Artiste/Groupe:

Daemusinem

CD:

Thy Ungodly Defiance

Date de sortie:

Octobre 2017

Label:

Willowtip Records

Style:

Brutal Death Metal

Chroniqueur:

hourkach

Note:

17.5/20

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Le mois d'octobre s'achève, les cloches des églises retentissent et les cimetières se fleurissent en mémoire de tous les défunts qui reposent dans la paix du Dieu de la vie. Daemusinem profite de cette période du souvenir pour sortir un nouveau pamphlet, The Ungodly Defiance, dans lequel le quintet rejette en bloc ces croyances et préfère commémorer le souvenir de Fra Dolcino, prêtre brûlé par l'Inquisition au XIIIème siècle, en raison de son action pour les plus démunis et de sa détermination à combattre la tyrannie ecclésiastique. Après cinq longues années de réflexion, le consistoire italien est enfin reconstitué et nous convie à ce nouveau procès, pour le moins, funeste...

J'ai à peine le temps de prendre place, au milieu de mes confrères, lorsque les cinq Patriarcats pénètrent dans la Basilique sous un torrent de blasts et de hurlements plus bestiaux les uns que les autres. Je suis immédiatement saisi par la profondeur et l'intensité du son qui n'ont strictement plus rien à voir avec les albums Daemusinem Domine Empire ou Diabolical Carnage, sortis respectivement en 2002 et 2008. The Ungodly Defiance balaie la moindre sonorité de Black Metal, toujours présente jusqu'alors, pour ne plus cracher qu'un venin destructeur et frénétique à la Hour Of Penance ou Ad Patres. Natural Born Satanist (titre déjà visible sur l'EP Crossecution sorti en 2012) et Penitenziagite regorgent bien de passages lents et oppressants, mais ces accalmies sont souvent éphémères et ne résistent jamais aux réquisitoires endiablés de l'artilleur de service, Luca.
Daemusinem ne compte pas faire de quartier et poursuit son oeuvre blasphématoire en rejetant l'existence même de la Sainte Trinité à grands coups de cassage de nuque et de riffs bien acérés. Contrairement aux deux premiers morceaux, Unholy Trinity et Monolithic Confession sont des titres bien plus variés, bâtis sur des ralentissements assassins et des montées en puissance ne nous laissant aucune chance de battre en retraite. Ces nombreuses attaques, systématiquement accompagnées de growls d'outre-tombe du Sieur Ettore "DOC" Lacomuzio, commencent malheureusement à produire leur effet en s'emparant de mon esprit et en provoquant des séries de headbanging incontrôlées.
Malgré cette terreur, je décide de poursuivre mon homélie en m'agenouillant sur mon Prie-Dieu pour y implorer le Tout-Puissant et expier mes péchés. Le Seigneur semble soudain miséricordieux car Daemusinem marque étonnamment le pas en s'enlisant dans un Gospel Truth Is Bloodshed moins convaincant. Je suis certainement sévère car le duo de gratteux repousse, encore et toujours, les limites de la technicité, mais dans l'ensemble, cette cinquième ode satanique ne propose rien de nouveau et me fait trop souvent penser au déferlement de blasts et de haine déjà subis lors des deux premiers titres. Ce répit n'est que de courte durée car les cinq infidèles ne me laissent pas le temps de finir mon évangile et repartent immédiatement au combat avec une autre injure perverse et irrésistible intitulée The Denial of Dethronement. Daemusinem a bien compris comment m'envoûter et décide alors de m'éblouir en ralentissant considérablement le rythme et en insistant sur des rafales effrénées de double pédale. Le rendu final est incroyable car The Denial of Dethronement est étouffant, accablant et apparaît, de très loin, comme la nuisance sonore la plus infernale de ce nouveau méfait.
Ma peur s'intensifie lorsque Daemusinem enchaîne deux nouveaux brûlots, Despaired Path of Suffering et Golgotha. Les changements de rythme sont incessants, les accélérations toujours aussi nerveuses et les riffs répugnants à souhait, créent une ambiance sombre et jouissive à la Suffocation ou Deeds Of Flesh. Avant même l'explosion de Execrate The Cursed Martyr, je sais que ma défaite est imminente et je décide alors d'abréger mes souffrances en succombant au charme du Malin. Les cinq Piémontais n'en attendaient pas tant et profitent de leur supériorité pour m'ensevelir sous une multitude de breaks et d'accélérations plus monstrueux les uns que les autres. Cette maîtrise diabolique des partitions plonge définitivement mon âme dans les flammes et me condamne, pour l'éternité, à subir les châtiments de l'enfer... Deus meus, Deus meus, ut quid dereliquisti me ? Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abondonné ?

En définitive, Willowtip Records a hérité d'une bête immonde aveuglée par le péché et la vengeance. En simplement neuf prêches, Daemusinem est venu balayer ma foi en ravivant le spectre du Père Dolcino et en déchirant ma chair avec sa musique massive et sinistre. Certaines répétitions sont, certes, toujours visibles, mais il faudrait être de mauvaise foi pour ne pas reconnaître le talent et la progression incroyable du quintet italien. Trois de ces cinq hérétiques servent également le diable au sein du groupe de Brutal/Death Putridity et cela se ressent immédiatement car l'osmose entre les musiciens est parfaite et ne souffre, quasiment, d'aucune faiblesse. Ajoutez à cela les nombreux dialogues extraits du film, "Au Nom De La Rose", parsemés au fil des chansons, et vous obtenez un disque unique en son genre...


Setlist de Thy Ungodly Defiance :

01. Natural Born Satanist
02. Penitenziagite
03. Unholy Trinity
04. Monolithic Confession
05. Gospel Truth Is Bloodshed
06. The Denial Of Dethronement
07. Despaired Path Of Suffering
08. Golgotha
09. Execrate The Cursed Martyr