Artiste/Groupe:

Defenestration

EP:

Gutter Perdition

Date de sortie:

Février 2018

Label:

XenoKorp

Style:

Death Metal

Chroniqueur:

hourkach

Note:

16/20

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Les fêtes de fin d'année sont-elles à peine terminées, les nombreuses tueries sorties en 2017 sont-elles tout juste digérées qu'il faut déjà reprendre les armes pour affronter le flux incessant de formations toujours plus affamées les unes que les autres. Defenestration fait partie de ces groupes "mort de faim" prêts à broyer quiconque s'opposerait à ses pulsions meurtrières et à sa soif de vengeance. Ce quatuor nantais, né en 2014, ne vous dit peut-être rien pour le moment mais cette première chronique de l'année tombe à pic pour relancer votre curioristé et accroître vos nombreux troubles psychologiques...

Après quelques vibrations de cymbales, Blinding Sublimation explose dans mes oreilles dans un fracas de blasts et de vociférations ultra caverneuses. En quelques secondes, j'ai l'impression de replonger dans l'univers de pionniers du Death Old School tels que Grave, Benediction ou encore Incantation avec ce son lugubre, ces riffs primitifs et cette voix sinistre à souhait. Durant ces trois premières minutes, le combo alterne les passages rapides et les ralentissements inhumains sans que la moindre faiblesse ne vienne perturber sa marche diabolique. Ajoutez à cela deux soli de basse bien gras, enrobés d'accélérations frénétiques et vous obtenez un Blinding Sublimation tout simplement redoutable. Defenestration ne se repose pas sur ses lauriers et enfonce le clou en enchaînant une nouvelle nuisance sonore intitulée Vintage Carnage. On retrouve toujours ce rythme thrashy si cher aux années 90 mais le quatuor varie les plaisirs en posant une espèce de blast de mammouth, en milieu de chanson, aussi fulgurant qu'inattendu. Ce changement radical de tempo me laisse sans voix et Defenestration profite aussitôt de la situation pour me porter l'estocade avec un ralentissement frôlant l'indécence. En une fraction de seconde, la cadence pachydermique infligée me donne le sentiment d'écouter du bon vieux Cannibal Corpse avec ses riffs crunchy et ses mid-tempos de folie. Maîtriser les changements de rythme n'est pas chose facile mais le défi ne semble pas du tout effrayer Cancrelat et ses trois acolytes car les quatre musiciens font déjà preuve d'une sacrée maturité et d'une complémentarité à toute épreuve.
Dur dur de se relever après une telle raclée mais mon côté masochiste me pousse à poursuivre l'aventure en quête d'un nouveau méfait toujours plus aiguisé. Jizzus et Sorry To Apologize ne me font pas regretter mon choix car Defenestration poursuit son oeuvre destructrice en s'inspirant toujours des dieux floridiens et en insistant sur des alternances de rythmes plus sauvages les une que les autres. Ces deux nouveaux morceaux n'ont, certes, rien d'extraordinaire en soi, mais il faut reconnaître que le groupe parvient toujours à placer un lead, un timbre de voix ou un coup de double pédale alléchant qui me permet de continuer à prendre mon pied. Les Nantais achèvent leur périple meurtrier avec une véritable démonstration de force baptisée Akkarian Oracle. Durant près de deux minutes, le rythme est oppressant, le chant abyssal et les riffs plus mélancoliques que jamais jusqu'à ce que tout vole en éclats sous les rafales du Sieur Petite Frappe et les grognements féroces du frontman et de son guitariste Apocalyptic Lawnmower. J'imagine déjà la folie dans les fosses lorsque le quatuor jouera ce morceau en live car tout est propice ici au dévissage de nuques et au déboitage de mâchoires ! Sans aucun doute, Akkarian Oracle apparaît comme le titre le plus abouti de l'album et je regrette vraiment que ce cinquième hymne au headbanging sonne déjà la fin des hostilités...

Franchement, Gutter Perdition est un savant mélange entre la brutalité des dernières années et l'ambiance sombre et incantatoire des premiers jours. Le groupe ne bouleverse peut-être pas les codes établis mais il a au moins le mérite de proposer des compositions directes, entraînantes et sacrément addictives. Même si le quatuor est encore jeune, on sent que le groupe est bourré de talent et a déjà franchi un cap depuis la sortie de sa première démo en 2015 (Ordinary Violence). Chaque musicien maîtrise parfaitement son sujet et j'espère sincèrement que Defenestration sortira rapidement un premier album bien plus fourni, histoire de vraiment pouvoir le juger sur la durée. D'ici là, procurez vous cet EP de Death old school canniboulien, je vous jure que vous comprendrez rapidement pourquoi ce groupe ne vient jamais en paix...

Tracklist de Gutter Perdition :

01. Blinding Sublimation
02.Vintage Carnage
03. Jizzus
04. Sorry To Apologize
05. Akkarian Oracle