Dirge

Artiste/Groupe

Dirge

CD

Hyperion

Date de sortie

Mars 2014

Label

Debemur Morti Productions

Style

Sludge, Post-Metal Atmosphérique

Chroniqueur

Mythos

Note Mythos

16/20

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C H R O N I Q U E

De vrais rocs, les mecs de Dirge ! Déjà cinq albums à leur actif et une longue carrière underground. Avec aujourd’hui vingt ans de sévices en tous genres sur la scène française, nos petits Parisiens reviennent sur le devant de la place avec un sixième album, encore, et avec de la nouveauté, encore ! Bienvenue à la nouvelle ère dirgienne messieurs dames, et c’est le titanesque Hyperion qui vous accueille. Vous allez trembler et vous agenouiller de dépit face à un Metal Sludge et atmosphérique de la plus belle facture. Adieu le postcore travaillé sur les albums précédents, le groupe a trouvé mieux : la crasse lenteur sludgy. Vous ne serez qu’une infime gouttelette bataillant à corps perdu dans la vaste et immense flaque boueuse d’une humanité rampante. Qu’est ce que vous avez bien pu espérer ? Une chute brutale du combo français ? Vous étiez bien loin de la vérité. Dirge revient, et "ça va faire mal", comme dit l'autre.

Face à une galette d'un tel acabit, on a beaucoup de difficultés à dire du mal d'Hyperion. On attend, à chaque chanson, que le combo faiblisse, mais cela n’arrive jamais. L’album est d’une homogénéité presque parfaite. C’en est même énervant ! Non que je sois un de ces critiques sadiques qui tournent (le mot est très juste) chez Ruquier mais quand même… Les pistes s’enchaînent parfaitement, sans fléchir, avec à chaque fois plus de huit minutes au compteur (vous remarquerez la précision quasi suisse du groupe). Oui, Dirge pratique du Sludge, ce qui demande déjà de la longueur, mais pas n’importe quel Sludge, du Sludge atmosphérique ! Alors ne vous attendez pas à en finir en une minute et trente secondes, top chrono, comme le feraient les rapidos de Napalm Death. A la nouvelle ère dirgienne, on prend le temps d’allonger les ambiances, développer des thématiques, agresser la voix, fortifier les guitares, battre le fer de l'indus, tanner le cuir du Sludge, jouer des muscles avec les percussions. Le tout en déployant quelques particularités, comme la voix de Tara Vanflower (Lycia) sur Venus Claws par exemple, ou des ambiances plus épiques comme sur Hyperion Under Glass.

En fin de compte c'est un "temps qui prend son temps" qui se déploie longuement. Appréciez le pléonasme car c’est ce que produit la musique de Dirge. Non pas un temps de l’ennui, ni un temps du regret. Plutôt un temps qui se laisse apprécier par son atmosphère construite dans une homogénéité sans faille, qui doit aussi sans doute beaucoup à la voix particulière de Marc, à la fois puissante, grasse et étalée. Si l’album n’est pas composé d’une piste, on peut du moins y voir une forme de concept album. Sans toutefois trop s’y référer, car la notion est malgré tout moins applicable à Hyperion qu’aux précédents. Néanmoins c’est l’effet que l’on ressent à l’écoute de ce sixième opus.

Et au fur et à mesure des écoutes, on pourrait presque imaginer qu'Hyperion ne serait constitué que d'une seule et unique piste, avec une circularité proche de celle de l’Ouroboros, et cela ne gênerait d'ailleurs en rien l’écoute tant les chansons sont faites de multiples circonvulitions et rémanences sans fins. Peut-être la recette du groupe est-elle là ?

Et pour finir, la dernière piste vient muettement conclure le tout. Complètement instrumentale, elle s’étale elle aussi longuement (seize minutes, soit huit fois deux ! encore une précision à la suisse…indice caché ?). Un son se répète continuellement pour s’achever dans un doux silence magistral.

Oyez, oyez, braves gens, la nouvelle ère dirgienne est ouverte ! Si vous ne les suivez pas, il sera trop tard, et il est même déjà trop tard ! Car Hyperion, le titan, ne pardonnera à personne, et surtout pas à nous, pauvres humains. Venez donc ramper avec moi sous les guitares assourdissantes d’une musique temporelle et ritualisée, et si je ne saurais vous convaincre, faites-le pour le bien de l’Humanité.

 


Tracklist de Hyperion :

01. Circumploaris
02. Flor
03. Venus Claws
04. Hyperion Under Glass
05. Filigree
06. Remanentie

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