Dystopia Nå! est un groupe norvégien de Rock/Black Metal
dépressif. Enfin, ça, c’était surtout sur son premier album,
Syklus. Dweller On The Threshold, le nouvel opus du groupe, a largement
évolué vers des contrées plus extrêmes et
expérimentales.
Syklus était un très bon album dans son genre
et Dystopia Nå! s’était facilement hissé dans les groupes
à suivre en 2011, date de sa sortie. Quatre ans plus tard, nous voilà face à
Dweller On The Threshold, et force est de constater que j’avais du mal à
reconnaître le groupe au premier abord. Le nom, un brin étrange, de Dystopia
Nå! me disait bien quelque chose ; mais la musique, elle, me paraissait bien
différente…
Le début de Doppelgänger est un peu flippant
: une guitare aux riffs indus entame la marche après un sample de cris de douleur, comme on
peut en entendre dans des groupes de Black dépressif. Mais la suite est bien différente
et casse l’introduction préalable. Une voix susurrante poursuit la balade pour être
vite remplacée par une voix criarde accordée en « Do Black ». Bref, ma
description peut sembler aléatoire, mais le résultat mélodique est en fait
très convainquant.
Chaque piste annonce quelque chose de singulier, rien
ne se ressemble et l’auditeur est constamment perturbé par ces sonorités
dystopiques. Les Norvégiens semblent prendre goût aux expérimentations parfois
proches d’un Solefald,
notamment sur Shadowcasting Horologe et Through Mirrors, Darkly.
Les
fantômes de Syklus refont surface de temps en temps, surtout après le premier
« moment de lucidité » (Moment Of Lucidity) et on pense alors au dernier
album de Lantlôs.
L’onirisme de Melting Sun,
déjà présent sur la pochette de Dweller On The Threshold, apparaît
ensuite sur My Eyes Are The Atoms Of The Sun, qui vient asseoir des mélodies Post-Rock
envoûtantes et élévatrices.
Pour comprendre ce nouvel album de
Dystopia Nå!, il ne faut pas penser en termes d’unité stylistique,
mais de concordance des genres. Dweller On The Threshold est un opus qu’on pourrait
qualifier de plurisémiotique, prenant son sens dans le mélange des genres, mais uni par
une idéologie sous-jacente. Car si le début est typé Black Dépressif, la
fin, elle, est Post-Rock et onirique ; tandis que la transition est expérimentale,
ponctuée par des « moments de lucidité ». My Eyes Are The Atoms Of The
Sun fait même penser à du Eskapi, tout aussi
poétique que leurs confrères suédois.
Puis vient Final
Encounter, dont le nom semble paraphraser ce que je viens de décrypter : une
véritable inter-connectivité des genres. Du Black, du Post-Rock un peu de
dépressif dans les voix et beaucoup d’expérimentations. Final Encounter
est sans doute la piste la moins accessible de l’opus.
Dweller On The
Threshold s’est révélé être un album très
intéressant, ses expérimentations en tout genre en font un opus d’Avant-Garde (qui
est aussi leur label d’ailleurs, rien n’est jamais laissé au hasard…),
à méditer sur le temps long et à réécouter dans deux, trois
ans.
Tracklist de Dweller On The
Threshold :
01. Doppelgänger 02.
Intruder/Ephialtes 03. Shadowcasting Horologe 04. Through Mirrors,
Darkly 05. Moment Of Lucidity 06. Winding Stares Into
Nothing 07. Lucidity (Phase II) 08. Cold Is The Colour 09.
My Eyes Are The Atoms Of The Sun 10. Final Encounter
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