Le ca-liban (oui désolé j’ai pas pu me retenir !) pose question depuis quelques années ; un groupe emblématique du metalcore en perte d’inspiration et de popularité depuis grosso modo l’album I am Nemesis sorti en 2012.
L’explication peut être directement à chercher dans les compositions du groupe et le côté "boys band" de nombreux albums avec des chants clairs, des passages et ambiances électro pour le moins irritants pour les fans de la première heure.
Mais la situation de Caliban n’est pas non plus sans soulever la problématique plus générale du metalcore, genre qui tend à tourner en rond depuis quelques années et semble avoir beaucoup de mal à se renouveler.
Pour être tout à fait honnête, la dernière production de Caliban ,Gravity, bien qu’en demi-teinte m’avait plutôt réconcilié avec le groupe grâce à un retour à une musique plus brute, l’abandon de samples à outrance et la disparition du chant clair de Denis Schmidt. Le guitariste Marc Görtz décrit ce Elements comme la suite logique de Gravity. La question est donc aujourd’hui de savoir si Caliban va transformer cet essai et au-delà réussir à apporter un renouveau à sa musique.

Dès le premier titre, This Is War, les hostilités sont lancées et comme sur beaucoup d’autres morceaux, on retrouve une mécanique bien huilée à base de couplets puissants et de refrains ultra-mélodiques. Tel un retour aux origines, cela fonctionne bien ici notamment grâce à la voix de Andy Dörner qui assure à nouveau avec brio l’ensemble des vocaux ; sa voix en scream est pêchue tandis que les passages clairs sont mélodiques sans tomber dans la mièvrerie mis à part sur le titre Before Later Becomes Never aux relants popisants. Quelques titres réservent même de bonnes surprises tels Intoxicated, véritable tube metalcore, Carry On et ses influences néo-metal et son chant rappé ou encore le très efficace Masquerade sur lequel Brian ‘Head’ Welch de Korn vient prêter main forte.
Malheureusement, on tombe vite ici dans les travers du style : un son uniforme sans nuances, les éternelles mêmes structures de compos (refrains mélo, breakdowns…), cette impression de déjà entendu des milliers de fois voire même d’assister à un plagia d’Architects sur le morceau Set Me Free. On ne peut certes rien reprocher techniquement à des morceaux comme Delusion, pourtant émotionnellement il ne s’y passe pas grand-chose. Rapidement à l’écoute de l’album l’ennui s’installe.
On notera un effort au niveau thématique, Caliban s’intéressant ici à la pression que nous inflige notre société. La pochette sobre est à nouveau signée Marcel Gadacz ; elle symbolise les éléments naturels : la terre, l’air, l’eau, le feu.

Au final, Caliban nous offre un album d’une qualité bien supérieure à ce qu’il nous avait habitué toutes ces dernières années, techniquement irréprochable mais qui présente tous les travers d’un style usé jusqu’à la corde.
En somme bien joué mais trop tard !

Tracklist de Elements :

01. This is War
02. Intoxicated
03. Ich Blüte fur Dich
04. Before Later Becomes Never
05. Set Me Free
06. My Madness
07. I am Fear
08. Delusion
09. Carry On
10. Masquerade
11. Incomplete
12. The Great Unknown
13. Sleepers Awake