Dream Theater

Artiste/Groupe

Dream Theater

Album

Black Clouds & Silver Linings

Date de sortie

Juin 2009

Style

Métal Progressif

Chroniqueur

yanng

Note yanng

17/20

Site Officiel

C H R O N I Q U E

Déjà le dixième album studio du groupe de métal progressif légendaire Dream Theater ! "Black Clouds & Silver Linings", le successeur de "Systematic Chaos", sort le 22 juin sous 3 éditions : une standard au format CD ; une au format vinyle ; une dernière sous la forme de 3 CDs : l'album, un remix instrumental de l'album et un troisième bonus disc de 6 reprises dont la liste des morceaux n'est pas encore dévoilée.
Souvent adulé pour sa virtuosité et sa créativité comme étant le plus grand groupe de prog' au monde, souvent critiqué pour ses excès de technique, Dream Theater est aujourd'hui au metal prog ce que Metallica est au heavy-metal et ce qu'AC/DC est au hard-rock. Les fans attendaient donc avec impatience ce 2ème album sorti dans l'écurie Roadrunner. Et bien, le résultat n'a rien d'étonnant : Dream Theater fait du Dream Theater. Morceaux longs, complexes et recherchés, mélodiques, progressifs, ultra-techniques... Voilà ce que contient "Black Clouds & Silver Linings".
Au niveau du design, la pochette de l'album est superbe, un net progrès comparé à celle de "Systematic Chaos". Une pochette qui rappelle d'ailleurs le graphisme des albums "Awake" et "A Change Of Seasons". Ce nouvel album, rempli jusqu'à la gueule (75 minutes) se présente donc sous la forme de 6 morceaux, généralement très longs (de 8 à 19 minutes). La production est époustouflante et monstrueuse - Petrucci et Portnoy, aux manettes, ont fait un boulo remarquable, peut-être encore mieux que sur le précédent opus. Une présentation de ces 6 morceaux s'impose.

"A Nightmare to Remember" ouvre le bal. L'atmosphère est sombre, l'histoire relate un accident de voiture. Le morceau commence sur un bruitage de tonnerre qui sera suivi plus tard par un crash. Un premier morceau assez complexe qui nécessite plusieurs écoutes avant de se l'approprier (tout bon metalleux sait qu'on ne digère pas un nouvel album de Dream Theater comme on digère un nouvel album de Bon Jovi !). L'introduction est si sombre qu'on se croirait plongé dans une ambiance de film d'horreur, limite black symphonique à la Dimmu Borgir. Mais non, il ne s'agit pas de black : au démarrage des riffs et des frappes de fûts du sieur Portnoy, c'est bien Dream Theater qui joue ! Du pur prog un brin sombre et complexe sous les nappes de claviers omniprésentes du grand Jordan. Puis tout à coup, après l'accident, les pompiers arrivent et l'ambiance devient tout à coup plus mélancolique (le thème devient alors l'agonie), James LaBrie prend sa voix de ballade pour un magnifique chant mélodique sur les accords en sons clairs de Petrucci. Ca en devient presque épique parfois, à se remémorer l'ère "Metropolis Pt 2". Arrive alors la déferlante de solos instrumentaux comme les ricains savent si bien le faire. Puis c'est le retour au côté sombre : Portnoy se met à balancer une sorte de rap avec sa voix très grave et le groupe enchaine sur des riffs très thrash old-school façon Metallica des premières heures donnant envie de taper du pied. Et c'est à ce moment là, à la 12ème minute, que Dream Theater pose sa patte ultra-prog : c'est reparti pour des breaks rythmiques, des riffs de guitare et de clavier totalement décalés avant d'enchainer sur des riffs rappelant le "War Inside My Head". Un morceau fascinant, très complexe, difficile d'approche, et repartant dans le très sombre façon black metal symphonique à partir de la 14ème minute sous les nappes malsaines de clavier de Rudess et sous le bastonnage de double grosse caisse de Portnoy.

