Artiste/Groupe:

Carthagods

CD:

The Monster In Me

Date de sortie:

Juillet 2020

Label:

FDA / Metalville

Style:

Heavy Metal

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Note:

16/20

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Si je vous dis "metal tunisien ?", vous me répondez... Myrath. C'était couru d'avance. Et pourtant, avant Myrath, car ayant commencé leur carrière la fin des années 90, ceux que l'on pourrait donc nommer les pionniers tunisiens du style musical que nous aimons tant s'appellent Carthagods. Sa discographie est peu fournie car, bien que le groupe ait déjà tourné et assuré les premières parties de pointures du metal (telles que Judas PriestSlayerEpicaAnathemaBlind Guardian ou Dark Tranquillity) en Tunisie ou en Europe, il n'y a eu qu'un premier album en 2015 et The Monster In Me qui fait l'objet de cette chronique. C'est facile de vous dire ça, j'ai l'air d'un monsieur je-sais-tout... mais la vérité est que j'ai entendu parler de ce groupe pour la première fois il y a quelques mois seulement. Et je dois cette belle découverte à un ami qui m'a fait écouter quelques titres du disque qui nous intéresse aujourd'hui. Car, en réalité, cet album est initialement paru en 2019 mais n'a jamais eu les honneurs d'une sortie "physique" jusqu'à maintenant (il y a eu des soucis avec l'ancien label mais les choses ont changé : nouvelle signature et, donc, ressortie de l'album...). Et il vaut la peine qu'on en parle.

Au petit jeu pas forcément utile mais quasiment inévitable des comparaisons, on se rend vite compte que Carthagods ne propose pas la même musique que celle de Myrath (bah oui, ce n'est pas parce qu'ils sont tunisiens et qu'ils font du metal mélodique que ça va être pareil). La partition proposée ici est plus sombre et heavy, moins enjouée et moins portée sur les orchestrations ou instruments traditionnels (en gros, ils jouent moins la carte "ethnique"). Mais cela ne veut pas dire que la musique de Carthagods est pauvre car ces messieurs ont un goût prononcé pour les ambiances dramatiques et ornent volontiers leurs compos de quelques touches progressives ou arrangements symphoniques. Le côté plus sombre, heavy ou menaçant évoqué ci-dessus, on le sent bien dès les premières mesures de Whispers From The Wicked qui compte d'ailleurs comme invité un certain Mikael Stanne (Dark Tranquillity) qui renforce l'aspect un peu "evil" de l'entreprise. Ce morceau d'ouverture commence directement avec une grosse rythmique bien puissante. Le son est en adéquation avec le propos (Timo Somers de Delain a produit l'opus... en plus d'être maintenant membre du groupe à part entière, en tant que second guitariste), c'est moderne et musclé. Le titre est efficace avec un couplet rentre-dedans et un refrain plus posé doté d'une belle mélodie. En deuxième position, la chanson titre confirme tout le bien perçu sur la compo précédente. Atmosphère dark, gros riffs et solos joliment tricotés (Tarak Ben Sassi et Somers ne sont pas là pour faire de la figuration), arrangements de qualité... c'est bien heavy, percutant et mis en valeur par un autre atout dont je n'ai pas encore parlé : une belle voix, puissante et éraillée (qui me rappelle parfois celle de Rick Altzi, vocaliste ayant officié - ou officiant toujours, ça dépend - chez At Vance, Herman Frank, Masterplan entre autres...), celle de Mahdi Khema.

Vous vous doutez bien qu'avec un titre nommé The Devil's Dolls, l'album ne prend pas un virage happy metal. Non, on est sur quelque chose de plus mid-tempo, catchy (avec ses "wo hohoho hohoho" destinés à être repris par la foule en concert) mais toujours aussi lourd et belliqueux. Cependant, les choses vont un peu évoluer avec The Rebirth, compo plus mélancolique, sorte de ballade qui reste robuste et très éloignée de toute forme de mièvrerie et, surtout, A Last Sigh, l'un des morceaux les plus réussis de la galette (avec Mark Jansen d'Epica et Mayan venu poser son chant extrême), qui confirme le talent de Carthagods pour écrire de belles mélodies et charger sa musique en intensité dramatique, tout cela sur un tempo plus posé qu'en début d'album. Le refrain est de toute beauté, le tout est pesant mais comprend un petit break accéléré et des arrangements classieux pour une plage plus progressive et épique d'une durée de sept minutes. L'allure est plus remuante sur le direct et entraînant Cry Out For The Land avant un final pas inintéressant mais surprenant tant il fait retomber la pression. En effet, je trouve un peu étrange que l'opus s'achève sur deux compos calmes d'environ sept minutes, Memories Of Never Ending Pains, une power ballade... et le retour de The Rebirth dans une version instrumentale / orchestrale. Personnellement, je n'aurais pas craché sur une conclusion un peu plus rythmée ou musclée mais cela n'enlève pas leurs qualités aux deux morceaux en question ni à cet album qui reste tout de même bien ficelé et prenant.

Carthagods : une découverte intéressante faite sur le tard, certes, mais bel et bien faite... et c'est là le principal ! Mélodies envoutantes, riffs solides, solos inspirés, production robuste aux arrangements soignés, quelques mélodies orientalisantes, un univers qui m'a parfois évoqué une sorte de rencontre entre les Français de Nightmare (pour le heavy moderne parfois teinté de thrash) et les Suédois d'Evergrey (dans certaines mélodies ou passages mélancoliques), avec une petite touche symphonique en plus... L'ensemble est bien écrit et parfaitement exécuté. Maintenant que je connais l'existence de ces Tunisiens, j'ai bien l'intention d'être au rendez-vous pour la suite de leurs aventures... et si vous aimez ce style de metal, je vous suggère d'en faire autant. 

Tracklist de The Monster In Me :

01. Whispers From The Wicked
02. The Monster In Me
03. The Devil's Dolls
04. The Rebirth
05. A Last Sigh
06. Cry Out For The Land
07. Memories Of Never Ending Pains
08. The Rebirth (orchestral)

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