Artiste/Groupe:

Bestial Invasion

CD:

Monomania

Date de sortie:

Novembre 2019

Label:

Nocturnus Records

Style:

Techno Thrash

Chroniqueur:

Ignatius

Note:

15.5/20

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Alors que son patronyme, amoureusement emprunté au répertoire des célèbres Allemands de Destruction, laisse imaginer une machine à Thrasher sans concession, rudimentaire et brutale, c'est avec un réel plaisir que l'on se retrouve finalement propulsé à la fin des 80's, quand quelques brutes plus raffinées que les autres décidèrent d'emmener le Thrash Metal à un autre niveau de musicalité et de complexité. C'est en effet du côté de groupes comme Mekong Delta, Watchtower ou encore Toxic qu'il faut aller chercher les références de ces Ukrainiens surprenants. Bonne nouvelle donc pour les aficionados d'un genre plutôt avare en sorties récentes de qualité, ce que l'on appelait à l'époque le Techno Thrash n'est pas mort ! Cet album, loin d'être anachronique tant sa production est actuelle, le ressuscite et le célèbre à merveille.

Bestial Invasion maîtrise son sujet en présentant avec ce troisième opus des compositions ultra solides auxquelles on ne peut rien reprocher. Monomania est un album riche aux compositions alambiquées, variées, dynamiques et bien évidemment, au vu du style pratiqué, exécutées par des musiciens extrêmement talentueux. Loin de se contenter d'aligner les riffs, les breaks et les sous breaks pour perdre l'auditeur dans une mixture qui pourrait vite se révéler indigeste, le groupe capte l'attention à chaque instant et soigne les atmosphères pour aérer sa musique et la rendre agréable à suivre. Afin d'enrichir encore un peu le propos, les Ukrainiens ne craignent pas l'acoustique intimiste, les ambiance feutrées et se permettent des incursions en territoire jazzy, voire funky, parfaitement intégrées à leurs morceaux comme pouvait le faire le géant Atheist dont l'ombre plane très clairement sur ce disque (le groupe nous gratifie d'ailleurs, pour clôturer l'abum, d'une belle reprise de Retribution, tirée du second album des Floridiens, Unquestionable Presence, chef d'œuvre éternel sorti en 1991).

Dans les années 80, chaque groupe de Thrash possédait son guitar hero et sur ce point aussi, Bestial Invasion reste fidèle à la tradition, son soliste particulièrement talentueux nous régale à chacune de ses interventions grâce à un toucher ultra fluide et une inspiration délicieusement mélodique. Bel exemple d'une virtuosité intelligente qui met la musicalité au centre du propos.

Peu de choses à reprocher à ce bel album, seule la voix de Vakhtang Zadief m'empêche de gonfler un peu la note finale et pourrait rebuter quelques auditeurs ayant du mal à se familiariser avec ce type de chant plutôt lyrique, véritable talon d'achille de tous ces groupes estampillés Techno Thrash dans les eighties. Loin d'être aussi horripilant que chez Vio-lence par exemple, il faudra quand même s'habituer à ce timbre aigu qui tente de poser des lignes vocales cohérentes sur des riffs tarabiscotés qui n'ont visiblement pas été pensés pour être chantés. Atheist avait d'ailleurs intelligemment contourné le problème en optant d'entrée de jeu pour une voix beaucoup plus agressive ne venant pas se mêler à la construction harmonique des guitares et de la basse. Néanmoins, Vakhtang Zadief, sorte de Bruce Dickinson un peu dingue, s'en tire avec les honneurs et parvient même à placer quelques refrains entêtants et mémorisables.

Un album de Techno Thrash, les plus jeunes diront justement Thrash progressif, à l'ancienne mais en aucun cas passéiste. Monomania ne fait pas dans le revival et n'a rien d'un hommage, il est l'œuvre d'un groupe qui est allé à très bonne école et qui récite parfaitement sa leçon en y ajoutant une personnalité bien marquée et une inspiration suffisamment personnelle pour que les adorateurs du genre se penchent sérieusement sur son cas.

Tracklist de Monomania :

01. The Period Of Tragedy
02. Monomania
03. The Angel Of The West Window
04. Deny Your Future
05. The Garden Of Earthly Delights
06. Memories. The Аrchitect Of The Universe
07. Sir Francis Drake: The Queen's Pirate
08. Retribution (Atheist cover)

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