Pour réussir un Caliban à la sauce Gravity, rien de plus simple ! Il vous faut :

- Cinq musiciens : Andreas Dörner au chant, Denis Schmidt, chant et guitare, Marc Görtz à la guitare, Marco Schaller à la basse et enfin Patrick Grün à la batterie.
- Une bonne dose de metalcore agrémenté d'émo.
- Des couplets hurlés.
- Des refrains en chant clair.
- Des ponts un ton plus bas avec une pincée de deathcore.

Vous ne pouvez pas vous tromper : la recette est simple, rapide et répétée à souhait.

La partie la plus goûtue de ce Caliban version 2016 est ce qui fait la force du groupe depuis sa création : des riffs bien sentis, voire au-dessus des productions classiques metalcore, un chant puissant et une double pédale qui, lorsqu’elle se met en route, donne du peps à l'ensemble.

Seulement voilà, lorsque l'on incorpore les passages "refrain en chant clair", d'un seul coup le goût pas désagréable de ce Caliban disparaît comme par enchantement. On a droit à une soupe sans nom, digne d'un Linkin Park sous-vitaminé. D'autant que l'on sert ça avec du clavier ou des chœurs qui, personnellement, me donnent la nausée. Quant à la production, elle est d’une platitude absolue, tout le monde au même niveau. Il aurait fallu relever le tout car ça manque franchement d'assaisonnement et donc de saveur.

J'en profite pour pousser un véritable cri de gueule face à tous ces groupes de "Je-fais-du-gros-son-mais-j'aime-faire-plaisir-à-maman-core" qui nous pondent ces structures de morceaux. Il faut savoir ce que l'on veut. Soit on envoie du bois et on y laisse son cœur et ses tripes. Soit on fait de la soupe pour ne pas choquer les oreilles des jeunes filles en fleurs, on passe sur le canapé rouge de Michel et on se remplit les poches. Mais là, cet entre-deux mou du genou m'agace au plus haut point, comme l’œuf sans mayonnaise.

Pour conclure, si vous aimez ce côté émo vous ne devriez pas être déçu par cet album qui a quelques atouts, mais bien trop rares à mon sens. Je suis peut-être un peu trop intransigeant, voire un peu fermé sur ce coup-là. Mais je n’adhère pas du tout aux passages les plus aériens de l’album. Pourtant je défends souvent le contraste et les variations dans la musique... Mais là, je n’y suis pas sensible.

D’ailleurs le prochain qui pour Noël me sert cette même recette mielleuse, je l'enferme dans une cave avec comme punition un medley Justin Gimps de la Fuego pendant dix-huit heures non-stop. Alors, elle n’est pas bonne la soupe ?

Tracklist de Gravity:

01. Paralyzed
02. Mein schwarzes Herz
03. Who I Am
04. Left For Dead
05. Crystal Skies
06. Walk Alone
07. The Ocean’s Heart
08. brOKen
09. For We Are Forever
10. Inferno
11. No Dream Without A Sacrifice
12. Hurricane