Devin Townsend est certainement le musicien le plus prolifique sur la scène metal. Et l'un des plus talentueux également. Jamais à court d'idées avec tous ses projets (Devin Townsend, Devin Townsend Band, Devin Townsend Project, Casualties Of Cool et auparavant Strapping Young Lad, sans parler de ses apparations diverses), son génie créatif s'exprime alors pleinement en concert. Et lorsque le Canadien décide de sortir un live, ce n'est jamais pour faire les choses à moitié. En 2012 nous avons eu droit à By A Thread, qui nous offrait tout simplement l'intégralité de sa quadrilogie (Ki, Addicted, Ghost, Deconstruction) jouée en live. Un an et demi plus tard, c'est The Retinal Circus qui nous laissait sans voix de par son excellence. Et après avoir sorti un double album l'an passé, voilà qu'il remet le couvert cette année avec Ziltoid Live At The Royal Albert Hall. Eh oui, il y a quelques mois un show spécial a eu lieu dans cette salle mythique (à guichet fermé s'il vous plait), ce qui ne pouvait découler que sur un autre témoignage live. A voir maintenant si le résultat est vraiment à la hauteur des attentes qu'il suscite. Et vu la qualité exemplaire du Retinal Circus, la tâche s'annonce des plus ardues, même si j'ai pleinement confiance !

Premier constat, le concert dure deux heures trois quarts ! C'est plus que positif, on est loin du foutage de gueule niveau quantité. Prenez vos pop corns et installez vous confortablement ! Le concert débute par un discours de cinq minutes de Ziltoïd, la mascotte désormais incontournable de Devin Townsend et qui a donc donné son nom à ce live. Pour rappel, Ziltoid est un personnage originaire de la planète Ziltoidia 9 et qui vient sur la planete Terre rechercher la meilleure tasse de café afin de pouvoir effectuer un voyage dans le temps. Eh oui avec ce thème totalement débile et absurde, Devin Townsend arrive à composer une série d'albums. Un génie je vous dis ! Ziltoid est typiquement le genre de mascotte qui aurait eu sa place dans des films de science fiction, notament dans Mars Attacks, dont l'univers barré est bien présent chez Ziltoid ! Après ce discours à l'ambiance science fiction, le concert débute et va s'articuler en deux parties. La première voit ni plus ni moins l'intégralité de l'album Z2 être joué. On découvre la scène, immense, bien agencée et en étage, avec onze (!!) écrans géant formant le plus souvent une seule et même image ou vidéo. Immersion garantie ! L'image est parfaite, le cadre sublime, on est bluffé d'entrée par la qualité proposée.

Des choeurs sont disposés de part et d'autre de la scène et vont largement contribuer à la réussite du concert, en étant présents sur toute la première partie. Les Poozers sont également de la partie, avec l'un d'eux sa baladant sur scène régulièrement et en jouant avec les protagonistes (concrètement, un mec avec une énorme peluche rose sur la tête en forme de burne court sur scène) et parlant avec la War Princess, interprétée ce soir là par Dominique Lenore Persi, qui n'aurait pas détonnée par sa tenue dans un Tim  Burton. Encore une fois, les effets visuels tout le long du concert donnent le vertige. Le son est incroyable, c'est un mur sonore qui s'abat sur nous. Tout est parfaitement réglé et en place, c'est carré de chez carré et que ce soit la basse ou la batterie, c'est dément. Mention spéciale à War Princess, titre sur lequel la sobriété côtoie l'excentricité et le côté théâtral de Devin Townsend de façon exacerbé. C'est monumental, point barre. Même les titres qui me plaisaient guère sur l'album (Deathray entre autres) sont transformés et deviennent incontournables et diablement efficace. Tellement tout est visuel qu'on en reste scotché et hypnotisé. March Of The Poozers est un autre grand moment, si ce n'est LE grand moment de cette première partie. Scénographie du tonnerre, costume trois pièces de Monsieur, guitare customisée, intervention divine de Dominique Lenore Persi, les choeurs, le public qui se fait entendre, bref, ça claque sévère. Même les narrations, que j'ai tendance à trouver barbantes sur album, sont indispensables. Ici elles font parties intégrantes du show qui a été conçu pour, forcément ça change la donne. Vu que tout est mis en scène, on est vraiment dedans et elles renforcent le degré d'immersion. Cette première partie se termine en beauté sur Dimension Z, tout en choeurs d'une beauté... Chair de poule garantie. 

