Artiste/Groupe:

Coilguns

CD:

Watchwinders

Date de sortie:

Octobre 2019

Label:

Hummus Records

Style:

Noise Rock / Hardcore Chaotique

Chroniqueur:

fabulous

Note:

16/20

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Créé en 2011, Coilguns est un des fers de lance de la musique suisse noise rock, avec influences hardcore chaotique et un son très garage rock. Originaire de la Chaux-de-Fonds et composé des géniaux Louis Jucker au chant et à la guitare, Jona Nido à la guitare, Luc Hess à la batterie et Donatien Thievent au synthé et percussions, Coilguns est réputé pour ses performances scéniques ultra énergiques et débridées. Le groupe a sorti plusieurs EP seul et des splits avec leurs potes Kunz, Never Void et Abraham. Leur premier album, Commuters, est sorti en 2013. Le deuxième long format, Millennials, en 2018.
Et voici donc Watchwinders, nouvel album du groupe écrit de façon très particulière, dans l’urgence, de A à Z en l’espace d’un mois et en studio. Un exercice ô combien difficile que seuls les groupes de grand talent peuvent réussir, et quand c’est réussi ça donne quelque chose de spontané, frais, authentique. Voici le communiqué de Jona pour expliquer un peu mieux la création de cet album :

"Watchwinders est un disque que l’on a voulu DEVOIR faire, avec toutes les contraintes inhérentes à ce genre de processus. Constamment en tournée, on n'avait pas le temps de faire un album et pourtant on a réservé un studio pendant un mois. Chaque note a été écrite sur place, on a installé, enregistré, mixé, arrangé et complètement produit cet album nous-mêmes en quatre semaines. Même les visuels ont été créés sur place par Noé Cauderay qui travaillait dans la grange du studio, la nuit, sans chauffage durant l’hiver du mois de janvier. Je suis tellement fier - en tant que groupe et en tant que groupe d’amis - d’avoir réussi à produire un disque - avec ces contraintes - qui résonne autant chez chacun de nous. C’est bien sur l’album le plus chargé de sens pour nous à ce jour et aussi le plus contrasté et celui avec le plus de dynamique entre les douze titres. Il y a quelques indices dans ce disque donnant la direction du Coilguns du futur. C’est le commencement d’une nouvelle ère pour Coilguns et il ne va pas se passer très longtemps avant qu’on attaque le prochain. Pour l’instant j’espère juste que les gens apprécieront les nouvelles bizarreries et la direction générale que nous prenons. C’est un disque complètement fait maison de A à Z et je ne pourrai jamais remercier assez mes frères Luc, Louis et Donatien d’être toujours là fidèles au poste et de permettre à Coilguns d’être une occupation à temps plein. Restez chelou comme dirait l’autre et écoutez donc ce disque TRES FORT."

J’ai donc respecté les consignes à la lettre et j’ai écouté ce disque très fort, au casque, dans la voiture, dans mon salon. Et qu’est-ce qu’il en ressort ? De l’excellent travail. C’est brut, c’est direct, du Coilguns 100% pur jus.
Plusieurs choses nous marquent au fer rouge vif dans cet album. Tout d’abord la batterie de Luc Hess est excellente, ses frappes sont chirurgicales, il démarre d’ailleurs seul le premier titre Shortcuts de la meilleure des façons avec de lourdes frappes lentes et précises, secondé ensuite par la voix si atypique de Louis Jucker. On est entre l’intro et le vrai premier morceau avec ce titre qui ne dure qu'une minute trente, comme si le groupe avait voulu nous dire par ce tempo lent et enivrant que nous n’allions pas avoir affaire qu’à un déluge sonore mais aussi à des passages plus posés, planants. Bien que le groupe ai déjà proposé cela par le passé dans leurs précédentes sorties, cette fois-ci ce sera plus présent, peut-être une idée du futur Coilguns comme le dit le groupe. Le final de Shortcuts est plus rapide et violent, pour enchaîner avec Subcultures Encryptors qui démarre à fond de cale, du pur hardcore chaotique. Louis Jucker éructe ses mots à s’en décoller les poumons, la guitare et les paroles répétées de Louis nous donnent l’impression d’être pris dans un tourbillon musical sans aucune issue possible, comme si le groupe voulait prendre le temps de nous faire rentrer dans le crâne leur message, ce qui fait que l’album porte très bien son nom d’ailleurs. Ce sentiment d’urgence, de temps qui passe trop vite, d'être constamment pressé, est palpable. Coilguns a réussir à retranscrire en musique cette horloge qui avale les secondes une à une. Big Writer’s Block et ses guitares entêtantes en est un formidable porte-étendard. Un morceau d’une puissance dévastatrice avec des accélérations à la fois maîtrisées et totalement folles. A noter la présence soutenue de Donatien sur ce morceau avec des samples variés et nombreux.

Watchwinders est un morceau plus nuancé, d’abord énergique et dans la pure veine noise rock, on apprécie ici la voix de Louis Jucker, aiguë et éraillée pour le début du morceau au rythme soutenu, puis une voix beaucoup plus suave et dans les graves pour la deuxième partie du morceau très mid-tempo qui montre que Coilguns a plus d’une corde à son arc et maîtrise son art quelque soit la direction prise. The Growing Block View est d’ailleurs la parfaite continuité à cette deuxième partie de Watchwinders, un morceau lent et au rythme posé. Ce ne sont pas les seuls morceaux au rythme lent, Prioress va ainsi explorer le style post rock de plus près, un morceau très introspectif, beau tout simplement.

Il y a tellement d’ambiances différentes dans cet album qu’on a l’impression, même s'il a été composé entièrement pendant un mois en même temps que l’enregistrement, que le groupe savait tout de même dans un coin de sa tête quelle direction prendre et quelle tendance donner à tel ou tel morceau. Si ce n’est pas le cas, chapeau, la performance est encore plus grande. On se retrouve donc avec du Coilguns comme on le connaît avec Urban Reserves par exemple, morceau court et ultra rapide. Et le morceau final, Periscope qui ouvre le groupe sur d’autres horizons.
Au final, Coilguns aura grandement réussi l’exercice de l’album composé, écrit et enregistré en un temps records et d'une excellente qualité. Watchwinders est riche, varié, bien composé et cet album est une sorte de transition pour la suite, eh bien vivement la suite ! Du très bon travail.

Tracklist Watchwinders :

01. Shortcuts
02. Subculture Encryptors
03. Big Writer’s Block
04. Watchwinders
05. The Growing Block View
06. Manicheans
07. Prioress
08. The Morning Shower
09. A Mirror Bias
10. Urban Reserves
11. Broken Records
12. Periscope

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