Le gars ne s’arrête jamais ! En effet, Devin Townsend passe son temps à stipuler à qui veut l’entendre qu’il fait des breaks, mais force est de constater que le Canadien est bien un sacré hyperactif. Après By A Thread - Live In London 2011, The Retinal Circus et Live At Royal Albert Hall, voici donc venu Ocean Machine, Live At The Ancient Roman Theatre Plovdiv, le quatrième live. Comme à chaque fois, ce n’est pas du travail fait à moitié. Cette fois-ci c’est dans l’enceinte qui a déjà accueilli d’autres groupes (dont Anathema et Paradise Lost) que le Devin Townsend vient poser ses valises, ou plutôt ses amplis. Ce concert est particulier car il se déroule en deux parties. La première partie intitulée By Request est un best-of choisi par les fans (une idée bien sympathique de Devin Townsend, bien à son image, proche de son public), avec la présence d’un chœur et d’un orchestre. La deuxième partie n’est rien de moins que l’intégralité de Ocean Machine afin de fêter les vingt ans de sa sortie. Un bon gros menu comme on les aime.

Contrairement aux deux précédents live, l’heure est à la sobriété. Le concert se déroule dans la pénombre avec un joli effet bleuté, vert ou rouge en fonction des titres joués. La mise en scène est également carrée. Devin devant, entouré de ses musiciens, l’orchestre derrière le groupe et le chœur en étage au fond. Très classique, propre. Un titre comme Stormbending se révèle être planant à regarder. La plupart des titres joués ce soir-là ne sont pas forcément mes préférés sur album (contrairement à beaucoup, ce n’est pas ma période favorite) mais comme très souvent, la capture live se révèle... captivante. L’image, l’ambiance, la technique des musiciens… un tout qui permet d’apprécier à sa juste valeur les qualités de certains titres qui nous auraient un peu échappé à la seule écoute d'un album studio. Devin jouera ce soir du très rare voir du jamais joué, tel OM, sorti à l’époque sur l’EP Christeen. L’orchestre n’en fait jamais trop, il est simplement présent pour accompagner et magnifier les titres, à l’image de Failure qui file quelques frissons (ce solo de Devin, divin !) ou la superbe Gaia sur laquelle les cuivres et les vents se montrent bien présents. Pour ce premier set, mention spéciale à Bad Devil, titre plein de folie qui met une sacrée ambiance. Devin se lâche et sa folie s’exprime. Un régal ! La première partie de ce concert s’achève sur un Deep Peace envoûtant, contrastant avec le final en apothéose de A Simple Lullaby qui le précède, se terminant par un feu d’artifice au-dessus de la scène.

La deuxième partie est donc l’intégralité de l’album Ocean Machine. Je trouve toujours à la fois sympa et périlleux de jouer un album en live dans son intégralité. Surtout pour un album de soixante-quinze minutes. Mais il sait ce qu’il fait le bougre. Malgré le côté statique du concert, on reste scotché devant tant de magnétisme. Il faut dire que des compositions telles que Life, Night ou encore Regulator sont bien prenantes. Des moments forts, il y en a à la pelle, mais la fin de Funeral, avec les bruits d’oiseaux en fonds et le décor autour donne un côté très solennel fort plaisant. De toute façon, le tryptique Funeral / Bastard / Things Beyond Things se prend comme un seul et même titre d’une vingtaine de minutes. On ne respire qu’à la fin. Le reste du temps on admire la maîtrise technique. C’est évidemment une ovation de plusieurs minutes bien méritée à laquelle auront droit Devin Townsend et ses musiciens. Une belle communion pour terminer cette magnifique soirée.

Nouveau live et nouveau sans faute pour Devin Townsend. Non content de proposer un matériel de qualité, c’est sur la variété du contenu proposé à chaque fois qu'il fait fort. Chaque live propose un thème, une setlist et un environnement particuliers, ce qui fait qu’il n’y a jamais de redite. Tous sont indispensables car totalement différents. Leur seul point commun est la qualité des shows. Un concert de presque trois heures (!!) tellement riche et varié, à la fois puissant, plein d’émotions et de fureur... et toujours classe. L’image est superbe, le son également, vous pouvez être serein. Et, chose assez rare de nos jours pour être soulignée, la réalisation est parfaite. Pas de plans qui changent toutes les deux secondes, non, ici on a tout le temps d'observer les musiciens, avec des gros plans sur les nombreux solos. Et aucun musicien n’est oublié. Le tout couplé aux superbes et subtils jeux de lumière fait de cette réalisation un modèle du genre dont bons groupes devraient s’inspirer. Et, cerise sur le gâteau, Devin Townsend semble toujours avoir la banane, s’éclater comme un enfant, comme s’il s’agissait de son premier concert. Et nous, en tant que fans, nous ne pouvons qu’applaudir.

Tracklist de Ocean Machine Live At The Ancient Roman Theatre Plovdiv :

01. Truth
02. Stormbending
03. Om
04. Failure
05. By Your Command
06. Gaia
07. Deadhead
08. Canada
09. Bad Devil
10. Higher
11. A Simple Lullaby
12. Deep Peace
13. Seventh Wave
14. Life
15. Night
16. Hide Nowhere
17. Sister
18. 3 A.M.
19. Voices In The Fan
20. Greetings
21. Regulator
22. Funeral
23. Bastard
24. The Death Of Music
25. Things Beyond Things