Artiste/Groupe:

Amorphis

CD:

Queen of Time

Date de sortie:

Mai 2018

Label:

Nuclear Blast

Style:

Dark Prog

Chroniqueur:

Orion

Note:

19/20

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Que ne vous ai-je pas déjà dit sur ce groupe, au cours des six chroniques que je lui ai consacré sur ce site ? Si vous les avez lues, vous savez donc déjà que c’est l’un de mes groupes préférés, qu’il est je trouve l’un des plus talentueux à l’heure actuelle et que jamais un de leurs albums ne m’a déçu. 
Et vous ? Vous avez cliqué sur la chronique car vous connaissez le groupe, donc vous savez déjà de quoi est capable Amorphis et vous voulez juste la confirmation que leur nouvel album est excellent. Ou alors vous avez cliqué sur la chronique par curiosité car il y avait un coup de cœur, et vous allez (je l’espère) tout simplement découvrir un groupe brillant et l’un des albums de l’année. Dans les deux cas, vous avez déjà compris une chose essentielle : oui, ce Queen Of Time est (encore !) un album de haute volée de la part des Finlandais.

On commence par un petit changement au niveau du line-up, et c’est à signaler car c’est plutôt rare chez Amorphis. En effet, l’équipe était restée stable depuis la sortie de l’album Eclipse (2006). Le bassiste Niclas Etelävuori, arrivé en 2001 pour l’album Am Universum, a donc laissé sa place à celui qu’il avait remplacé alors, à savoir le bassiste originel du groupe : Olli-Pekka Laine. On doit se sentir bien chez Amorphis car on y revient (ce fut déjà le cas pour le batteur originel, Jan Rechberger, parti en 1996 et revenu en 2002).
Satisfaits du travail de Jens Bogren sur l’album précédent, les musiciens d’Amorphis ont de nouveau fait appel à lui pour produire Queen Of Time. Son rôle ne s’est d’ailleurs apparemment pas limité à la simple production de l’album, Esa Holopainen le qualifiant de "septième membre du groupe". Et à écouter cet album, il se pourrait effectivement qu’il ait eu son mot à dire sur deux ou trois choses. Car, si depuis l’arrivée au chant de Tomi Joutsen, le groupe a aligné six albums de qualité dans un style assez proche, maintenant totalement identifiable (le fan du groupe reconnaîtra un morceau d’Amorphis dès les premières notes), Queen Of Time annonce non pas une véritable révolution mais au moins une petite prise de risque. Amorphis change tout en restant Amorphis. Bien sûr, on retrouve le style mélodique, pêchu et assez sombre des compositions du groupe, mais quelques innovations pointent le bout de leur nez : des orchestrations et des chœurs notamment féminins employés ici et là (cette chorale, c’est vraiment la différence qui saute aux oreilles à la première écoute), ainsi que quelques sonorités de synthé un peu inhabituelles pour le groupe (The Bee, Heart Of The Giant, Grain Of Sand). Pour le reste, on a tout simplement ce que l'on attendait de la part de ce groupe. La musicalité est toujours aussi riche : quelques ambiances orientales (The Bee, The Golden Elk) ou folk (Message In The Amber, We Accursed) avec, pour accompagner le groupe, la participation de nouveau de Chrigel Glanzmann (Eluveitie), comme sur l’album précédent. De son côté, Tomi Joutsen varie comme à son habitude ses intonations, entre chant clair et growls puissants (largement majoritaires sur cet album, rendant les compositions un peu plus hargneuses), allant même jusqu’à quelques intonations black metal sur le titre Daughter Of Hate. A ce propos, Wrong Direction, le titre choisi pour illustrer la première vidéo, n’est pas très représentatif du reste de l’album, étant le plus soft et l’un des rares à ne pas comporter de voix growlée (excepté juste quelques secondes sur la fin).



On parlait de septième membre un peu plus haut pour Bogren mais j’aurais dû en fait dire huitième tant le rôle de Pekka Kainulainen apparaît encore une fois primordial. Il est en effet le compositeur de tous les textes d’Amorphis depuis Silent Waters (2007). Et pour la première fois, il apparaît vocalement sur un album puisque c’est à lui qu’on doit la partie narrée en finnois sur le titre Daughter Of Hate. Un titre qui révèle un large éventail d’ambiances, entre le chant quasiment black déjà évoqué, la chorale qui s’immisce et une partie d’inspiration metal prog où l’on note la présence d’un saxophone (joué par un invité (Jørgen Munkeby), ce qui n’est pas en soi une nouveauté pour Amorphis mais que l’on n’avait plus beaucoup entendu depuis le début de l’ère Joutsen. Puisqu’on en est à évoquer les invités, on notera également la participation d’Anneke van Giersbergen (qu'on ne présente plus) sur le titre Amongst Stars. Le duo qu’elle forme avec Tomi Joutsen fonctionne bien, on en avait eu un aperçu très convaincant sur le live bonus de la "tour edition" du dernier album.
Encore une fois, Amorphis nous gratifie de dix compositions somptueuses et solides. Et surtout, après une douzaine d’albums, le groupe arrive toujours à nous proposer de l’originalité et à ne pas tomber dans l’auto-plagiat, chose malheureusement très répandue de nos jours…

Avec Queen Of Time, Amorphis se renouvelle tout en gardant sa spécificité. Un album riche, varié, qui confirme tout le talent de composition et d’interprétation de ce groupe malheureusement trop peu connu du public metal, en France en tout cas. J’espère que la tournée en première partie de Nightwish fin 2015 aura un peu changé la donne mais je n’en mettrai pas ma main à couper. Bref, dommage pour ceux qui passeront encore à côté car Amorphis est grand, tout simplement. 
Et désolé pour ceux qui ont lu les chroniques précédentes, je me suis sans doute répété… mais c'est de leur faute aussi, à toujours sortir des albums excellents !


Tracklist de Queen Of Time :

01. The Bee
02. Message In The Amber
03. Daughter Of Hate
04. The Golden Elk
05. Wrong Direction
06. Heart Of The Giant
07. We Accursed
08. Grain Of Sand
09. Amongst Stars
10. Pyres On The Coast

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