
On plonge dans l’Amérique profonde avec The Crying River, le Mississippi peut-être, qui sait, en tous cas le riff de guitare à la slide, est très bluesy. Le chant et les effets de guitare font planer une ambiance menaçante sur ce morceau, l’apparition d’un léger banjo en toute fin de titre clôture cet épisode avec la moiteur d’un bayou de la Nouvelle Orléans. L’album se termine par un morceau assez speed et typé stoner au titre assez mystérieux de 667-Off (667 c'est 666+1 mais à part ça, faudra nous expliquer). Les guitares se déchaînent sur le couplet alors que sur le refrain, c’est plutôt les choeurs et les nappes de claviers qui ressortent. C’est le plus long morceau de l’album et il reserve un certain nombre de petites surprises, avec divers breaks d’ambiances différentes, un morceau à tiroirs.

Bon, comme j’ai tenté de vous l’expliquer, on tient là un excellent album de ce début 2020. Il n’est pas facile d’en tirer un morceau en particulier tant ils forment tous un tout totalement cohérent. Le groupe s’appuie sur ses racines stoner pour explorer des paysages musicaux bien plus subtils. Camus et sa théorie de l’absurde, je ne sais pas, mais ce que je sais c’est qu’il n’y a rien d’absurde dans cet album de 7Weeks. Les amateurs de rock racé et inspiré (Soundgarden, King’s X, RUSH) vont y trouver là une valeur refuge, emballée d’un artwork des plus classieux.

Tracklist de Sisyphus :

01. Gone
02. Idols
03. Solar Ride
04. Sisyphus
05. Magnificent Loser
06. Breathe
07. Insomniac
08. The Crying River
09. 667-Off

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