Changement radical d'ambiance pour la deuxième partie, qui sera composée de titres choisis par les fans. Chose pas forcément étonnante quand on sait que ce mec tient énormément à ses fans et à leurs avis. On se retrouve pour le coup avec des titres qui sont très rarement joués, et bien différents les uns des autres, puisant dans la longue discographie des albums solo du sieur. Le décor n'a plus rien à voir. Scène plus dépouillée (hormis les écrans géants toujours présents, et quatre choristes sur Earth Day), jean et pull à capuche ont remplacé le costume, c'est plus intimiste et confidentiel. Devin parle énormément et déconne avec le public, on se croirait à un concert privé, mais non, c'est juste que Devin n'est pas comme les autres ! Musicalement c'est un beau patchwork qu'il nous propose. On passe de titres lourds et violents (Namaste, Earth Day, Kingdom) à des titres plus atmosphériques et calmes (la superbe Night, Deadhead) en un tournemain. Retour du fun et barré avec l'explosif Lucky Animals, vraiment démente sur scène.(Supercrush est pas mal dans le genre aussi, très décontracté le Devin !). Un des meilleurs moments du spectacle est Heathwave, ovni issu de Epiclouder, titre au refrain aérien comme jamais, planant, et aux couplets très boogie woogie. Pour l'occasion, les membres enfileront un joli chapeau de paille et le bassiste troquera sa basse pour... un banjo ! Ils se font plaisir et s'amusent comme des enfants et nous, on se régale !
Déjà plus de deux heures (le temps passe très vite) et il nous reste encore des belles choses à venir avec l'inédit Funeral suivi de Bastard et The Death Of Music, tous issus de Ocean Machine. Et on achève ce grand moment de musique par Universal Flame, où pour l'ocassion tous les choristes, intervenants, le staff, des fans et même le fils de Devin sont présents sur scène. Ambiance de folie, joie, bonne humeur, sourire sur toutes les lèvres, une fin en apothéose digne de ce qu'aura été cette soirée magistrale !

Autre (et dernier) point positif, et non des moindres : le cadrage et les plans. Tout est superbement bien filmé, on a droit à des gros plans sur chaque membre du groupe, sur les solos, des vues d'ensemble, toute la scène est parfaitement exploitée. C'est super pro. Vous l'aurez compris, ce live est un "must have", INDISPENSABLE pour tout fan de bonne musique qui se respecte. Est-il meilleur ou pas que The Retinal Circus ? Non, il est différent ! En fait il vous faudra les deux, car totalement opposés : l'un est un gros bordel jubilatoire et déjanté quand l'autre est au contraire plus "sobre". Dernière chose : sur vingt-quatre titres qui composent ce Ziltoid Live At The Royal Albert Hall, seulement deux figurent sur The Retinal Circus. Encore une fois, Devin Townsend ne se moque pas de nous. Je ne trouve vraiment rien à redire sur ce live, tout est parfait de A à Z.
En bonus, si vous aimez les jolies guitares, Devin passe son temps à en changer tout le long du spectacle, toutes aussi classes les unes que les autres. Je ne sais plus quoi dire pour vous donner l'eau à la bouche. Ah oui le packaging est, comme souvent avec Devin Townsend, classe et rend hommage au contenant. Si vous pouvez, (c'est bientôt Noël) optez pour la version earbook, vraiment superbe. Alors... FONCEZ !!

Tracklist de Ziltoid Live At The Royal Albert Hall :

01. Z2 
02. From Sleep Awake 
03. Ziltoidian Empire 
04. War Princess 
05. Deathray 
06. March of the Poozers 
07. Wandering Eye 
08. Earth 
09. Ziltoid Goes Home 
10. Through the Wormhole 
11. Dimension Z 

12. Namaste 
13. Night 
14. Deadhead 
15. Earth Day 
16. Christeen 
17. Supercrush! 
18. Kingdom 
19. Lucky Animals 
20. Heartwave 
21. Funeral 
22. Bastard 
23. The Death of Music 
24. Universal Flame