Après Satan's Tomb, EP sorti en octobre dernier qui célébrait le retour
de la fameuse paire de guitaristes de Mercyful
Fate (dont les patronymes associés forment le nom de ce nouveau groupe),
voici un véritable nouvel album nommé Masters Of Evil. Franchement, ça fait
plaisir d'avoir des nouvelles de Michael Denner et Hank Shermann
bien que le retour sus-cité n'ait pas - en ce qui me concerne - totalement tenu ses promesses.
Peut-être en attendais-je trop... Il faut dire que l'annonce de la réunion de ces deux
messieurs était quand même sacrément excitante... A ce propos, on m'a fait remarquer que
je m'étais bien planté en affirmant que ces gratteux n'avaient pas retravaillé ensemble
depuis que Denner avait quitté Mercyful
Fate en 1996, puisqu'ils ont quand même fondé Force Of Evil,
combo actif entre 2002 et 2006. Pour des raisons étranges (et probablement occultes), je suis
totalement passé à côté de ce groupe... Bref, refermons la parenthèse et
revenons à Denner/Shermann et à ce fameux Masters Of Evil.
Le line-up est le même que précédemment. En plus des
guitaristes, vous retrouverez l'excellent Snowy Shaw à la batterie, Marc
Grabowski à la basse et Sean Peck au chant. Le visuel de l'album a le
mérite de mettre les choses au clair d'entrée de jeu en évoquant très fortement
celui d'un certain Don't Break The Oath de vous avez plutôt intérêt à
savoir qui. Satan's Tomb était pas mal mais m'avait quand même un peu laissé sur
ma faim. J'espère donc que Masters Of Evil va me convaincre davantage. Allez, j'y crois...
Angel's Blood, le premier extrait qui a (légalement) fuité sur le net depuis un
certain temps, est plutôt bien fichu. Les riffs, l'ambiance, les tempi changeants, les
harmonies de guitares des deux maîtres, tout cela est bien emballé... Même Sean
Peck qui, parfois, peut franchement me fatiguer, n'en fait pas des caisses (enfin, un peu
quand même, mais il a déjà été plus saoulant). Malheureusement, et malgré
toute mon envie d'aimer ce disque, c'est surtout un sentiment de déception qui s'impose à moi
une fois l'écoute des huit pistes achevée. Il y a pourtant de bonnes choses ici... mais cet
opus de Denner/Shermann, bien qu'il cherche à jouer dans la même cour que les
illustres références que sont les premiers Mercyful Fate, n'arrive pas à
égaler les faits d'armes qui m'ont fait aimer ces fameux musiciens.
Le style des deux messieurs est bien reconnaissable. C'est le festoche du riff, les mélodies
dissonnantes pleuvent, les morceaux comprennent moults changements de rythme, les petites harmonies de
guitares si caractéristiques sont également de la partie... C'est du heavy bien dark et
remuant. Sur le papier, c'est vendeur. Concrètement, le talent des compères opère
aussi... mais pas tout le temps. Il y a en fait quelques soucis qui empêchent Masters Of
Evil de pleinement s'affirmer comme le monstre de heavy qu'il pourrait être. Quelques
passages pas franchement remarquables viennent gâter une sauce qui avait pourtant de quoi me
plaire. Comme le refrain de Pentagram And The Cross, pas très inspiré à mon
goût et assez répétitif. Même problème avec la compo Son Of
Satan : l'ambiance lugubre fonctionne, le couplet enlevé et soutenu par des riffs au
poil est bien chouette... mais quand vient le refrain "the son, the son, the son, the son... of
Sataaaaaan", ça retombe. Rien de mauvais cela dit, juste une mélodie que je ne trouve pas
spécialement avenante. Puisqu'on parle de mélodies qui me laissent froid, la
molle Servants Of Dagon se pose là. Je n'adore pas le riff qui manque
cruellement de mordant mais, encore une fois, c'est surtout le refrain qui trinque. Le duo a quand
même fait bien mieux par le passé. Ce n'est pas tout, Masters Of Evil est
desservi par un tout petit son. J'aurais souhaité plus de puissance et de relief. La batterie
de Snowy Shaw (dont le jeu est assez brillant) est sans conteste l'instrument
qui en fait le plus les frais. Dommage. Ce n'est pas si grave, c'est loin d'être
inécoutable... mais ça manque de pêche. Enfin, on pense souvent
à Mercyful Fate... et c'est normal. C'est même voulu. Tant mieux, on est
quand même un peu là pour ça, non ? Oui, sauf que Masters Of
Evil rappelle beaucoup Mercyful Fate mais en moins bien. Je vous
l'accorde le Fate n'a pas sorti que des albums inoubliables et
ce Denner/Shermann ne démérite pas si on le compare à des
oeuvres comme Into The Unknown ou Dead Again. Il est même
meilleur. Par contre, si on ressort Melissa, Don't Break The Oath, In The Shadows ou 9, ce n'est pas la même histoire...
Mais quand même (et heureusement), cet album a des qualités et des pistes efficaces qui
séduisent. The Wolf Feeds At Night expose un excellent riff qui sonne comme du pur
Denner/Shermann. Sean Peck, même s'il n'est pas, à mon avis,
le vocaliste qui colle le mieux à la musique des deux guitaristes, fait du bon boulot et surprend
en empruntant des vocalises Osbourniennes sur un break bien fichu. La chanson titre est une
petite speederie entêtante et entraînante sur laquelle Peck se fait plaisir
en poussant (sur le refrain) quelques gueulantes suraiguës dont il a le secret. Le chanteur m'avait
un peu fatigué sur Satan's Tomb, j'avais peur d'atteindre l'overdose avec le double
de chansons... mais finalement, ça passe. Puisqu'on est dans les points positifs, n'oublions
pas Escape From Hell qui est l'un des nouveaux morceaux qui me plaisent le plus. Le style
abordé est toujours le même mais une influence plus Judas
Priest se fait sentir ici, notamment au niveau des guitares. Et puis là, on a
un vrai refrain avec une bonne mélodie qui accroche. C'est classique mais diablement
efficace.
Allez, j'arrête, je suis en train d'écrire un pavé... Vous l'avez compris,
l'identité musicale arborée par Denner et Shermann me
plaît, Masters Of Evil nous offre une poignée de compos sympas, les musiciens du
groupe sont talentueux... mais malgré cela, cet album ne me semble pas totalement incontournable.
Avec des mélodies ou refrains plus immédiats et une production plus imposante, cet opus aurait
demandé moins d'efforts à l'auditeur que je suis pour l'apprécier. Certes, après
maintes et maintes écoutes, j'accroche davantage au travail de ces messieurs mais les premiers
essais ont été décevants et m'ont laissé un goût amer de sous-Mercyful
Fate. Au final, Masters Of Evil vaut mieux que ça mais ne peut, à mon
avis, prétendre figurer parmi les sorties les plus essentielles de ses géniteurs.
Tracklist de Masters Of Evil :
01. Angel's Blood 02. Son Of Satan 03. The Wolf Feeds At
Night 04. Pentagram And The Cross 05. Masters Of Evil 06. Escape
From Hell 07. Servants Of Dagon 08. The Baroness
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