Anathema


Artiste/Groupe

Anathema

CD

We're Here Because We're Here

Date de sortie

Mai 2010

Style

rock atmosphérique

Chroniqueur

amber_of_death

Note amber_of_death

16/20

Site Officiel Artiste

Myspace Artiste

C H R O N I Q U E

Sept ans d’attente, une éternité dans le monde de la musique. Sept ans pour un nouvel album d’Anathema. Pour certains groupes, ce serait la mort assurée. Pas pour les Anglais. Il ne faut pas croire qu’Anathema se soit mis en veille pendant tout ce temps. Le problème était avant tout qu’aucun label ne voulait d’eux. Un groupe qui a sorti un paquet de chansons aussi extraordinaires que Fragile Dreams, One Last Goodbye (j’ai toujours autant de frissons à l’écouter, l’une des plus belles chansons du metal), Empty… n’intéressait pas les décideurs. Justice leur est rendue, Anathema peut revenir sur le devant de la scène.

J’avais laissé le groupe après deux concerts de grande qualité malgré une quantité d’alcool ingurgitée impressionnante, en promotion d’un Hindsight insignifiant. Je n’ai jamais aimé les albums où l’on reprend ses propres titres, même pour faire patienter le chaland. Autant sortir un live. De plus, la relecture de vieux morceaux était lacrymale à souhait. Pas ma face préférée des Liverpuldiens. En attendant mieux,les frères Cavanagh participaient à d’autres prjoets avec Antimatter et Agua de Annigue, entre autres.

Alors, que vaut ce We’re Here Because We’re Here ? Déjà le titre, plein d’humour anglais. Soit. Le line-up n’a pas changé, à part l’intégration définitive de Lee Douglas au chant féminin (une formalité car elle apparaissait épisodiquement sur les albums depuis Judgment). Le premier vrai changement est la prise de pouvoir quasi-totale de Danny Cavanagh, ne laissant que des miettes à John Douglas et surtout à son frère Vincent. Autant dire qu’il ne fallait pas s’attendre à un Judgment deux. Le second est plus insidieux. Les membres d’Anathema sont heureux de vivre. Ça peut paraître un détail mais pour ceux qui suivent le groupe depuis des années, cela conditionne complètement l’album, plus aérien et léger, beaucoup moins mélancolique. Pas de mort dans la famille en vue.

En sept ans, nous sommes donc en droit d’attendre de l’exceptionnel. Petit bémol d’entrée, trois chansons figurent déjà depuis belle lurette sur myspace. Restent donc sept chansons.

La production étant assurée par les frangins Cavanagh, le mix est confié à Steven Wilson, leader incontesté de Porcupine Tree. Est-ce la volonté d’insister sur le côté aérien ? Je trouve que cela manque un peu de pêche. Ce n’est que mon avis, d’autres n’y trouveront rien à redire.

Alors la musique ? La cuvée 2010 est superbe. Anathema entre dans un nouveau cycle musical en recherchant la légèreté, l’harmonie, la sérénité, dans la lignée de A Natural Disaster, le côté électronique en moins. Certes, ce ne sera pas ma période préférée du groupe, le metal ayant disparu. Mais soyons honnête, quelle beauté. Thin Air et Summernight Horizon font la part belle aux pianos et aux guitares électriques toute en finesse. Les solis sont magnifiques, le chant est posé (Vinnie est d’ailleurs souvent doublé par Lee Douglas). Le bien-être transpire et le groupe le fait savoir.

Dreaming Light et Everything laissent Vinnie s’exprimer et nous présentent un Anathema popisant qui ravira les fans, pour peu qu’ils aient l’esprit ouvert (je l’ai rarement, profitez-en). Les orchestrations sont bien plus présentes, le travail de Les Smith est remarquable (quand on sait qu’il a du couvrir les cris porcins de Dani Filth pendant des années, la progression est impressionnante). Nous ne sommes pas loin d’un Coldplay, en bien meilleur.

A Simple Mistake, morceau déjà présent sur myspace et joué sur la dernière tournée, est sublime. Il aurait d’ailleurs pu figurer sur le mésestimé A Fine Day To Exit. Le chant est habité, la montée en puissance se fait tout en finesse pour une fin de chanson très électrique sans pour autant en faire des tonnes.

L’album se termine Universal et Hindsight, morceaux assez longs permettant à Anathema d’instaurer une ambiance presque relaxante, entre passages pianos hypnotisan et solis plein de feeling. Ajoutez à cela des violons qui évitent la grandiloquence et vous obtenez deux joyaux.

Mais l’album n’est pas parfait, la faute à trois morceaux nettement en dessous du lot. Angels Walk Among Us ne passe pas auprès de moi. L’ambiance celtique donne un côté gnangnan qui me gonfle. La chanson plaira à la majorité certainement mais ce n’est pas ma tasse de thé. Suit Presence, morceau de trois minutes, lui même la suite d’Angels…, sorte d’interlude vaguement floydien accompagné d’un monologue pompeux.

La faute de goût vient surtout de Get Off, Get Out, morceau incongru et inutile, tranchant complètement avec le reste de l’album. Du mauvais pop rock.

En résumé, Anathema entame un nouveau cycle de son existence. L’album n’évite pas l’écueil de la chute de tension, la majeure partie des morceaux étant faite pour s’évader avec une forte présence de guitares acoustiques. Je conseille d’ailleurs l’écoute au casque afin de s’en imprégner. Et même si l’on peut trouver à redire, il faut surtout espérer ne pas avoir à attendre sept ans pour la suite des aventures de nos losers préférés (sinon, comment expliquer qu’avec une telle discographie que le groupe n’ait rencontré qu’un succès d’estime ?). Un groupe unique à redécouvrir.

 

Tracklist de We're Here Because We're Here :

01. Thin Air.

02. Summernight Horizon.

03. Dreaming Light.

04. Everything.

05. Angels Walk Among Us.

06. Presence.

07. A Simple Mistake.

08. Get Off, Get Out.

09. Universal.