Artiste/Groupe:

Deep Purple

CD:

Burn

Date de sortie:

1974

Label:

Style:

Hard Rock

Chroniqueur:

Orion

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Gros bouleversements au sein de Deep Purple après l’album sorti en 1973, Who Do We Think We Are. Un album en demi-teinte, qui montre un groupe en panne d’inspiration et sur lequel on pressent déjà ce qu’il va arriver. Ritchie Blackmore et Ian Gillan ne se parlent plus, Gillan ne voyage plus avec les autres membres du groupe lors des tournées, Blackmore ne s’entend pas plus avec Roger Glover, le bassiste... Bref, ça va mal. L’album est d’ailleurs enregistré sous la pression du label et du management du groupe alors que manifestement, les gars avaient besoin de faire un break (il faut dire qu’ils ont quasiment enchainé non stop albums et tournées depuis le premier album en 1968). Cela aura raison de la "Mark II" : Gillan et Glover quittent le groupe en 1973 et les trois autres doivent leur chercher des remplaçants. Le premier à être engagé est le bassiste Glenn Hughes, qui aimerait bien devenir également le chanteur du groupe, poste qu’il tenait dans son ex-groupe, Trapeze. Mais cela ne satisfait pas les autres qui tiennent à une formation à cinq membres (et surtout, il parait que les répétitions avec Hughes reprenant les anciens titres de Purple furent désastreuses). Après avoir jeté leur dévolu sur Paul Rogers (de Free) qui refuse l’offre pour aller former Bad Company, ils engagent donc un petit jeune parfaitement inconnu pour tenir le chant, un certain David Coverdale. Mais Hughes ne sera pas complètement lésé puisqu’on lui offre de devenir le second chanteur. C’est tout simplement une véritable révolution qui s’opère : il y aura dorénavant deux chanteurs dans Deep Purple.

C’est donc ce que l’on appelle la "Mark III" du groupe (Coverdale – Blackmore – Lord – Hughes – Paice) qui investit les studios de Montreux en novembre 1973 (là où fut conçu Machine Head) pour enregistrer le huitième album du groupe : Burn. Doté d’une sympathique pochette au passage, originale, avec ces cinq bougies à l’effigie des musiciens. Un album qui marque également un virage stylistique pour Deep Purple. Car la patte des deux nouveaux compositeurs se fait sentir : Coverdale amène avec lui ses influences blues et Hughes son jeu et son chant orienté soul / funk. 

L’album démarre pied au plancher avec le titre éponyme, un démarrage qui n’a rien à envier à celui de In Rock (avec Speed King) ou Machine Head (avec Highway Star). Ca commence donc très bien ! Dès ce premier titre, on voit que Hughes n’est pas relégué à faire les chœurs, il occupe bien le rôle de second chanteur, même si Coverdale se taille la part du lion. On distingue d’ailleurs bien les deux chants, les timbres de voix étant assez différents (Hughes chante dans un registre plus aigu que Coverdale). Blackmore, lui, nous sert un solo flamboyant dont il a le secret. Du grand Deep Purple ! Et, à titre personnel, l'un de mes morceaux préférés du groupe. 
Si ce premier titre est tout à fait dans l’esprit du Deep Purple que l’on connaissait alors, il n’en est pas de même sur tout l’album. Les nouvelles influences que j’évoquais plus haut se font sentir notamment sur Might Just Take Your Life (un titre sans solo de guitare – rare ! – et qui se termine par un solo d’orgue), Lay Down Stay Down et What’s Going On Here au groove funky (le jeu de basse de Hughes étant très différent de celui de Glover), le bluesy Sail Away (sur lequel la voix de Coverdale fait merveille), le jazzy You Fool No One (grosse prestation de Ian Paice) et l’instrumental expérimental "A"200, où John Lord laisse son célèbre orgue Hammond au repos pour s’essayer aux synthés (sur cet album, il utilise aussi un piano sur What’s Going On Here). Un morceau bien zarbi pour terminer ce disque. En tout cas, voilà autant de morceaux aux influences hétéroclites qui nous montrent le nouveau visage du groupe. Burn, un premier pas vers le metal fusion ?
Enfin, il y a le fameux Mistreated, nettement plus classique dans sa construction puisque le squelette de ce titre, composé par Blackmore, daterait des sessions de Machine Head. Avec l’ajout des paroles écrites par Coverdale, il est devenu le morceau que l’on connaît. C’est le seul titre de l’album où n’intervient que Coverdale au chant. Un Coverdale au top encore une fois et qui, par sa voix, lui confère une dimension bluesy. Il y a quelque chose dans ce morceau qui préfigure ce que Blackmore fera sur le premier album de Rainbow.

Mission réussie pour Deep Purple avec Burn. L’album est excellent, les deux nouveaux ont bien pris leurs marques et ont même réussi à imposer leurs idées. Deep Purple en avait besoin pour repartir sur de bonnes bases.
Mais ce sont aussi ces nouvelles influences qui vont finalement conduire le groupe vers son déclin, car elles seront encore plus (trop ?) prononcées sur l’album suivant, Stormbringer. Ce qui poussera Ritchie Blackmore, qui ne trouvait plus dans ces nouvelles compositions de quoi se satisfaire, à quitter Deep Purple après sa sortie. Et Deep Purple sans Blackmore, quoi qu'on en dise, ce n’est quand même plus tout à fait la même chose…

 

Tracklist de Burn :

01. Burn
02. Might Just Take Your Life
03. Lay Down, Stay Down
04. Sail Away
05. You Fool No One
06. What's Going On Here
07. Mistreated
08. "A" 200

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