Du Black puissant et inspiré ça fait toujours plaisir, et Devathorn sait nous le servir avec brio, un peu à la manière du dernier Acherontas. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si ces deux formations grecques partagent le même guitariste, Saevus Helcath.
Comme chez beaucoup de groupes de Black mystique, Devathorn nous sert une multitude de titres en latin, ça fait classe (ou cuistre) et puis ça fait mieux ressortir l’aspect transgressif et anti-religieux de la formation hellène. C’est donc sans surprise Veritas Universalis (nul besoin de traduire, je suppose), qui ouvre le massacre dans un torrent de guitares saturées et une batterie blastant à en perdre les neurones. La voix d’Althagor n’est pas moins violente et lorgne évidemment vers le Black orthodoxe. C’est puissant, un peu désordonné et ça fait du bien quand il faut, là où il faut. Mais, heureusement, Devathorn ne nous sert pas que des pistes en forme d’exutoire pour bureaucrate en mal de découverte extrême. La piste suivante, Doctrina Fide, se fait plus lente, dans la montée en puissance et la complexité. Tandis qu’Ars Diaboli est une offrande mystique au malin et ses sombres sous-fifres. Cantibus Ad Messorem, Sanctus Mors permet un petit interlude aux sonorités religieuses pour nous emmener au climax de l’album, Principles Of Chaos (avec un nom pareil en même temps...), où Devathorn déploie toute son énergie, son inspiration et sa puissance dans une piste de quatre minutes seulement. De l’art noir à l’état brut.
On sent néanmoins quelques faiblesses dans ce Vritra, l’album est assez inégal, beaucoup plus que le dernier bébé maléfique d’Acherontas, par exemple. A la puissance et l’inspiration de certaines pistes, répondent l’ennui et la lassitude d’autres. Et c’est justement le rôle des deux dernières chansons que de rehausser le tout. De ce côté là, Promethean Descent et Draco Adligat Mundi s’en sortent finalement bien.
Deuxième point négatif : la production. L’enregistrement est trop « clair » à mon goût (un peu à la manière de certains albums de Punk) et manque encore de profondeur pour accéder à la mystique absolue qui, sans aspérités, reste à l’état d’ambition, d’horizon d’attente d’un groupe qui avait pourtant tous les atouts pour accomplir un tel projet.
Vritra s’inscrit, avec quelques faiblesses, dans la droite ligne des groupes de Black mystique. On sent l’ambition, la puissance, la complexité, et on espère que toutes ces qualités se développeront sur le prochain opus.
Tracklist de Vritra :
01. Veritas Universalis 02. Doctrina Fide 03. Cathedral Of Set 04. Ars Diaboli 05. Cantibus Ad Messorem, Sanctus Mors 06. Principles of Chaos 07. Sapphires of Vritra 08. Verba Inermis 09. The Venomous Advent 10. Promethean Descent 11. Draco Adligat Mundi
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