C H R O N I Q U E
Après la sortie d’Autumnal dans le genre bariolé du Doom/Death/Gothic espagnol (et la liste est non-exhaustive), voici à présent celle d’As Light Dies, confrères madrilènes, dont le premier album remonte maintenant à 2007. Depuis, ils ont eu le temps d’en sortir un deuxième en 2010 (Ars Subtilior From Within The Cage) et reviennent cette année pour un troisième qui s’annonce déjà comme une série, puisqu’il est intitulé The Love Album - Volume I. Que dire d’As Light Dies ? Un premier album intéressant, un deuxième qui se casse un peu les chevilles en tentant l’impossible mix des genres métalleux, qu’en sera-t-il du troisième ?
On peut d’ores et déjà vous dire qu’il n’a pas grand chose à voir avec celui d’Autumnal, et on s’en rend compte dès l’introduction instrumentale We Are All Destined For Grief, qui semble nous indiquer qu’As Light Dies penche plus du côté de ce qu’on pourrait appeler lourdement « l’Opéra Metal », que du Dark Rock/Metal. Pourquoi le ranger dans la fastidieuse catégorie de l’Opéra Metal ? Y a-t-il un quelconque rapport avec Aina, Avantasia ou Nikolo Kotzev ? Non, évidemment le rapport n’est pas à proprement parler musical, puisque les groupes précités oeuvrent surtout dans du Heavy/Rock assez traditionnel. Le rapport est plutôt conceptuel, sur l’approche qu’As Light Dies propose sur son nouvel album, dont la thématique semble donnée par le titre même de l’opus : The Love Album. Ensuite il y a l’inévitable approche stylistique, et là les Espagnols paraissent quasi-inclassables, entre du Gothic progressif, du Black revisité, du Death light, du Power façon Aina ou Adagio, la liste est longue et je ne vous ai donné que les plus évidents, on peut y ajouter une dose de classique (utilisation de violons, piano etc.) et on pourrait aussi parler d’atmosphérique. Pour ma part, je préfère donc parler d’Opéra Metal, qui regroupe à la fois l’approche « concept album », les interludes thématiques, la diversité des genres et le côté grandiloquent de l’Opéra, avec ses longues et belles mélodies que l’on retrouve par exemple sur Orpheus Mourning, Together As One et Your Wake.
Ainsi plusieurs écoutes s’avèrent nécessaires pour appréhender ce Love Album. A la première, je fus agréablement surpris par le côté déjanté et mélodique, à la deuxième plutôt perplexe face à tant de bizarreries et un peu désarçonné, et la troisième fut plus déterminante car plus concentrée. Je remarquais enfin les petits détails qui font d’un album une réussite, ces petits détails qui deviennent des points d’accroches pour l’auditeur alors séduit. Et comme le dit la maxime bien connue : « the devil is in the detail » ! Bref mon jugement fut long et maladroit et maintenant que j’y pense, mon problème venait sans doute de la voix graveleuse de Nightmarer, dont la tonalité était loin d’être franche et spontanée. Mais les ajouts de voix claires m’ont finalement facilité la prise en main de l’album dans toute sa complexité mélodique.
Je serais tenté de classer As Light Dies dans l’imbroglio inexplicable des « bizarreries espagnoles », dont l’origine pourrait remonter au style architectural andalou, fruit d’influences arabes et occidentales surannées, et pourtant magnifiquement démonstratif. La comparaison n’est pas si lointaine tant la musique des Madrilènes est diversifiée et en même temps riche d’influence. The Love Album – Volume I est donc une belle surprise, cet objet un peu étrange que vous aimez écouter de temps en temps, un peu comme les zouaves jazzy de Diablo Swing Orchestra, ce truc que vous appréciez sans trop comprendre pourquoi, mais que vous continuez pourtant d’écouter.
Tracklist de The Love Album – Volume I :
01. We Are All Destined For Grief 02. Orpheus Mourning 03. Blow Of Loss 04. Together As One 05. When Distance Becomes Real 06. Your Wake 07. No Pain At Sleep 08. Nemesis 09. Acceptance 10. Farewell From Distant Shores
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