Artiste/Groupe:

Abigor

CD:

Höllenzwang (Chronicles Of Perdition)

Date de sortie:

Janvier 2018

Label:

Avantgarde Music

Style:

Black Metal

Chroniqueur:

Azagtoth

Note:

12.5/20

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Comme j'avais déjà eu l'occasion de le dire, se plonger dans un album d'Abigor n'est jamais une mince affaire. On dirait qu'avec les années, le duo PK/TT prend un malin plaisir à perdre son auditoire dans des compos toujours plus tortueuses et en apparence hermétiques.
Pour ce Höllenzwang, qui reprend le titre d'un ouvrage de l'alchimiste Johann Faust (écrit vers 1609), la donne semble avoir été changée et le groupe est censé livrer des morceaux plus épurés, moins complexes qu'à l'accoutumée. TT a arrêté de balancer ses blasts supersoniques et PK ses plans de guitares superposés aux mélodies labyrinthiques.
L'album s'en retrouve aussi plus court, puisqu'il ne dure que trente-six minutes, avec des titres qui n'atteignent jamais les cinq minutes.

Ce côté décharné est sans doute ce qui caractérise le plus cet album, ce qui tranche effectivement avec à peu près tout ce que le groupe autrichien a fait depuis ses débuts : que ce soit dans ses périodes médiévale, indus ou la dernière phase plus dissonante, Abigor a toujours cherché à remplir au maximum le spectre sonore, quitte à parfois le saturer.
Sur le papier, on a l'impression que, pour une fois, on va pouvoir comprendre quelque chose dès la première écoute, et même retenir facilement quelques plans mélodiques.
Mais c'est sans compter l'esprit tordu du duo et son goût prononcé pour l'alambiqué.

Certes, on comprend un peu mieux ce qui se passe sur cet album, et ce dès le premier « Lucifer! » tonitruant lancé par le génial Silenius (éternel membre de session, n'ayant pas complètement retrouvé sa place dans son groupe originel). De là à dire qu'Abigor fait dans l'accrocheur et l'immédiat, je ne franchirai pas ce pas.

Pour tout dire, je n'ai pas pris de plaisir à écouter cette galette les premières fois : le côté atmosphérique habituel manque cruellement dans ces compos décharnées et anémiques, manquant singulièrement de pêche et d'accroche. Qui plus est, les titres évoquent une espèce de satanisme primaire et bas du front, ce qui n'est pas digne des auteurs de Channeling The Quintessence Of Satan ou Fractal Possession. Abigor donne l'impression de livrer sa version (certes très personnelle) du black orthodoxe des années 90, eux qui avaient judicieusement évité de le copier à cette même époque.

Avec le temps et un peu de mansuétude de ma part, j'ai essayé de comprendre mieux cet album. Pour un groupe qui est sans cesse dans le renouvellement et l'expérimentation, il était fatal qu'ils en arrivent là à un moment donné. Il faut donc le prendre (ou le rejeter) comme il est. D'où ma note un peu bâtarde : je comprends et apprécie la démarche à sa juste valeur, mais Höllenzwang ne tournera pas en boucle chez moi. C'est véritablement l'album le moins intellectuel d'Abigor, mais le groupe semble avoir échoué à pondre quelque chose d'intelligible à la première approche. Rien de catastrophique ni d'irréparable en soi, juste une vaine tentative qu'on leur souhaite de ne pas renouveler.

 

Tracklist de Höllenzwang (Chronicles Of Perdition) :

01. All Hail Darkness And Evil
02. Sword Of Silence
03. Black Death Sathanas (Our Lord's Arrival)
04. The Cold Breath Of Satan
05. None Before Him
06. Olden Days
07. Hymn To The Flaming Void
08. Christ's Descent Into Hell
09. Ancient Fog Of Evil