C H R O N I Q U E

Le huitième album des Espagnols sort en novembre, un peu plus d'un an après Autumnal qui était la suite logique du très bon Tarot accueilli unanimement. Cela n'a cependant pas permis à Dark Moor d'obtenir la notoriété qu'il mérite et le groupe, en tout cas en France, se produit toujours dans des petites salles et devant un public restreint. Cet album qu'est Ancestral Romance, et dédié à l'Espagne, changera-t-il la donne ? On l'espère en tout cas !  
 
Comme toujours, Dark Moor entre dans le vif du sujet avec Gadir, premier morceau des dix qui composent cette galette. Un titre qui n'annonce que du bon pour la suite grâce à ses orchestrations donnant une puissance supérieure à celle déjà en place avec les instruments habituels du metal. Un rythme rapide, une nature de musique plus sombre que l'on retrouvera aussi tout au long de l'album mais sans titres "agressifs" comme Faustus sur l'avant dernier opus du groupe. Suit le single, Love From The Stone avec son solo de guitare au début qui pourra faire penser à Lovers du même groupe. Un morceau calibré pour être le single avec un refrain accrocheur et facile à retenir. Berenice Misa, soprano venant du groupe Tears Of Martyr, fait des merveilles avec ses vocalises et enchante un peu plus l'auditeur, apportant un vrai plus à ce morceau qui semble tout de même assez banal dans la carrière du groupe et au sein même de l'album.
 
Sur Ancestral Romance, on retrouve de gros classiques : le rire "diabolique" d'Alfred Romero, les avalanches de solos de guitares, la batterie mise en avant et se répétant parfois dans son style, les passages instrumentaux mettant en avant aussi les orchestrations, la reprise d'un compositeur... On va d'ailleurs s'arrêter un petit peu sur celle-ci. Ritual Fire Dance est un morceau uniquement instrumental reprenant Manuel de Falla, toujours servi à la sauce Dark Moor. Des guitares un peu arabisantes reprennent le thème des instruments à cordes de Danza Ritual Del Fuego, faisant bien ressortir l'ambiance suave et passionnelle du morceau. Une fois de plus Dark Moor sait transformer un morceau classique en quelque chose de metal sans défigurer l'oeuvre d'origine !
 
Et à côté de ces éléments auxquels nous sommes habitués, il y a des surprises ! La première est Just Rock avec cette mise en avant de la batterie et ce côté légèrement Queen. Très rock, très rentre-dedans, il n'est pas donné à tout le monde d'apprécier ce morceau qui finira tout de même par ressembler à du Dark Moor. La deuxième viendra surtout de Cancion Del Pirata, première chanson en espagnol produite par le groupe. On note parfois une différence de chant, de voix suivant la langue utilisée et la prononciation, ce ne sera pas le cas ici. Alfred Romero fait encore preuve de finesse et de puissance à la fois, restant fidèle à lui-même. Il y aussi le riff de guitare sur Ah! Wretched Me qui surprendra, non pas pour son originalité au sein du metal car on connait ce son, mais parce que Dark Moor l'a intégré dans son propre univers. La dernière surprise sera la mise en avant de la basse pour des petits ou longs solos (sur la chanson citée précédemment par exemple), ou même très audible derrière la guitare ; prouvant sur album, après l'avoir fait sur scène, que Mario Garcia est un musicien et bassiste de talent. 

Des morceaux épiques et dignes de grands noms et du grand Dark Moor prennent vie dans Ancestral Romance, comme Mio Cid, puissante, dantesque et dont la fin est différente de la majorité de la chanson tout en étant en totale adéquation avec celle-ci. Mais il y a aussi ces morceaux touchants, Tilt At Windmills en premier, la ballade type de l'album, sans oublier un côté puissant, qui pourra agacer certains par son côté émotionnel et qui pourra en séduire d'autres dans les moments de déprime. Il faut reconnaître que même s'il n'a pas écrit les textes, Alfred Romero les vit. Justesse, puissance, émotions, changement de styles, le talent et la voix de l'homme sont exploités pour ce qu'ils sont comme de l'or brut. Et bien qu'elle soit assez discrète, Berenice apporte un plus à l'album avec cette voix si bien maitrisée. Bien évidemment, parfois leurs lignes de chant, principalement sur le dernier morceau, résonneront en vous comme une musique que vous connaissez, la musique aussi et pourtant on ne peut s'empêcher d'apprécier ce que le groupe a fait. L'écoute achevée, on ne veut que la recommencer, se plonger un peu plus dans ces histoires espagnoles contées avec brio dans un album où rien n'est à jeter, avec ce que certains appelleront des baisses de régime alors que d'autres y verront une variation de style. Le tout, avec un bon son et une bonne production, est un album de qualité dans la lignée des précédents. Si vous les avez aimés, il est certain que celui-ci vous plaira tout autant. 
 
Qu'on se le dise, Dark Moor a trouvé son style, l'explorant et le peaufinant un peu plus à chaque fois. Alfred Romero montre de plus qu'il peut interpréter avec justesse des textes qu'il n'a pas écrit, aussi bien dans l'intention que dans les notes. Il se démarque de Roy Khan, tout comme Dark Moor de Kamelot, la comparaison n'est vraiment plus de rigueur ! Les nostalgiques d'un temps révolu, coincés dans un passé dorénavant lointain seront déçus, ceux qui aiment l'évolution et comprennent qu'il faut regarder vers l'avenir et non vers le passé apprécieront sûrement le nouvel effort du groupe !

Tracklist d'Ancestral Romance :

01. Gadir
02. Love from the Stone
03. Alaric de Marnac
04. Mio Cid
05. Just Rock
06. Tilt at Windmills
07. Canción del Pirata
08. Ritual Fire Dance
09. Ah! Wretched Me
10. A Music in My Soul

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