"A Rite Of Passage" est radicalement différent. Il s'agit du "tube", du morceau phare destiné à promouvoir "Black Clouds & Silver Linings". La digestion est nettement plus facile. Après des couplets chantés sur une voix très "alien-isée" (façon "New World Order") de James LaBrie, le refrain est absolument mémorable et imparable. "A Rite Of Passage" est un morceau très métal, pas forcément commercial, et qui, pourtant, forcera l'admiration d'un public au delà du métal. Les superbes phrasés de guitare sont hyper entrainants. On se surprend à headbanger, à taper du pied et à chantonner le refrain "Turn the Key, walk through the gate...A rite of passage". Mais après 5 minutes, Dream Theater pose une nouvelle fois sa patte : c'est parti pour plusieurs minutes de monstruosités instrumentales - Dieu que c'est bon !!! Petrucci n'a peut-être jamais aussi bien joué de sa carrière et les duels avec Jordan Rudess sont démoniaques ! Un duel totalement inhumain avant de revenir sur le refrain ultra-accrocheur et de conclure le morceau.

Arrive alors "Wither", une power-ballad rappelant le "The Answer Lies Within". Un morceau mélodique plutôt facile d'accès, le plus "banal" et le plus "bateau" de l'album. Le solo de guitare est sympathique et fait un peu penser au style de Brian May. Mais on est loin du grand Dream Theater.

Le niveau se relève d'un coup sur "The Shattered Fortress". "The Shattered Fortress" est en fait la 5ème et dernière partie d'un morceau conceptuel dont "The Glass Prison", "This Dying Soul", "The Root of All Evil" et "Repentance" sont les 4 premières parties. Tout au long de cette 5ème partie, on retrouve de nombreux extraits des 4 premières parties. Le morceau démarre sur un jeu de questions/réponses entre Portnoy et LaBrie assez heavy, le tout est très prog, tout est complexe, technique et parfois sombre. Du pur Dream Theater dans la composition jusqu'à la 7ème minute où l'ambiance devient très planante sur les arpèges de Petrucci aux influences de Pink Floyd. Après les nombreux passages répétés nous remémorant les 4 premières parties du morceau, les parties instrumentales à partir de la 9ème minute deviennent une nouvelle fois surréalistes.

"The Best Of Times" est un morceau écrit par Mike Portnoy en mémoire de son père. Le morceau démarre sur une ambiance mélancolique de ballade sur du piano accompagné ensuite par des violons. Arrive alors par dessus la guitare sèche de Petrucci, qui, avec énormément de feelings, rappelle un peu l'introduction de "Hollow Years" tiré de "Falling Into Infinity". Mais le côté ballade est vite balayé à partir de la 3ème minute, le morceau devient alors un "happy rock song" facilement accessible. On y retrouve d'ailleurs de nombreuses influences de Rush aussi bien sur les breaks que dans les mélodies. Après un passage mélancolique bourré de feelings chanté par James LaBrie, Petrucci apparait à la 10ème minute pour balancer 3 minutes de solos absolument monstrueux. Un solo inhumain à donner la chair de poule : magnifique, superbe, technique, de folie, dopé d'une émotion indescriptible... à en choper les larmes aux yeux - quelle claque !

"The Count Of Tuscany", le plus long morceau de l'album, vient cloturer le bal. L'arpège d'introduction et les harmoniques rappellent une nouvelle fois étrangement Rush. La montée se fait progressivement, Portnoy cogne toutes les parties de sa batterie, les claviers viennent donner une ambiance planante... Ne serait-ce pas un morceau de Rush ? Non, après quelques minutes, les riffs sont trop heavy pour être du Rush. Un morceau tout de même moins complexe et beaucoup moins sombre que "A Nightmare to Remember". Le refrain est accrocheur, on navigue dans du pur heavy prog' complexe. Après des passages plutôt heavy, les délires instrumentaux autour de la 9ème minute rappellent un peu le "Metropolis Pt 1". Puis tout à coup, revirement de situation. La 2ème partie du morceau est hyper planante, les nappes de claviers rendent un univers à la Pink Floyd. Une pensée à certains passages de "Octavarium" finalement. Et puis James LaBrie prend sa voix mélancolique pour chanter sur une guitare folk et sur des nappes de piano. La fin est tout bonnement épique, à donner une nouvelle fois la chair de poule.

Vous l'aurez compris, "Black Clouds & Silver Linings" est la pure continuation de la carrière du plus grand groupe de metal progressif du monde. Ceux qui aiment le metal prog', la complexité, la mélodie et l'ultra-technique vénèreront encore plus cet album que le précédent, les détracteurs de technique et de complexité le détesteront encore d'avantage. Il faut de tout pour faire un monde.