Artiste/Groupe:

Code Orange

CD:

Underneath

Date de sortie:

Mars 2020

Label:

Roadrunner Records

Style:

Industrial Hardcore

Chroniqueur:

ced12

Note:

15/20

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Attention groupe hype du moment. Et comme toujours dans ce genre de cas, ne pas s’enflammer, ne pas tomber dans la critique gratuite et essayer de garder une bonne capacité de jugement. Bref, un mini challenge (accepté !!) pour moi. Pour gagner un peu de temps, je commence par présenter le groupe. Le quintette nous vient de Pittsburgh, Pennsylvanie et évolue dans un registre Industrial Hardcore et se faisait appeler Code Orange Kids à ses débuts (renommé Code Orange en 2014). Ça commence mal, nous voilà déjà avec une étiquette bien tendance. Le groupe a déjà sorti trois disques dont le I Am King datant de 2014 qui avait permis aux Américains de se payer une belle réputation. Sur le plan des influences musciales, on peut citer Converge, Hatebreed et autre Dillinger Escape Plan (pour la sauvagerie en live). Ce Underneath a demandé pas mal de boulot au niveau enregistrement et le groupe avait dû annuler ses participations en Festival à l’été 2019.

Concours de circonstance malheureux, ce disque sorti le 13 mars 2020 se télescope à une actualité que tout le monde connaît. Le groupe a d’ailleurs dû renoncer à son release show et a, pour compenser et à l’instar d’Ultra Vomit, réalisé un concert sans public mis à disposition sur la toile. Initiative sympa dans un tel contexte. Et pour ceux qui ne connaissent pas le groupe, je recommande ce live de Code Orange où l'on voit bien la sauvagerie inhérente aux concerts du groupe. Il faut dire qu’avec trois chanteurs, ça vous fait de l’animation.

 

 

Hyper moderne est le premier mot qui vient à l’esprit avec ce groupe. Les membres communiquent volontiers sur ce sujet et ont une vraie volonté d’innovation tant en terme de musique que de production. A ce propos, ils ne sont pas moins de trois à être crédités à la production de ce Underneath : Jami Morgan (batteur de la formation et parfois chanteur), Rick Rasnkulinecz (les derniers Korn, Alice In Chains, Mastodon et connu au début pour avoir bossé avec les Foo Fighters sur l’excellent One By One), et Will Yip (également au mixage avec l’aide de Eric Balderose, guitariste et chanteur de Code Orange). A noter que Will Yip a aussi bossé pour des combos aussi variés que Cradle Of Filth et Keane (ce qui fera plaisir à l’ami Blaster Of Muppets, émérite chroniqueur de ce blog). Ça fait du monde (c’est peut-être la modernité, le sureffectif administratif !) mais la bonne nouvelle, c’est que le boulot fourni se remarque. Ça sonne très moderne, presque industriel tout en dégageant une belle patate. Malgré mes quelques commentaires sarcastiques, c’est une production qui pourra, mais ça nous ne le saurons que plus tard, marquer son époque. Toutes ces considérations techniques sont intéressantes (et méritent, je pense, d’être signalées, le groupe intégrant clairement cet aspect dans sa démarche) mais qu’en est-il de la musique proposée ?

 

 

Sur ce point, je peine un peu à me prononcer, pour ne rien cacher. Ah, ça envoie bien, c’est dynamique et l’impression d’urgence, associée à l’aspect indus, est bien retranscrite. Ça manque un peu de cet esprit « morceau » (eh oui, tout cela est très déstructuré, toujours dans cette volonté de modernité) ce qui rend parfois l’approche de ce disque peu évidente. Après une rapide intro, la rythmique très saccadée de Swallowing The Rabbit Whole avec des guitares distordues synthétise assez bien la musique si spéciale du groupe. L’atmosphère est pesante, presque froide, ça alterne différents registres et pour tout dire, ça désarçonne un peu. Curieux comme certaines sonorités de guitare me font penser au Korn du début (In Fear) mais en plus moderne. Serions-nous en présence d’un Life Is Peachy 2020 ? En bien plus agressif clairement et relevé à la sauce d’un Knocked Loose (Cold.Metal.Place). J’entends aussi par cette comparaison l’aspect novateur de ce disque. Il y a pire comme référence, notez bien, même si je n’ai jamais caché que, à titre personnel, la vague Korn et suivants ne m’avait pas enthousiasmé outre mesure. Mais ce serait bien trop réducteur de décrire ainsi la musique des Américains tant Code Orange mélange les styles (c'est peut-être ce patchwork qui caractérise les groupes se revendiquant modernes en 2020 tel I Prevail). L’aspect hardcore est très réussi avec des guitares bien agressives. Le chant est cependant plus en retrait par rapport à d’autres groupes de hardcore comme Knocked Loose déjà cité avec un chant féminin qui tempère un peu toute cette intensité (Who I Am plus accessible et plaisante). Difficile tout de même d’assimiler cette musique, trop déconstruite pour moi je dois bien l’avouer. Petite dédicace pour le titre éponyme qui conclut ce disque, très bon titre, mémorisable.

 

 

Le verdict n’est pas évident. Tout cela est très intéressant dans la démarche artistique, la volonté de proposer quelque chose de novateur et cela s’écoute plutôt bien. Reste cet aspect « foutraque » qui me bloque un peu comme avec tous ces groupes récents qu’on peut labelliser grossièrement (de toute façon dès qu’on met une étiquette …) post-hardcore. Je me permets de recommander sans problème ce disque qui peut vraiment trouver un public. Reste à l’auditeur de se faire sa propre opinion. Une formation qui devrait perdurer un moment au vu de l’indéniable talent de ces jeunes loups.

 

 

Tracklist de Underneath :

01. (deepthanbefore)
02. Swallowing The Rabbit Whole
03. In Fear
04. You And You Alone
05. Who I Am
06. Cold.Metal.Place
07. Sulfur Surrounding
08. The Easy Way
09. Erasure Scan
10. Last Ones Left
11. Autumn And Carbine
12. Back Inside The Glass
13. A Sliver
14. Underneath

 

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