Allochiria

Artiste/Groupe

Allochiria

CD

Omonoia

Date de sortie

Janvier 2014

Label

Indépendant

Style

Sludge, Post-Metal

Chroniqueur

Mythos

Note Mythos

15/20

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C H R O N I Q U E

Allochiria, jeune groupe grec formé en 2008, officie dans du Post-Metal aux consonances Sludge. Vous connaissez peut-être mon pessimisme concernant l’émergence d’une scène dite « Post-Metal », ce à quoi s’ajoute le retour à la mode du Sludge comme ingrédient supplémentaire d’une soupe souvent déjà froide. Mais ne jetons pas la première pierre trop rapidement. Si Allochiria part visiblement sur de mauvaises bases, qu’en est-il de la teneur réelle de l’album ?  

L’introduction, Today Will Die Tomorrow, est une lente montée progressivement sludgy, pas exceptionnellement originale, mais qui tient relativement bien la route. Elle permet en tout cas d’annoncer la prochaine, Oppression, qui gagne en agressivité et en intensité. Une voix, qui nous ferait vraisemblablement penser aux démarcheurs/traders des années soixante, entame la lancée à une folle allure, celle du mec qui pourrait vous faire faire acheter n’importe quel carpette persane bas de gamme, « get the big money ! » crie-t-il ! Les petits jeunes d’Allochiria sont engagés, on le sent. Mais quand on sait ce qu’il se passe en Grèce, on le comprend aisément. Et c’est sans doute cette rage qui donne le change au groupe, rage que l’on perçoit dans la magnifique voix d’Irène, car oui c’est une chanteuse ! Rage tout en force, qui arrose littéralement la piste d’une énergie invocatrice. On se réjouit d’entendre une voix si brutale, parfois même poussive. Mais ici « poussive » résonne comme un joli compliment, car quand on joue du Post-Metal orienté Sludge, il faut y sentir une énergie chaotique, celle du Post-Metal, en même temps que d’y entendre une machine qui s’allume tout en puissance, lentement, mais sûrement, vers le Sludge annoncé. Cela se ressent assez bien dans la musique d’Allochiria qui parvient à allier les deux avec force et harmonie créative.

Omonoia penche à certains moments du côté de l’atmosphérique, créant des ambiances psychédéliques qui permettent à Irène d’exploiter sa voix dans sa profondeur chaotique et ainsi nous amener vers des mélodies où la lenteur côtoie la force et le désir, comme c’est le cas sur We Crave What We Lack.

Mais les membres du groupes ne sont pas dupes, la dernière piste, Humanity Is False, le montre avec grandiloquence en entamant le chant par un « rise and fall » qui rappelle évidemment que la Grèce, elle, a vu grandir et disparaître des empires entiers. D’Alexandre le Grand, à Athènes, en passant par Sparte ou les Ottomans, l’Humanité, concept lui-même d’origine grecque, n’est que mensonge. C’est donc en s’inscrivant dans une démarche déconstructiviste qu’Allochiria construit ensuite sa propre musique dans Omonoia, qui signifie d’ailleurs « la paix ». La démarche est belle et mérite d'être saluée.

Pour un premier album le pari est tenu. Ils ont réussi à saisir leur propre kairos, entre la profondeur du Sludge et l’agressivité du Post-Metal. Ce qui nous permet à nous, pauvres auditeurs en quête de sens, de les suivre à travers la porte ouverte par Omonoia, porte majestueusement construite, où le fameux Sphinx énigmatique vous attend de pied ferme…

Tracklist de Allochiria :

01. Today Will Die Tomorrow
02. Oppression
03. Archetypal Attraction To Circular Things
04. We Crave What We Lack
05. Charikleia's Intermission
06. K
07. Humanity Is False


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