Cinq ans après la sortie de New Chaos Order, Burning Flesh revient sur le devant de la scène avec un nouvel opus intitulé Human Flesh Fertilizer. Depuis sa formation en 2005 sur les bordures du lac Léman, le quintet Franco-Suisse enchaîne les concerts et prend un malin plaisir à tout détruire sur son passage à grands coups de blasts et de hurlements plus sauvages les uns que les autres. C'est d'ailleurs à l'occasion du Summer Break (Down) Festival, organisé sur Genève en juin dernier, que j'avais eu l'occasion de rencontrer, pour la première fois, ce jeune groupe d'enragés pétri de haine et de talent. Depuis ce concert, Burning Flesh fait partie des rares groupes en devenir que je suis de très près et il était donc impensable pour moi de ne pas me lancer dans l'écoute approfondie de leur dernier album. Allez de bleu, arrêtons les blablas inutiles et installons-nous désormais à table pour savourer cette nouvelle douceur savoyarde...

Après quelques bruits de canalisation en guise d'introduction, Burning Flesh sort brusquement la tête de l'eau et débarque dans mon salon dans un fracas de double pédale et de grognements sacrément flippant. Que les choses soient claires, le Burning Flesh que vous connaissiez jusqu'alors est mort et s'est dorénavant métamorphosé en une bête immonde et répugnante venue sur terre pour anéantir la race humaine. Finies les compos aromatisées au seul parfum Death/Grind, place désormais à une musique ultra-brutale et technique inspirée par des formations aussi talentueuses que décoiffantes telles que Benighted, Pathology ou encore Noctem. Sur le papier, ce cocktail peut paraître surprenant, mais le génie de Burning Flesh réside justement dans la capacité à faire cohabiter plusieurs styles sans jamais sombrer dans une parodie musicale. Je tiens immédiatement à rassurer tout le monde, les influences Death/Grind n'ont absolument pas disparu de cette nouvelle galette, mais ces passages sont désormais beaucoup mieux distillés et grandement mis en valeur par des changements de rythme incessants et un jeu de voix du frontman tout simplement ahurissant. Dès les premières minutes, l'auditeur est, en effet, pris à la gorge car des titres comme Chain Reaction, Wall Of Lead et Acid Ocean sont de véritables tueries qui ne pouvaient pas mieux résumer le style et les prouesses techniques proposées par le quintet helvète. Sur chaque titre, Burning Flesh passe son temps à jouer avec mes nerfs en me broyant les cervicales à coup de mid-tempo inhumains et en plantant des accélérations toutes plus incroyables les unes que les autres. Ceci n'a rien de vraiment surprenant car l'artilleur de service n'est autre que Monsieur Florent Duployer, batteur chez Kakothanasy et Anachronism. Le bonhomme a de la bouteille et son jeu de baguettes (enregistré au Blend Studio de Lutry sous la houlette de Chris Noth) est toujours aussi précis, ce qui permet à chaque compo d'accéder à un niveau de brutalité et de fluidité jamais atteint jusqu'alors. Ses camarades ne sont pas non plus en reste et ont largement haussé leur niveau de jeu en réussissant à nous faire basculer régulièrement dans l'univers du Black Metal en un simple claquement de riffs. Je ne vais pas citer tous les titres car chacun d'entre eux contient bien son passage à pulsions de "Black" mais je tiens quand même à souligner l'énorme travail de composition d'Anthony Martin qui est parvenu à enfanter de nombreuses pépites telles Human Vivisection, Carnivore Microse ou encore Last Animal To Kill. Le terme pépite est faible car Burning Flesh maîtrise son sujet à merveille et passe d'un Brutal-Death Benightedien à un Black Metal bestial et sans concession à la Noctem ou même parfois Hegemon (surtout sur le titre Last Animal To Kill). Cette osmose entre les musiciens ne pourrait cependant pas atteindre une telle excellence sans un chanteur au sommet de son art. Je l'ai évoqué rapidement au début de mon exposé mais il est impossible de rédiger cette chronique sans parler du grand Monsieur de cet album, j'ai bien sûr nommé Vincent (dit Mulk). Le bonhomme possède un registre vocal unique allant du chant guttural aux hurlements aigus et stridents en passant par des pig squeals à faire palir de jalousie le frontman de Pathology. Mulk avait déjà commencé à montrer l'étendue de ses talents sur New Chaos Order même si on sentait, à l'époque, de petites imperfections dûes à un manque de maturité évident. Ce temps est bel et bien révolu et ses prouesses vocales ne souffrent, aujourd'hui, d'aucune faiblesse car le type passe d'un timbre de voix à un autre avec une facilité déconcertante. Chapeau bas Monsieur Mulk car des hurlements et des changements de voix comme sur Wall Of Lead, Carnivore Microse ou Mankind Overlocked sont tout simplement surréalistes ! 

J'aurai pu continuer à parler des heures de ce nouveau méfait en insistant également sur l'artwork magnifique fassonné par le guitariste Diego Graham, sur la participation de guests sur deux des boucheries de l'album (Ben de la formation Omophagia sur le titre Burning UV Ray et Tom du groupe Mumakil sur le titre Feeding Earthworm) ou sur l'auto-production monumentale de ce nouveau méfait (les guitares ont été enregistrées dans le propre studio de Burning Flesh mais ont été réampées au studio de la Fonderie à Fribourg par Chris Noth) mais cela n'aurait servi à rien car, comme vous l'aurez compris, Human Flesh Fertilizer frôlait déjà la perfection. Burning Flesh a pris des risques incroyables en parvenant à mélanger des influences Black et des parties suintant le Brutal-Death et il faut admettre que le résultat est tout simplement époustouflant. Amoureux de Dame Nature et adeptes de musique atypique et sans concession, ne passez surtout pas à côté de cet album, vous vous priveriez d'une belle découverte... et par là même, d'une sacrée branlée ! 

Setlist de Human Flesh Fertilizer :

01. The Great Take Over Of Tellus
02. Chain Reaction
03. Wall Of Lead
04. Acid Ocean
05. Human Flesh Fertilizer
06. Burning UV Ray
07. Corium
08. Human Vivisection
09. Carnivore Microse
10. Last Animal To Kill
11. Feeding Earthworm
12. Mankind Overlocked