Artiste/Groupe:

Avantasia

CD:

Ghostlights

Date de sortie:

Janvier 2016

Label:

Nuclear Blast

Style:

Metal Opera

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Note:

16/20

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Avantasia, le grand projet Metal Opera de Tobias Sammet (leader/chanteur d'Edguy) lancé à l'aube des années 2000, nous revient en ce début 2016 avec son septième album, Ghostlights, annoncé comme la suite de The Mystery Of Time sorti il y a maintenant près de trois ans. Autant vous l'annoncer tout de suite pour que vous connaissiez l'état d'esprit du chroniqueur dont vous lisez les impressions : j'apprécie Avantasia et m'intéresse à chacune de ses nouvelles sorties mais ne suis pas forcément acquis à sa cause. Je peux notamment vous dire que si j'avais chroniqué Angel Of Babylon ou The Mystery Of Time, les notes auraient été inférieures de trois points à celles accordées par mon (plus enthousiaste) collègue. Les albums en question sont loin d'être mauvais, bien sûr, mais je les trouve inégaux. Ils comptent, à mon sens, autant de pépites que de redondances ou passages faiblards. Au moment de me plonger dans le "power hard rock metal opera" grandiloquent de Ghostlights et sa ribambelle d'invités, parmi lesquels on trouve les habitués ou "revenants" (Michael Kiske, Bob Catley, Jorn Lande, Ronnie Atkins, Sharon Den Adel) mais aussi quelques "petits nouveaux" (Geoff Tate, Robert Mason, Dee Snider, Marco Hietala, Herbie Langhans), je me demande si ce septième opus va être celui du retour de l'inspiration ou s'il va, comme ses prédécesseurs les plus récents, encore souffler le chaud et le froid. 

Le titre qui ouvre ce nouvel épisode n'est autre que le single que vous connaissez certainement déjà : Mystery Of A Blood Red Rose. Comme c'était déjà le cas sur The Mystery Of Time et son Spectres, on ne trouve aucun invité sur ce morceau... juste Tobias Sammet (et des tonnes de choeurs évidemment) qui fait du... Meat Loaf ! Le morceau est énergique et la mélodie accrocheuse. Si vous aimez le rock grandiloquent à la Meat Loaf, vous devriez apprécier le travail accompli. Pour ma part, je trouve ça sympa mais il ne s'agit pas non plus de LA chanson d'ouverture qui me fait penser qu'il s'agit d'un retour en grande forme d'Avantasia. Le genre a connu des débuts d'albums plus impressionnants ou épiques. 

Par contre, dès que déboule Let The Storm Descend Upon You, c'est une autre histoire ! Atkins, Mason et Lande (toujours aussi monstrueux, celui-là) rejoignent Sammet et nous offrent douze minutes de heavy épique ainsi qu'un excellent refrain qu'il est difficile de ne pas reprendre soi-même à son écoute. La plus calme The Haunting, co-interpretée par Dee Snider, n'est pas mal non plus. On retrouve sur le couplet cette atmosphère un peu sombre et inquiétante déjà perçue sur d'anciennes compos comme The Toy Master ou Death Is Just A Feeling. La mélodie du refrain est plus fédératrice (notamment avec ces choeurs d'enfants assez inhabituels) mais continue de diffuser une ambiance fantastique ou étrange. 
Entendre Geoff Tate sur une compo heavy mélodique épique de qualité, ça n'était pas arrivé depuis... ouh là, on ne se souvient plus. Merci à Tobias Sammet de l'avoir fait participer à cet album... ça ravive des bons souvenirs. La mid-tempo Seduction Of Decay est assez classe, bien pesante avec une ambiance travaillée et un feeling qui pourra évoquer certaines chansons de Kamelot
La chanson titre est un morceau de speed mélodique chanté par Michael Kiske comme on en trouve sur chaque album d'Avantasia. Si vous aimez des compos comme Shelter From The Rain, Wastelands ou Where Clock Hands Freeze, vous aimerez Ghostlights. On y retrouve ce même panache, ces mélodies ultra accrocheuses et les envolées hallucinantes d'un Kiske dont la voix ne semble pas vieillir.

