C H R O N I Q U E

Doit-on faire la promotion d'une ordure de premier rang ? Peut-on faire, sans remords, de la publicité pour un meurtrier néo-nazi et incendiaire? Vous avez deux heures.
C'est exactement le problème qui se pose à la sortie de ce nouvel opus de Burzum. Ce qui peut faciliter la réponse à la question précédente est le fait que Vikernes a toujours veillé à séparer ses idées de crétin irresponsable et son oeuvre artistique. On trouve bien des bouquins de Celine en librairie, alors après tout, un petit mot sur le cas Burzum peut bien être toléré.

Fallen est le nom de la nouvelle oeuvre du projet de Vikernes, deuxième effort depuis sa sortie de prison (il y a purgé une peine pour le meurtre de Euronymous, guitariste de Mayhem). Dès la première seconde on est englué dans un monde de sons glauques et peu rassurants avec des murmures inquiétants que Vikernes sussure à nos oreilles, entrée en matière vicieuse qu'est ce Fra Verdenstreet. On passe ensuite à quelque chose de plus caractéristique de Burzum, ce black metal aux guitares irritées, à la batterie minimaliste. Le chant en revanche est plus surprenant. Moins écorché, plus brutal, plus violent peut-être qu'avant. Avec aussi plus de voix claire et, pour la première fois, des refrains que l'on peut fredonner ! Le refrain de Jeg Faller est mémorisable dès la première écoute, et se retrouve gravé dans votre tête pour quelques temps. Et il en va de même pour plusieurs passages des différents morceaux de Fallen. Le son est toujours très cru, avec toujours ces guitares froides, et cette basse terne. Mais Fallen est globalement plus accueillant que les précédents albums de Burzum. On se souvient tous des aspects presque autistes de Det Som Engang Var. Et bien là, on a quelque chose de plus chaud, plus confortable, des passages auxquels on peut s'accrocher. Nous ne sommes plus simples spectateur d'une oeuvre, mais des invités dans le monde, autrefois totalement inaccessible, de Burzum.
Fallen contient peut-être le morceau le plus agressif de Burzum avec Vanvidd (traduit par "Madness" selon Vikernes lui-même). Une partie de chant totalement hallucinée, avec des cris mélant souffrance, haine, colère et tristesse. Vikernes confirme qu'il n'a pas perdu sa folie d'antan, et que même s'il nous invite à nous approcher, il vaut mieux rester à distance de sa personne. Sur la dernière piste de l'album, Til Hel Og Tilbake Igjen, il repartira même dans ses délires introvertis à base de claviers expérimentaux et de percussions tribales qui font que Burzum sera toujours son projet, et que personne ne pourra jamais entrer de pied ferme dans cet univers instable.

Vikernes laisse entrevoir une partie plus humaine de son oeuvre en début d'album pour mieux nous rejeter ensuite. Il joue avec nous, nous hypnotise avec ses riffs cycliques, nous amadoue avec des voix claires presque doucereuses, pour finir par cracher, une nouvelle fois, sa haine de l'espèce à laquelle il appartient. Et une fois de plus il réussit un coup de maître. Génie misanthrope, abruti raciste, ou autre chose encore, à vous de choisir.

Tracklist de Fallen :

01. Fra Verdenstreet
02. Jeg Faller
03. Vallen
04. Vanvidd
05. Envher Til Sitt
06. Bud Stikken
07. Til Hel Og Tilbake Igjen

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