Artiste/Groupe:

Black Stone Cherry

CD:

Family Tree

Date de sortie:

Avril 2018

Label:

Mascot Records

Style:

Hard Rock

Chroniqueur:

Didier

Note:

15.5/20

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Si vous connaissez Black Stone Cherry et que vous suivez certaines de mes chroniques, vous vous rappelez peut-être que le groupe nous avais gratifié en 2017 d’un EP, Back To Blues en hommage à ses glorieux ancêtres. Avant ça, le précédent album, Kentucky (2016), nous avait aussi régalé les esgourdes. Ces types font la promotion de leur Kentucky natal de la meilleure des façons, ils pourraient carrément servir d’office du tourisme pour leur état sudiste. Ça nous réconcilierait un peu avec ce coin paumé des Etats Unis devenu la capitale mondiale des poulets frits et dégueux. Je m’égare un peu mais ce nouvel album est encore une ode à la gloire du lifestyle "red neck", surnom de la population de Sud des USA (et rarement un gage de leur ouverture d’esprit). Pourtant, force est de reconnaitre que c’est un bien bel album, très inspiré, aux compositions riches et recherchées et que le groupe nous pond ici, une nouvelle galette synonyme de réussite. Mais voyons ça de plus prêt.

D’abord avec ce titre, Family Tree, on reste dans une ambiance patrie, famille et racines sudistes très fortes. Ca sentirait pas d’ailleurs un peu la bouse par ici ? Jette donc un œil sous tes bottes ! Les influences du groupe sont multiples et toutes du Sud des USA, avec en tête ZZ Top, Lynyrd Skynyrd ou d’autres groupes de southern rock comme Rosington Collins Band. Le groupe, créé en 2001, possède un line-up très stable avec toujours la superbe voix à la fois puissante et rocailleuse (mais aussi fragile par moment avec ce petit chevrotement caractéristique) de Chris Robertson. Chris, qui est aussi guitariste, est entouré de Ben Wells, autre guitariste, de Jon Lawhon à la basse et de John Fred Young à la batterie. A noter que c’est aussi ce dernier qui assure les claviers.

L’album, autoproduit, a été enregistré aux Studios Barrick Recording de Glasgow, Kentucky, comme si revenir au studio de leurs débuts de carrière leur permettait de capturer la quintessence des lieux. Pourquoi pas, en tout cas c’est un retour gagnant en ce qui me concerne, car le premier morceau de cet album donne le ton : Rock ‘n’ Roll sudiste baby ! Ce premier morceau c’est Bad Habit, et si tu veux savoir ce que je veux dire quand je parle d’une basse (Rickenbacker ?) qui claque, tu peux y jeter une oreille. L’originalité du morceau, outre le chant et la basse, réside dans le changement de rythme assez étonnant qui lance un excellent solo de guitare bien gras. Fallait oser ce ralentissement et c’est réussi. Le son est faussement brut de fonderie, pur vintage et super puissant.

Burnin’ fait de suite penser à un bon gros morceau de ZZ Top (les guitares), le chant de Chris est vraiment très bon. Le duo de guitare, typique des groupes sudistes des années 70 tombe à pic. Le premier killer de cet album est, à mon goût, New Kinda Feelin’ et son piano honky-tonk qui plante le décor. Le refrain est très accrocheur et sur le break, Chris se sort les tripes. Rebelote avec Carry Me On Down The Road, plus bluesy, basse surpuissante, les guitares à l’unisson rappellent les grands groupes de southern rock comme Lynyrd Skynyrd. Le break est bien travaillé et introduit un bon solo de guitare wah-wah.

On reprend son (dernier) souffle avec un superbe morceau, My Last Breath, que Chris chante pendant un long moment simplement accompagné d’un léger orgue. Les autres le rejoignent, le tout agrémenté d’une section cuivre, et de chœurs féminins. L'archétype d’une ballade southern rock, émouvante à souhait (les paroles sur les liens familiaux le sont aussi). Une petite guitare slide vient susurrer quelques petites touches. Que je bouffe mon Stetson si ce morceau ne se retrouve pas en boucle sur les stations Classic Rock aux USA. Petite pub pour le southern lifestyle avec Southern Fried Friday Night. Le "Fried" du titre n’a, à mon avis, pas de rapport avec le poulet dont j’ai déjà parlé, mais de l’état du cerveau des gens le samedi soir après que l’alcool ait coulé à flot. C’est un gros son d’orgue Hammond qui porte le morceau, il accompagne un phrasé passé au travers d’une talkbox. Vous savez, le truc plus ou moins inventé par Peter Frampton (pour les gens de mon âge), et copié aux synthés par Daft Punk (pour les jeunes). Dans Dancin’ in the Rain, ils ont un invité en la personne de Warren Haynes de Gov't Mule qui vient ajouter sa petite touche de guitare. Malgré le "featuring", ça me semble le morceau le plus faiblard (côté originalité) de l’album. La suite pourrait bien plaire aux fans du grand Rose Tattoo, car l’intro de Ain’t Nobody est typique de ce que le célèbre groupe australien nous proposait dans les années 80. La suite est un cocktail réussi de gros riffs, de guitares slidées, et surtout de super chœurs féminins, qui apportent une touche southern rock très caractéristique notamment sur le long final decrescendo. J’espère que le groupe emmènera ses choristes en tournée. Même remarque pour la ligne de chant du morceau James Brown qui est incroyable. Chris et ses choristes mettent vraiment le feu ! Le titre accrocheur par excellence.

Encore un refrain accrocheur et du gros riff à la slide sur You Got The Blues et sur I Need a Woman. C’est vrai quoi, il n’y a pas que la bière et le bourbon, le vendredi soir dans les rades du Kentucky, il y a aussi de la bonne drague. C’est comme chez nous en fait, juste avec de la bonne musique :-).  Get Me Over You est un bel hommage à Lynyrd Skynyrd, ça parle de sortir de ses addictions (whisky, fumette), et ça fleure bon le rock ‘n’ roll sudiste avec un petit break et un final à la mode danse tribale indienne. L’album se termine par le morceau qui donne son titre à l’album, Family Tree. C’est encore un bon morceau avec un bon riff de guitare appuyé par un orgue Hammond, à la gloire de la famille et de ses racines. On a droit à un dernier très bon solo de guitare slide et de belles envolées d’orgue.

Décidément quand on pense avoir tout entendu dans un style comme celui du southern rock, Black Stone Cherry nous prouve qu’ils savent innover. Je crois pouvoir dire qu’avec Black Stone Cherry on n’est jamais déçu. Albums, EP, le talent est clairement au rendez-vous, les compositions sont excellentes, le chant de Chris est parfait, les chœurs féminins apportent un vrai plus, et on se retrouve transporté dans un voyage à travers le Kentucky, destination que vous n’aviez probablement pas mise dans votre liste pour vos prochaines vacances. Alors, un petit voyage pas cher, ça vous tente … ?

Tracklist de Family Tree :

01. Bad Habit
02. Burnin’
03. New Kinda Feelin
04. Carry Me on Down the Road
05. My Last Breath
06. Southern Fried Friday Night
07. Dancin’ in the Rain (featuring Warren Haynes)
08. Ain’t Nobody
09. James Brown
10. You Got the Blues
11. I Need a Woman
12. Get Me Over You
13. Family Tree