Artiste/Groupe:

DRH

CD:

Thin Ice

Date de sortie:

Octobre 2018

Label:

Apathia Records

Style:

Jazz Metal / Progressive Metal

Chroniqueur:

Bardney

Note:

18.5/20

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Cocorico... vous avez entendu ? Ce cri (une coquerique, pour être précis) annonce un groupe Français, bien'd'chez nous ! (de Lyon, pour être précis) 

Voici donc le Directeur des Ress... DRH (qui veut en fait dire Dark Rock Hallucinogène mais je vais rester sur l'acronyme), composé du quatuor Danilo Rodriguez (aux guitares), Alexandre Phalippon (à la basse), Rémi Matrat (aux saxophones) et enfin Josselin Hazard (aux baguettes). Guitares et saxophones au pluriel car différents seront utilisés selon le titre, variant les sons efficacement. Le concept du groupe ? Ils le décrivent comme étant des délires méta-cosmiques, des rêves sous acides à la Burroughs, des envolées superbes type opéra halluciné. Mouais, je pense en avoir perdu un ou deux, alors pour vous traduire tout ça... c'est un melting pot de jazz, metal prog/experimental... avec du saxophone !! J'adore cet instrument dans ce genre de musique et, autant vous prévenir, on l'entend et pas qu'un peu !

Vous parler de l'album de manière globale est compliqué, mais je peux vous dire qu'il est incroyablement maîtrisé, sur plusieurs niveaux : la diversité des compositions, les compositions en elles-mêmes, la maîtrise des instruments. Déjà l’éléphant dans la pièce : pas de parole, pas de chant, pas de slam, il s’agit d’un album uniquement instrumental, à deux exceptions près.

Commençons par la diversité des compositions. Vous connaissez cet étrange sentiment d’avoir l’impression à la fin d’un album d’avoir écouté une seul long morceau, sans pour autant qu’il soit répétitif une seule fois ? Ça décrit assez bien Thin Ice et son univers. Le premier titre, Rift, présente ce à quoi on va avoir droit : des basses de malades, une batterie en piano ou puissante mais toujours en technique, un saxo qui défonce tout, et la guitare déchaînée. Puis sans qu’on s’en rende vraiment compte, les minutes passent, le deuxième titre se lance et, même s’il diffère clairement du premier, une suite logique se crée ; et là, c’est gagné, on est dedans.
Si on est dedans, c’est évidemment grâce aux compositions de chaque titre individuellement : on visualise facilement le délire, on y plonge facilement la tête la première. Déjà, DRH nous promet une influence jazzy, et effectivement le saxo et la basse sont magistraux, créant des titres qui sont dépaysants car assez uniques dans ce style musical ; mais également familiers car tout le monde a déjà écouté du jazz, que ce soit à la radio, dans des films, j’en passe et des meilleurs. DRH fait du neuf avec des choses vieilles de soixante ans.

Ensuite, je ne peux pas passer sous silence la maîtrise des instruments : mes amis, on a affaire à des grands. Je vous ai parlé de la basse et du saxo, mais je ne vous ai pas parlé du bassiste et du saxophoniste (respectivement Alexandre Phalippon et Rémi Matrat). Chacun fait ressortir le meilleur de son instrument. J’ignorais qu’un saxophone pouvait émettre autant de nuances différentes en un seul titre, autant de panache, de mélancolie,… accentué par une basse très présente, qui nous écrase, mais qui ne prédomine pas sur les autres instruments… chacun à sa place.

Même si au début je trouvais que le batteur était trop en retrait voire trop timide lorsque j’y ai prêté l’oreille, je me suis vite rendu compte qu’elle était incroyablement technique, avec beaucoup de « ghost notes » (jouées en piano, si vous préférez), avec des sextolets en veux-tu en voilà ; je trouve la performance très impressionnante. Et puis la guitare s’adapte parfaitement à chaque titre et rajoute à coup sûr un « je ne sais quoi » qui fait passer le morceau de très bon à incroyable. J’ai toujours trouvé impressionnant qu’un groupe sans chanteur puisse faire dégager des émotions uniquement par des instruments. Pour moi, c’est là où on voit une très très grande maîtrise de la musique, de SA musique. Bravo.

Je ne peux que vous recommander de plonger dans ces délires méta-cosmiques, ces rêves sous acides à la Burroughs, ces envolées superbes type opéra halluciné… sans déconner, les mecs, pour le prochain album 'faudra trouver une formulation d’accroche encore plus alambiquée ! Ah, et la tracks secrètes à la fin de Smoking Bluffer Live m’ont bien fait rire… qu’est-ce qu’on est serré, au fond de cette boite…

Tracklist de Thin Ice :

01. Rift
02. Fooled
03. Thin Ice
04. The Path
05. Black Chewing Gum (live)
06. Smoking Bluffer (live)

 

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