Artiste/Groupe:

Délétère

CD:

De Horae Leprae

Date de sortie:

Juin 2018

Label:

Sepulchral Productions

Style:

Metal Noir Québécois

Chroniqueur:

Mythos

Note:

16/20

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Délétère, le Lys Noir du Black Metal québécois

Si vous êtes un fan de Metal Noir Québécois, il est hautement improbable que vous soyez passés à côté des Canadiens de Délétère ces quatre dernières années : une compilation des premières démos du groupe en 2015 (De Ritibus Morbiferis - Demo Compendium), un album la même année (Les Heures De La Peste) et un EP en 2017 (Per Aspera Ad Pestilentiam) ont chacun à leur tour nourri nos oreilles d’un Black Metal à la fois funeste, morbide, épique et majestueux. Le nouvel opus, De Horae Leprae, a la lourde tâche de ré-ouvrir le splendide bal macabre.

Cette fois, Délétère nous entraine dans les méandres d’un concept-album (a priori fictionnel) traitant de Teredinis, un lépreux appelé à devenir « le prophète de Centipèdes, préfiguration de la Peste incarnée ». Comme à leur habitude – et comme il en est de rigueur dans le Metal Noir – les paroles sont en Français, dans un style très travaillé, brillant, dans la droite lignée des auteurs issus du Romantisme Noir. Par moments, on pense à l’excellent effort d’Absconditus sur Katabasis, dans le très judicieux mélange de la langue de Molière et de celle d'Auguste. Jugez-en par vous même :


Des cons poisseux seront arrachés
Les jeunes bambins aux viscères tendres
Que les sauterelles te portent des nuées
Vers la Cité des Purs, festin candide à consumer

Locusta Deuoratrix, Sagina Caedendis
Gardienne des Secrets, Lamie voilée d’escarbilles

O Regina Cineris, Filia Teruenefici
Reine sibylle des meurtriers, Muse cendrée des forcenés

Locusta ! Locusta rumina !

Philosophe ophidienne pénètre ma gorge
Enivre-moi de ta salive, ouvre mes yeux sur l’Éther
Laisse tes Filles Locustes, lacérer mon cuir
Fais de moi codex du Savoir infini


L’image qui me vient d’emblée est celle de Kzohh sur Rye. Fleas. Chrismon., dans son approche, finalement très atmosphérique, de la peste. Mais le style est néanmoins bien différent. À l’Ambient très cinématographique de Kzohh, Délétère préfère le lyrisme mélancolique que le groupe développe depuis Per Aspera Ad Pestilentiam : du Metal Noir tiraillé entre le lyrisme d’un Grimoire et l’obscurité d’un Neige Et Noirceur (période La Seigneurie Des Loups). De Horae Leprae accomplit pleinement cette ambiguïté, jusqu’à l’excellence. La justesse des chœurs de Cantus IV - Inopia et Morbo, la morbidité mélodique d’un Cantus II – Sagina Caedendis, la brillance de Cantus VI – Barathra et la synthèse presque opératique opéré sur Cantus IX – Oratio Magna, prouvent à quel point Délétère maîtrise la transcendance de son style.

De Horae Leprae accomplit pleinement le projet lancé par Délétère six ans plutôt, il le parachève parce qu’il réussit l’extrême difficulté de lier les premières démos, bien crades, aux essais plus récents, très lyriques. Délétère est comme ce Lys Noir dont ils évoquent l’apparition dans Cantus VIII – Atrum Lilium, beau et terrible à la fois. Mais laissons donc à De Horae Leprae le soin de conclure :


Je suis Gloire annoncée, un testament de chairs fanées
La Terre Promis n’est point que lande à pourrir
Mais un palais pelvien d’usure ruiné
Berceau du Lys noir, mon Parent au funeste empire


Tracklist de De Horae Leprae :

01. Cantus I – Teredinis Lepra
02. Cantus II – Sagina Caedendis
03. Cantus III – Ichthus Os Tremoris
04. Cantus IV – Inopia et Morbo
05. Cantus V – Figura Dysphila
06. Cantus VI – Barathra I
07. Cantus VII – Barathra II
08. Cantus VIII – Atrum Lilium
09. Cantus IX – Oratio Magna


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