Après six ans d’absence, les Américains de CKY reviennent sur le devant de la scène avec The Phoenix, leur sixième album. Le groupe se retrouve sous la forme d’un trio, plusieurs membres ayant abandonné le bateau, dont notamment Deron Miller, membre fondateur et principale source artistique du groupe. Pas facile dès lors de survire à un tel chambardement. Le trio, emmené par le guitariste - chanteur Chad Ginsburg, a tenté cette périlleuse entreprise. Le résultat est, disons, très mitigé. L’album est bien produit, le son est clair les compositions faciles et probablement très acceptables sur scène ; mais franchement rien dans The Phoenix n’en fait un grand ni un bon album. Le contenu sent le déjà-vu et le déjà entendu. Chad Ginsburg, en nouveau lead, Jess Margera à la batterie et Matt Deis à la basse, font plutôt bien le job au niveau instrumental, mais les compositions manquent cruellement d’ambition pour un groupe ayant vingt ans d'expérience.

Les huit titres, très typé rock de bande FM US, proposent des tonalités et des rythmiques d’un lointain passé, celui des eighties et des nineties. Même si d’habitude j’apprécie ce qui stimule ma nostalgie, ce coup-ci, cela ne marche pas. The Phoenix ne permet pas à mon passé de renaître de ses cendres, il souligne simplement que le temps est passé et qu'il ne fait pas forcéement bon de se retourner dessus.
L’album s’ouvre sur Replaceable. Il porte bien son nom, ce titre. C’est un rock de bar, à écouter avec une bière à la main. Il a tous les attributs qui caractérisent ce genre de titre : refrain facile, stimulation de salle, rythmique simple et gros solo de guitare. Le son est bon, mais pas de quoi déclencher mon enthousiasme. Days of Self Destruction est encore plus facile. Trop même. Le titre contient ce qu’il faut de synthé pour arrondir les arrangements et distordre les voix. Le refrain est jovial et les solos de guitares finaux sont solides. Ce n’est pas mal, mais ça sonne vieux, presque amateur.

On suit avec le pas terrible Unknown Enemy. Groove en ouverture, avec une rythmique qui me fait penser à Boney M. Le titre n’a aucun intérêt, si ce n’est, peut-être, celui de bien tourner sur les platines des soirées collège US. Au début de Head For a Breakdown, on croit que l’atmosphère va enfin devenir un peu plus intimiste… Mais non, la batterie est très présente mais ne semble pas en harmonie avec les reste des instruments. Ici encore, la rythmique proposée est connue et les riffs de guitares n’apportent pas la saveur tant désirée. Que dire de The Other Ones, si ce n’est que le titre est peut-être le plus faiblard de l’album. Franchement c’est mauvais et cela sonne faut, « outdated » diraient nos amis Anglo-saxons. Wiping Off The Dead est le meilleur titre de l’album. Ce morceau a un vrai caractère, une structure rythmique travaillée et stimulante, et ce petit plus d’imagination dans la construction qui permet à l’auditeur de vouloir le réécouter. Sans sauver l’album, Wiping Off The Dead donne un peu de brillant à un environnement très terne. Malheureusement, on retombe trop vite dans les travers mentionnés pour Unknown Enemy et The Other Ones. Lies From You est très moyen. Une sorte de construction bizarre qui, pour moi, démontre que le groupe cherche sa nouvelle orientation entre un passé punk-rock et un futur encore à définir. L’album se termine (enfin) sur Better Than Get Even, un titre insupportable qui a le grand avantage d’être le dernier. Sa rythmique m’énerve, ses voix travaillées sont désolantes et l’utilisation massive du synthé pénalisable. La fin plus propre du titre n’arrive pas à relever le tout. Ouf, trente-et-une minutes après, The Phoenix est terminé. Moi, il ne m’a pas convaincu. Si j’en crois d’autres commentaires, je suis presque une exception. Il faut savoir assumer, pour moi pas de souci. The Phoenix est trop quelconque pour qu'il mérite d'être conseillé.

Tracklist de The Phoenix :

01. Replaceable
02. Days of Self Destruction
03. Unknown Enemy
04. Head For a Breakdown
05. The Other Ones
06. Wiping Off The Dead
07. Lies from you
08. Better Than Get Even