La suite de l'album réserve encore de beaux moments... et aussi quelques petites déconvenues. Draconian Love est une compo assez surprenante qui apporte un brin de modernité à l'édifice (un peu comme ont pu le faire Crestfallen ou Symphony Of Life par le passé). Ce qui déroute le plus dans cette chanson, c'est la performance de Herbie Langhans dont le chant ne ressemble pas du tout à celui qu'il adopte chez Sinbreed. En arborant une voix grave et un style plus gothique, le vocaliste est quasi-méconnaissable. Très sympa. Ceux qui veulent du power enlevé et accrocheur avec du refrain bien troussé trouveront satisfaction avec Master Of The Pendulum (sur laquelle on reconnaît bien Marco Hietala de Nightwish) et Babylon Vampyres servie par un très bon riff (écoutez, il y a même un peu de shred, c'est assez rare pour être signalé) et un Robert Mason convaincant. 
Je suis moins emballé par Isle Of Evermore sur laquelle Sharon Den Adel est invitée. Aucune surprise, c'est une ballade pas mémorable et qui compte quelques interventions surjouées de Tobias. La chanteuse est irréprochable mais le morceau me semble plat. Ce n'est pas tout à fait le cas de Lucifer dont la première moitié est également très calme mais mieux servie par un Jorn Lande plus émouvant... Et puis, la seconde partie revêt un aspect heavy fougueux et épique pas déplaisant. Unchain The Light, quant à lui, est un morceau de power entraînant mais plus lisse sur lequel on n'entend pas suffisamment Kiske (cantonné à deux phrases sur le refrain catchy) et qui me rappelle le style du dernier Kiske-Somerville
Avec A Restless Heart And Obsidian Skies, Tobias nous refait un peu le coup de The Story Ain't Over... eh oui, vous l'avez compris, la compo est menée par Bob Catley et on est en plein opéra rock au couplet tendance ballade et au refrain chorale et épique pas si éloigné que cela de l'univers d'un Meat Loaf. Pas nécessairement la compo la plus renversante de ce nouvel opus mais un final tout de même assez réussi et, heureusement, bien plus bref et digeste que The Great Mystery qui concluait l'épisode précédent... malgré une impression de déjà-entendu bien réelle. 

C'est donc officiel, après un The Mystery Of Time en demi-teinte, Sammet et ses compagnons ont rectifié le tir et nous offrent un album d'Avantasia bien plus consistant. Plus inspiré, rempli à ras bord d'excellentes mélodies et de prestations de qualité, il n'évite cependant pas certains écueils (la ballade chouineuse qui ne sert pas à grand-chose, un ou deux morceaux trop convenus qui ne marquent pas les esprits) et pêche par une longueur un poil excessive (quelques compos, comme la très sympa Babylon Vampyres mais dont rien ne justifie qu'elle dure sept minutes alors que tout était dit au bout de cinq, s'étirent au-delà du raisonnable... et le tout affiche une durée de soixante-dix minutes). Et ceux qui voulaient que Tobias sollicite un peu plus le talent des excellentes chanteuses qui peuplent la planète metal continueront d'attendre. S'il n'est pas l'album parfait dont certains rêvaient, ce Ghostlights varié qui ne manque ni de panache, ni d'accroche, figure tout de même parmi les meilleures sorties d'Avantasia. Et voilà que l'impatience de voir cette joyeuse troupe brûler les planches d'une scène parisienne s'empare de moi... Le rendez-vous est pris pour le 9 mars prochain au Trianon. Vivement ! 

Tracklist de Ghostlights :

01. Mystery Of A Blood Red Rose
02. Let The Storm Descend Upon You
03. The Haunting
04. Seduction Of Decay
05. Ghostlights
06. Draconian Love
07. Master Of The Pendulum
08. Isle Of Evermore
09. Babylon Vampyres
10. Lucifer
11. Unchain The Light
12. A Restless Heart And Obsidian Skies