C H R O N I Q U E
Gang de quatre farceurs originaire de Copenhague (Danemark), Disneyland After Dark (devenu D:A:D, puis D-A-D, suite à une plainte de Disney contre eux) distillait jusqu'en 1989 un rock façon far-west, matiné d'humour, de rockabilly et de guitares déjà bien présentes. Mais avec No Fuel Left For The Pilgrims, le groupe passe du stade d'amuseur public à celui de challenger sérieux au titre de véritable rocker ! Terminé les amusettes up-tempo style gigue-du-c... entre deux chariots enflammés par les flèches indiennes, on ne rigole plus. Enfin si, justement, beaucoup, même, mais avec panache.
Et c'est là tout le génie de D-A-D, qui dés lors, saura imposer des textes forts bien troussés, taillés à la serpe d'un humour désabusé, acquis à la force du riff lors des interminables tournées de clubs et rades pourris avec toutes les mésaventures que cela implique (voir les paroles de Riskin'it all sur l'album de même nom). Les lyrics suintent l'authentique, chaque mot est pesé et balancé façon poissonnier par un Jesper Binzer impérial sur des rythmiques simples mais diablement efficaces, serties de mélodies simples (en apparence... voir AC/DC) mais immédiatement mémorisables, que disperse son frangin Jakob. Impossible de ne pas taper du pied tellement c'en est jouissif de plaisir. L'on retrouvera d'ailleurs toute la quintessence du groupe dans D-Law (sur l'album suivant, Riskin'it All), dont les lyrics définissent avec justesse et humilité le groupe (dont un bassiste hilarant qui joue sur des basses deux cordes et se revêt de costumes improbables à chaque apparition live). Jugez plutôt :
Look at that guy in those tight leather-pants He can't sing and you can see he can't dance And soulfinger's spinning; throwing his hair He's got nothing to say; He's just happy 2 B there Look at his friend and look at his face... He's got a 1 track mind'n'a 2 stringed bass! On garbage drums with a license to swing Pete sets the pace to anything... But I don't care - No! 'Coz by the order of the police'n'sweet olde Walt Yeah! We do as we please... It's the Disneyland law - Disneyland law And we don't need no more no We got the Disneyland law - Disneyland law Yeah, it's so far out; It makes anarchy a bore
What the critics defined as presence of mind Was nothing but a wish 2 be 4 of a kind... And though we don't share the same label Each of us is a can of tomato... From lower ego to upper i.d. We're climbing up on the social tree From cellar to t.v. - Arena to bowl To penthouse-view from misery... But I don't care - No! 'Coz by the order of the police'n'sweet olde Walt Yeah! We do as we please... It's the Disneyland law Disneyland law And we don't need no more no! We got the Disneyland law Disneyland law Yeah, it's so far out; It makes anarchy a bore Disneyland law
Yeah! We're doing our duty Disneyland law Following a track Disneyland law With our pistol foreskin back!
481914 Anyplace U haven't been? This ain't open territory... We're building a road-block - On your guard, boys!! - Ohmygod there's a maniac in here.!!.
Yeah! By order of the police - We do as we please Wanna hear something funny? - We print our own money!! Disneyland law Disneyland law And we don't need more We got the Disneyland law Disneyland law Bref, pour revenir à notre album : le premier missile, Sleeping my Day Away est tiré sur un riff simple de Gibson rattrapé immédiatement par un mid-up-tempo ravageur, qui met tous les pieds à l'unisson. Déjà, les textes parlent. Voix rocailleuse et terriblement rock'n roll, rythmique ensorcellante. A peine remis, c'est Jihad et Point of View, imparables, qui prennent le relais sans pitié, toujours dans le fun (..."I like to share your point of view, only if it's my view too..."). Avec Rim of Hell, le tempo ralenti un poil et les guitares (avec la voix) franchissent un cran, toutes burnes dehors. Heavy à souhait. ZCMI, plus rapide, nous renvoie aux deux premiers essais, plus légers, suivi par True Believer assez semblable, rapide, léger, teinté de punk très light. On remet le couvert du fou rire avec le sévèrement rythmé (et excellent) Girl Nation, aux lyrics délectables. Puis la suite Lord of the Atlas, Overmuch et Siamese Twin oscille entre mid et up (jamais violent)-tempo, avec quelques choeurs maison juste ce qu'il faut, des guitares bien dosées (le propos n'est pas la descente de manche) et une section rythmique toujours solide qui groove terriblement ! Wild Talk, en mid-tempo ravageur et béton, marque un break avant le grand final de Ill Will, qui clôture les festivités en lâchant les chevaux.
Honnête et franc, attachant et intelligent, marrant et humble, loin des sentiers battus du star system, D-A-D offre ce que le Danemark a de meilleur (avec l'akvavit !) et prouve haut la main que même sans MTV on peut être des monstres de rock. D-A-D, avant d'être de la musique, c'est un état d'esprit, qui transpire dans toute son oeuvre, aussi bien dans l'humour que la mélancolie (parfois mélés), avec toujours un double mot d'ordre : Rock et Fun ! Un groupe, un vrai, dans lequel chacun occupe 25% de l'espace. Respect.
Venez donc discuter de cette chronique, sur notre forum !
|