Artiste/Groupe:

DeWolff

CD:

Tascam Tapes

Date de sortie:

Janvier 2020

Label:

Mascott Records

Style:

Raw Psychedelic Southern Rock

Chroniqueur:

Didier

Note:

17/20

Site Officiel Artiste

Autre Site Artiste

J’avais croisé ce nom de groupe à plusieurs reprises sans jamais prendre le temps de l’écouter sérieusement. Nous avions par exemple reçu (mais pas chroniqué) en 2019, le Live & Outta Sight II qui est pourtant excellent. Le groupe sort début 2020 un nouvel album qui s’appelle Tascam Tapes. Avant de vous le faire découvrir, revenons sur ce trio de Raw Psychedelic Southern Rock (c’est comme ça que le groupe se définit) originaire des Pays-Bas et formé en 2007. Le trio est jeune (douze, quinze et seize ans en 2007) et il est composé des deux frères Pablo et Luka van de Poel respectivement à la guitare et à la batterie, accompagnés par Robin Piso à l’orgue Hammond. Les trois compères chantent mais c’est Pablo qui est le chanteur lead du groupe. Ils ont à leur actif une déjà bien belle carrière puisque le groupe a sorti un EP, sept albums et deux live. En 2011, la télévision néerlandaise a diffusé un documentaire sur le groupe alors que la même année sortait aussi un livre, Letter God, comprenant des textes, des photos et un concert de 2011 en CD et DVD. En 2015, le groupe fonde son propre label Electrosaurus Records. Pas mal en douze ans, plutôt dégourdis les jeunes ?! Alors pourquoi, vous demandez-vous, est-ce que je m’intéresse à ce Tascam Tapes, alors que j’ai tout raté de ce combo depuis douze ans ? A cause de la pochette, messieurs dames. En effet, la pochette m’a fait rigoler et insérer immédiatement le CD dans le lecteur de ma voiture. Sur cette pochette, la mention “This is DeWolff’s new album, it was recorded on the road for less that $50” et à côté “but it sounds like a million bucks”. C’est rigolo, les types n’ont pas l’air de se prendre trop au sérieux, mais on est quand même interpellé par le fait qu’ils ont enregistré ça pour cinquante balles. La curiosité a fait le reste en ce qui me concerne. Pour information, le titre Tascam Tapes fait allusion à la marque d’enregistreurs audio de qualité Tascam et au fait que le groupe a utilisé un très vintage Tascam PortaTwo, un mini studio quatre pistes, six entrées, stockage sur cassette (!?!?) pour capter l’album alors qu’ils étaient sur la route (dans leur van, dans leur hotel, backstage).

Alors on craint le pire, vu que le groupe est déjà plutôt adepte de son analogique, cru et authentique ; 'faudrait quand même que ça reste écoutable, ce truc à cinquante balles. En plus, sur le site web on peut lire que ça a été enregistré sans batterie, sans orgue et sans ampli. Euh il reste quoi ??! Il reste quoi ? Eh bien le talent de compositeur, mes amis ! Complètement mis à nu.

Le premier morceau, un (bon) blues, inquiète quand même un peu : le son est très cru, le tempo assuré par une boîte à rythmes et surtout il finit en jus de boudin, saturé, tout pourri. Que l’on se rassure de suite avec Blood Meridian I, qui suit, est excellent, le refrain est un tueur, les effets électro à deux balles sont surprenants, les choeurs années 70 (Bee Gees) aussi, mais j’adore ce morceau qui groove sa race. 

Haaaa mais c’est quoi, ce truc génial qui suit, It Ain’t Easy ?! Le trio fleurte avec la soul, le funk, la disco. La basse (tiens, qui donc joue de la basse, d’ailleurs ?) est excellente, le petit solo de guitare aussi. 

Rain est une ballade minimaliste sublimée par la voix surprenante de Pablo (qui sonne un peu à la Tina Turner). L’humour a l’air de faire partie de l’univers du groupe, le titre Made It To 27 le prouve. Un bon blues dans lequel le chanteur est ravi d’avoir atteint l’âge fatidique de vingt-sept ans. Le son se fait cru et minimaliste pour Nothing’s Changing, pourtant le résultat est intéressant, une sorte de blues parlé gavé de soul. Même constat pour Let It Fly qui sonne très Lenny Kravitz, le groove est démoniaque, les chœurs aigus très 80s. Blood Meridian II est un morceau au refrain accrocheur, rythmé par des sons bruts de ferraille, c’est encore une réussite, des sons de synthé rétro font leur apparition. S’enchaînent ensuite deux morceaux parlant d’amour avec des visions plutôt inverses : l’amour comme grande source de joie dans le premier (Awesomeness Of Love) et l’amour source de gâchis dans le génialissime Love Is Such A Waste dans lequel ils ont utilisé régulièrement le cri samplé d’un type horrifié. Enorme ! Difficile de ne pas éclater de rire.

Am I Loosing My Mind va en surprendre plus d’un, c’est une seconde ballade (avec Rain), super rétro, dans laquelle Pablo chante en voix de tête aiguë, soutenu par des violons improbables. On finit en apothéose avec Life In A Fish Tank, super groovy et ponctué d’excellentes interventions d’harmonica. 

Une vraie cure de jouvence, ce truc ! Adepte du son vintage, ne passe pas à côté de ce specimen rare, en vinyle ce serait encore plus adapté. Les théoriciens du “Le rock est mort” peuvent aller se rhabiller. Ces types sont de géniaux compositeurs, dommage que ce genre de musique complètement anachronique ne fasse pas revenir vraiment dans les années 70s, elles me plaisaient décidément mieux que les actuelles. 

 

Tracklist de Tascam Tapes :

01. North Pole Blues
02. Blood Meridian I
03. It Ain't Easy
04. Rain
05. Made It To 27
06. Nothing's Changing
07. Let it Fly
08. Blood Meridian II
09. Awesomeness Of Love
10. Love Is Such A Waste
11. Am I Losing My Mind
12. Life In A Fish Tank

Venez donc discuter de cette chronique sur notre forum !