C H R O N I Q U E

Qui ne connaît pas Christian Death ? Si vous vous comptez parmi les ignorants, on ne vous en voudra pas sauf si vous êtes gothiques. Pourquoi ? Parce que sans Christian Death, point de Goth rock, de goth métal, point de musique sombre comme il en pleut quelques fois de nos jours. La faute à Only Theatre Of Pain (82), véritable pavé noir lancé dans la mare Post Punk de la fin des années 70 qui a noté là l'acte de naissance des héros de l'ombre. Une sorte de Black Sabbath du rock.

25 ans plus tard (!), le groupe nous fait poser une question primordiale : a-t-il encore sa place aux côté de tous les fils qu'il a engendrés ? A priori, non, comme l'atteste la qualité discutable des disques sortis ces dernières années. Mais en 2007, la donne est différente. Explications.

American Inquisition démarre par une intro très martiale, noyée, digne d'une marche militaire sombre. Et hop c'est parti. Les premiers morceaux sont étonnement chauds, sur des structures rocks soulignées par des guitares aussi sombres que celles de Danzig. Narcissus rappelle la filiation des groupes Indus Thrash comme les Undercover Sluts et autres Deadstar Assembly.

Victim X confirme cette impression soutenue par les vagues électros-rock qui soulignent le côté limite sado-maso de la musique gothique. On est rassuré, Christian Death a pour l'instant retrouvé un peu de sa vigueur. L'halluciné trip dans un cimetière To Dissapear grogné par Eva O est très convaincant de simplicité et d'efficacité.

Mais Dexter Said No To Methadone plomb l'ambiance et tout devient sombre. Nous sommes bien dans un univers gothique, à plus forte raison celui des fondateurs. Et le plus fort arrive : le quatuor de fin donne l'occasion au groupe de toucher du manche le génie absolu et la grâce éternelle qu'il avait tant de fois fait siens par le passé : on passe par tous les états de la tristesse à la sobriété rock, ce qui a fait le Christian Death des années 80, parlant de la dépendance au sexe, de l'addiction, de la contemplation d'un monde ouvert et pourtant si fermé. A ce titre, See You In Hell qui démarre sur les gémissements tirés d'une vidéo à caractère plus de 18 ans très dénudée et qui signe là l'état de grâce est la parfaite chanson de ce recueil.

Anachronisme perdu dans une époque où tout va trop vite, Christian Death s'ennorgueillit d'une production moderne qui paradoxalement met en avant les qualité de compositions Old School des maîtres de l'ombre. Un retour en forme qui fait du bien, autant au groupe qu'aux fans.