Artiste/Groupe:

Denner/Shermann

CD:

Masters Of Evil

Date de sortie:

Juin 2016

Label:

Metal Blade Records

Style:

Heavy Metal

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Note:

13.5/20

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Après Satan's Tomb, EP sorti en octobre dernier qui célébrait le retour de la fameuse paire de guitaristes de Mercyful Fate (dont les patronymes associés forment le nom de ce nouveau groupe), voici un véritable nouvel album nommé Masters Of Evil. Franchement, ça fait plaisir d'avoir des nouvelles de Michael Denner et Hank Shermann bien que le retour sus-cité n'ait pas - en ce qui me concerne - totalement tenu ses promesses. Peut-être en attendais-je trop... Il faut dire que l'annonce de la réunion de ces deux messieurs était quand même sacrément excitante... A ce propos, on m'a fait remarquer que je m'étais bien planté en affirmant que ces gratteux n'avaient pas retravaillé ensemble depuis que Denner avait quitté Mercyful Fate en 1996, puisqu'ils ont quand même fondé Force Of Evil, combo actif entre 2002 et 2006. Pour des raisons étranges (et probablement occultes), je suis totalement passé à côté de ce groupe... Bref, refermons la parenthèse et revenons à Denner/Shermann et à ce fameux Masters Of Evil.

Le line-up est le même que précédemment. En plus des guitaristes, vous retrouverez l'excellent Snowy Shaw à la batterie, Marc Grabowski à la basse et Sean Peck au chant. Le visuel de l'album a le mérite de mettre les choses au clair d'entrée de jeu en évoquant très fortement celui d'un certain Don't Break The Oath de vous avez plutôt intérêt à savoir qui. Satan's Tomb était pas mal mais m'avait quand même un peu laissé sur ma faim. J'espère donc que Masters Of Evil va me convaincre davantage. Allez, j'y crois... Angel's Blood, le premier extrait qui a (légalement) fuité sur le net depuis un certain temps, est plutôt bien fichu. Les riffs, l'ambiance, les tempi changeants, les harmonies de guitares des deux maîtres, tout cela est bien emballé... Même Sean Peck qui, parfois, peut franchement me fatiguer, n'en fait pas des caisses (enfin, un peu quand même, mais il a déjà été plus saoulant). Malheureusement, et malgré toute mon envie d'aimer ce disque, c'est surtout un sentiment de déception qui s'impose à moi une fois l'écoute des huit pistes achevée. Il y a pourtant de bonnes choses ici... mais cet opus de Denner/Shermann, bien qu'il cherche à jouer dans la même cour que les illustres références que sont les premiers Mercyful Fate, n'arrive pas à égaler les faits d'armes qui m'ont fait aimer ces fameux musiciens.

Le style des deux messieurs est bien reconnaissable. C'est le festoche du riff, les mélodies dissonnantes pleuvent, les morceaux comprennent moults changements de rythme, les petites harmonies de guitares si caractéristiques sont également de la partie... C'est du heavy bien dark et remuant. Sur le papier, c'est vendeur. Concrètement, le talent des compères opère aussi... mais pas tout le temps. Il y a en fait quelques soucis qui empêchent Masters Of Evil de pleinement s'affirmer comme le monstre de heavy qu'il pourrait être. Quelques passages pas franchement remarquables viennent gâter une sauce qui avait pourtant de quoi me plaire. Comme le refrain de Pentagram And The Cross, pas très inspiré à mon goût et assez répétitif. Même problème avec la compo Son Of Satan : l'ambiance lugubre fonctionne, le couplet enlevé et soutenu par des riffs au poil est bien chouette... mais quand vient le refrain "the son, the son, the son, the son... of Sataaaaaan", ça retombe. Rien de mauvais cela dit, juste une mélodie que je ne trouve pas spécialement avenante. Puisqu'on parle de mélodies qui me laissent froid, la molle Servants Of Dagon se pose là. Je n'adore pas le riff qui manque cruellement de mordant mais, encore une fois, c'est surtout le refrain qui trinque. Le duo a quand même fait bien mieux par le passé. Ce n'est pas tout, Masters Of Evil est desservi par un tout petit son. J'aurais souhaité plus de puissance et de relief. La batterie de Snowy Shaw (dont le jeu est assez brillant) est sans conteste l'instrument qui en fait le plus les frais. Dommage. Ce n'est pas si grave, c'est loin d'être inécoutable... mais ça manque de pêche. Enfin, on pense souvent à Mercyful Fate... et c'est normal. C'est même voulu. Tant mieux, on est quand même un peu là pour ça, non ? Oui, sauf que Masters Of Evil rappelle beaucoup Mercyful Fate mais en moins bien. Je vous l'accorde le Fate n'a pas sorti que des albums inoubliables et ce Denner/Shermann ne démérite pas si on le compare à des oeuvres comme Into The Unknown ou Dead Again. Il est même meilleur. Par contre, si on ressort MelissaDon't Break The OathIn The Shadows ou 9, ce n'est pas la même histoire...

Mais quand même (et heureusement), cet album a des qualités et des pistes efficaces qui séduisent. The Wolf Feeds At Night expose un excellent riff qui sonne comme du pur Denner/Shermann. Sean Peck, même s'il n'est pas, à mon avis, le vocaliste qui colle le mieux à la musique des deux guitaristes, fait du bon boulot et surprend en empruntant des vocalises Osbourniennes sur un break bien fichu. La chanson titre est une petite speederie entêtante et entraînante sur laquelle Peck se fait plaisir en poussant (sur le refrain) quelques gueulantes suraiguës dont il a le secret. Le chanteur m'avait un peu fatigué sur Satan's Tomb, j'avais peur d'atteindre l'overdose avec le double de chansons... mais finalement, ça passe. Puisqu'on est dans les points positifs, n'oublions pas Escape From Hell qui est l'un des nouveaux morceaux qui me plaisent le plus. Le style abordé est toujours le même mais une influence plus Judas Priest se fait sentir ici, notamment au niveau des guitares. Et puis là, on a un vrai refrain avec une bonne mélodie qui accroche. C'est classique mais diablement efficace. 

Allez, j'arrête, je suis en train d'écrire un pavé... Vous l'avez compris, l'identité musicale arborée par Denner et Shermann me plaît, Masters Of Evil nous offre une poignée de compos sympas, les musiciens du groupe sont talentueux... mais malgré cela, cet album ne me semble pas totalement incontournable. Avec des mélodies ou refrains plus immédiats et une production plus imposante, cet opus aurait demandé moins d'efforts à l'auditeur que je suis pour l'apprécier. Certes, après maintes et maintes écoutes, j'accroche davantage au travail de ces messieurs mais les premiers essais ont été décevants et m'ont laissé un goût amer de sous-Mercyful Fate. Au final, Masters Of Evil vaut mieux que ça mais ne peut, à mon avis, prétendre figurer parmi les sorties les plus essentielles de ses géniteurs.

Tracklist de Masters Of Evil :

01. Angel's Blood
02. Son Of Satan
03. The Wolf Feeds At Night
04. Pentagram And The Cross
05. Masters Of Evil
06. Escape From Hell
07. Servants Of Dagon
08. The Baroness