C H R O N I Q U E
Je suis certain que je ne suis pas le seul à regretter qu’Abaddon Incarnate ait changé de voie après son tout premier album, The Last Supper (1999). Cet album, enregistré au célèbre studio finlandais Tico Tico et masterisé par James Murphy, cultivait un death/grind chaotique et bestial ; pas tout à fait génial, mais qui laissait entrevoir une évolution vers quelque chose de très personnel. Le second album, Nadir, avait un plus gros son et rejoignait la voie du grind plus traditionnel ; malgré une déflagration sonore encore plus violente, la touche bestiale s’était totalement évaporée. Ce qui n’a pas empêché le groupe irlandais de sortir des albums de bonne facture, comme l’excellent Dark Crusade. Car on retrouve toujours une grande spontanéité sur chacun de leurs albums, avec une musique véritablement ancrée dans les racines du grindcore.
C’est encore plus vrai avec ce dernier Pessimist, qui a été enregistré en Irlande (au studio The Hive à Dublin) en une ou deux prises live en seulement trois jours d’enregistrement pour sonner le plus authentique possible, avec une production loin des standards ultra lisses et trafiqués actuels. Malgré cela, on distingue tous les instruments parfaitement et on n’y perd pas tellement en puissance.
On sent bien ici qu’Abaddon Incarnate revient sur des bases saines, avec plus de colorations crust et grind classique à la Napalm Death, avec toujours son duo de growler (aigu et grave) à l’instar d’un Nasum. Les thèmes abordés ici sont l’aliénation et la solitude qui accompagnent l’état dépressif, les individus atteints n’ayant plus de ressource pour se sortir de leur sphère de négativité. Si je ne l’avais pas lu, je ne l’aurais pas deviné…
C’est certainement leur enregistrement le plus « organique » depuis le premier album. Ca ressemble à une espèce d’hommage au grindcore primitif, nourri de punk/crust avec ce fameux d-beat fréquemment utilisé et entrecoupé de plans en blasts furieux ; on retrouve aussi les racines du death, mélangées à ce délicieux coktail à l’origine du metal extrême à la fin des années 80.
C’est violent et assez expéditif, en un peu moins de trente-six minutes. Je trouve tout de même que ça manque un peu d’ambition et de riffs vraiment marquants ; c’est certain qu’on ne fait pas un grand album simplement en repompant un style vieux de vingt-cinq ans, malgré toute la volonté et la conviction qu’on met à la tâche. C’est finalement le côté très primaire de l’album qui séduit et on passe quand même un bon moment, bien qu’assez peu mémorable.
Tracklist de Pessimist :
01. Pessimist 02. Aborted Genesis 03. Yester Hara 04. Warping the Necro Spawn 05. Broken Spectre 06. Fear 07. Impaled Upon Your Zodiac 08. Prison of Introspection 09. Nameless Grave 10. Morbid Epiphany 11. Solstice of Homicide 12. Undead Outcasts 13. Funeral Hag 14. Summoning Famine-Inherit an Empty World
Venez donc discuter de cette chronique, sur notre forum !
|